Wall Street corrige avant bourse ce vendredi, le S&P 500 cédant 0,9% environ, le Dow Jones 0,8% et le Nasdaq 1%. Une correction à mettre sur le compte de la chute d'Amazon, mais aussi de la poursuite de l'offensive commerciale de Trump. Apple, qui publiait hier soir, a pour sa part agréablement surpris, réalisant une croissance largement supérieure aux attentes pour le trimestre écoulé. Autre relative bonne nouvelle : les nouveaux tarifs douaniers de l'administration Trump ne prendront pas effet immédiatement mais dans une semaine, ce qui laisse encore du temps pour des 'deals' commerciaux.
Trump a présenté comme prévu vendredi un décret prévoyant une augmentation des droits de douane imposés aux importations en provenance de dizaines de pays. Ces droits de douanes, allant de 10% à 41%, seront finalement imposés dans sept jours à 69 des partenaires commerciaux des États-Unis. "Ces modifications entreront en vigueur... à compter de 00h01, 7 jours après la date de cette ordonnance", peut-on lire dans le décret. Certains de ces pays avaient conclu des accords prévoyant une réduction des droits de douane et d'autres n'ont pas eu l'occasion de négocier avec l'administration américaine. C'est le cas par exemple du Canada, qui écope de 35% de taxes (contre 25% actuellement) sur ses produits. Le Mexique a en revanche obtenu un sursis de trois mois hier, seulement quelques heures avant la date butoir du 1er août qui avait été fixée par les États-Unis. La Suisse ou l'Afrique du sud se voient imposer des tarifs de plus de 30%.
L'Inde devrait faire face à un taux de 25% et à une potentielle pénalité non définie liée à ses achats d'énergie et d'armes russes, même si les négociateurs semblent désormais disposer d'une semaine supplémentaire pour faire des offres. Taïwan est un autre partenaire commercial majeur des États-Unis, qui devrait connaître un taux de 20%. Le document de la Maison Blanche confirme certains compromis récents avec d'autres partenaires commerciaux de premier plan, notamment un taux de 15% sur l'Union européenne, la Corée du Sud et le Japon. Des taux de 19 à 20% sont en vue pour une série de pays d'Asie du Sud-Est et un taux identique de 10% est prévu pour le Royaume-Uni.
Trump a néanmoins menacé par ailleurs d'imposer un tarif supplémentaire de 40% sur tout produit que Washington déterminerait comme étant "transbordé" via un autre pays, une sanction visant à empêcher les marchandises provenant principalement de Chine d'échapper aux droits de douane américains.
En ce qui concerne la politique monétaire, rien n'est encore assuré concernant la possible baisse de taux de septembre. La Fed, qui a maintenu avant-hier ses taux inchangés entre 4,25% et 4,50% pour la cinquième réunion consécutive malgré deux voix dissidentes, a noté que le taux de chômage américain restait faible et proche du plein emploi, que les conditions du marché du travail demeuraient solides et que l'inflation était toujours un peu élevée. Deux gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, étaient partisans d'une baisse de 25 points de base sur fond de pressions de Trump pour que la Fed assouplisse sa politique. Jerome Powell, patron de la Fed, a déclaré qu'il était prématuré de se prononcer sur une potentielle baisse des taux en septembre. Il a ajouté durant sa conférence de presse que la politique monétaire actuelle était modérément restrictive et n'avait pas pesé sur l'économie. L'impact des tarifs douaniers sur l'inflation demeure quant à lui incertain. Il pourrait être de court terme... ou pas, si l'on résume la pensée du timonier de la Fed. Ainsi, Powell a conservé un ton très prudent compte tenu des risques pesant sur les perspectives.
L'outil CME FedWatch montre une probabilité de 39% désormais d'une baisse de taux en septembre, contre 61% de 'proba' de statu quo. Trump a de nouveau attaqué Powell hier suite à ce statu quo monétaire : "Jerome Powell a encore frappé ! (...) En d'autres termes, 'Too Late' est un perdant total, et notre pays en paie le prix !" Trump qui juge Powell "trop en retard, trop en colère, trop stupide et trop politique" pour le poste de président de la Fed. "Il coûte à notre pays des milliers de milliards de dollars", a insisté Trump, évoquant aussi l'incompétence ou la corruption dans le cadre de la rénovation des bâtiments de la banque centrale.
Selon la dernière étude Challenger, Gray & Christmas sur le sujet, publiée hier, les annonces de licenciements aux USA pour le mois de juillet ont concerné 62.075 emplois, contre 47.999 un mois auparavant. A ce stade de l'année 2025, ces annonces de destructions d'emplois ont frappé 806.383 personnes, au plus haut depuis 2020.
Ce vendredi sera également animé avec le rapport mensuel gouvernemental sur la situation de l'emploi pour le mois de juillet (14h30, consensus FactSet à 4,2% de chômage pour 115.000 créations de postes - dont 120.000 dans le privé), l'indice PMI manufacturier final de juillet (15h45, consensus 49,7), l'ISM manufacturier (16h, consensus 49,5), les dépenses de construction de juin (16h, consensus +0,1%) et l'indice final du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan du mois de juillet (16h, consensus 62).
Dans l'actualité des entreprises, alors que Microsoft et Meta avaient très positivement surpris mercredi soir, Amazon a pour sa part déçu hier soir par sa guidance de marge d'exploitation. Apple a en revanche livré une copie sans rature... Les publications se poursuivent avant bourse ce vendredi, avec cette fois ExxonMobil, Chevron, Colgate-Palmolive, Kimberly-Clark ou Regeneron. Du côté des 'Mag 7', il ne reste plus désormais que la publication de Nvidia, première capitalisation boursière mondiale, attendue fin août.