Wall Street progresse vers ses sommets ce mardi, le S&P 500 s'adjugeant 0,85% 6.076 pts, le Dow Jones 0,84% à 42.938 pts et le Nasdaq 1,18% à 19.863 pts. Donald Trump a déclaré qu'un cessez-le-feu était désormais en vigueur entre l'Iran et Israël, mais les choses semblent un peu plus compliquées. "Veuillez ne pas l'enfreindre !", avait ajouté le président américain sur Truth Social. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait confirmé peu après l'accord d'Israël sur une trêve et déclaré que son pays avait atteint ses objectifs de guerre en Iran. Néanmoins, Trump a déploré ensuite que l'Iran et Israël aient enfreint tous deux la fragile trêve. Le président iranien a déclaré pour sa part que son pays n'enfreindrait pas la trêve si Israël faisait de même...
Le président américain a donc réagi, alors que l'Iran et Israël auraient enfreint le cessez-le-feu qu'il avait annoncé plus tôt. "Israël. Ne lâchez pas ces bombes. Si vous le faites, ce sera une violation grave. Ramenez vos pilotes chez eux, maintenant ! Donald J. Trump, président des États-Unis", a lancé Trump sur son réseau social Truth Social. Israël dénonce pour sa part une violation de ce cessez-le-feu par l'Iran, mais Téhéran dément l'information selon laquelle des missiles iraniens auraient été tirés vers son adversaire après l'entrée en vigueur de la trêve. L'armée israélienne a déclaré avoir détecté des tirs de missiles iraniens vers son territoire après l'annonce de Trump. Le ministre israélien de la Défense a demandé à l'armée de répondre avec force "par des frappes de haute intensité contre des cibles du régime au coeur de Téhéran"... La réplique israélienne aurait finalement été réduite à une seule cible.
"Israël n'attaquera pas l'Iran. Tous les avions feront demi-tour et rentreront chez eux, tout en adressant un salut amical à l'Iran. Personne ne sera blessé, le cessez-le-feu est en vigueur ! Merci de votre attention !", a aussi posté Trump sur Truth Social, ajoutant que "l'Iran ne reconstruira jamais ses installations nucléaires".
Trump avait précédemment indiqué que l'Iran et Israël avaient tous deux violé le cessez-le-feu annoncé au cours de la nuit. Le président américain a ajouté qu'il n'était satisfait d'aucun des deux pays, et en particulier d'Israël... "Ils se battent depuis si longtemps et si fort qu'ils ne savent plus ce qu'il foutent", a aussi asséné un Trump excédé devant les journalistes.
Des déclarations qui font suite à une nuit durant laquelle Téhéran a riposté à l'assaut américain du week-end en lançant des missiles sur une base aérienne américaine au Qatar - sans aucune victime. Trump a qualifié la frappe contre le Qatar de faible et a déclaré que l'Iran avait "fait disparaître cette idée". Il a même remercié Téhéran "de nous avoir prévenus suffisamment tôt"... De quoi faire refluer nettement les cours du pétrole, sous les 67$ sur le Brent et sous les 65$ pour le brut WTI... Les actifs spéculatifs ont profité aussi de ces nouvelles, avec notamment un retour du bitcoin vers les 105.000$.
Sur le front économique ce mardi, les opérateurs ont pris connaissance d'un déficit des comptes courants de plus de 450 milliards de dollars pour le premier trimestre aux USA, contre un consensus de 443 milliards de dollars mesuré par Bloomberg. Les marchés ont aussi noté les derniers indices des prix des maisons FHFA et S&P Case-Shiller d'avril, avec un repli de 0,4% de l'indicateur FHFA d'un mois sur l'autre (+3% sur un an) et un recul de 0,3% de l'indice 20-City Case-Shiller ajusté par rapport à mars (+3,4% sur un an pour l'indice non-ajusté)... L'indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board pour le mois de juin s'est établi ce jour à 93 seulement, contre un consensus FactSet de 99 et une lecture révisée de 98,4 un mois auparavant... L'indice manufacturier de la Fed de Richmond pour le mois de juin, qui vient lui aussi d'être publié, est ressorti à -7, contre un consensus de marché de -10 mesuré par FactSet, et après une lecture de -9 en mai. L'indice traduit donc toujours une contraction de l'activité manufacturière dans la région.
Le discours semi-annuel de politique monétaire de Jerome Powell constitue donc l'un des éléments majeurs de la semaine, d'autant que le président de la Fed subit depuis des semaines des attaques de plus en plus dures du président Trump, pressé de voir les taux baisser. Donald Trump risque de ne pas apprécier l'intervention du jour de Powell, qui maintient le cap et juge que la banque centrale américaine a le temps de patienter pour observer les développements en matière d'économie et l'évolution des prix, avant de décider de la suite de son action. Powell qui note devant le Comité des services financiers de la Chambre des Représentants que l'inflation s'est modérée considérablement, mais ajoute qu'elle reste quelque peu élevée. Ainsi, la Fed pourrait rester en mode pause pendant encore un certain temps si l'on en croit son leader, qui ne semble pas intimidé par les attaques frontales de Trump.
La semaine dernière, la Fed a maintenu ses taux inchangés entre 4,25 et 4,50% et a prévu deux baisses d'ici fin 2025. Powell avait déclaré s'attendre à une inflation significative avec notamment les droits de douane de Trump. Il maintient donc le cap ce jour et confirme en effet que la banque centrale est bien positionnée pour attendre d'en savoir plus sur la direction de l'économie avant d'ajuster sa politique. Il souligne encore l'importance de la stabilité des prix.
Trump a déclaré plus tôt que les taux de la Fed devraient être abaissés... d'au moins deux à trois points de pourcentage. Le président américain a remis les choses au point avant avant le témoignage du président de la banque centrale américaine. "Nous devrions être au moins deux à trois points plus bas... si la situation devient négative par la suite, augmentez les taux", a indiqué Trump sur Truth Social. Jerome Powell "sera au Congrès aujourd'hui pour expliquer, entre autres, pourquoi il refuse de baisser le taux", a lancé Trump, alors que le patron de la Fed témoigne aujourd'hui et demain dans un contexte tendu et sous la menace du président américain qui n'exclut apparemment plus son éviction avant la fin de son mandat. "L'Europe a connu dix baisses, nous n'en avons eu aucune. Pas d'inflation, une économie formidable ! Nous devrions être au moins deux à trois points plus bas. Cela permettrait aux États-Unis d'économiser plus de 800 milliards de dollars par an. Quelle différence cela ferait ! Si la situation devient négative plus tard, augmentez les taux. J'espère que le Congrès va vraiment se débarrasser de cet imbécile et borné. Nous paierons son incompétence pendant de nombreuses années", a donc lancé Trump à propos de Powell...
Powell qui reprend ce jour ses propos tenus récemment à l'issue de la dernière réunion monétaire des 17-18 juin. Il note que pour l'heure, l'économie américaine progresse sur un rythme solide, et que le marché du travail demeure robuste. Au coeur des perspectives de politique monétaire se trouvent les inconnues entourant la politique tarifaire de Trump. Powell a déclaré : "Les effets des droits de douane dépendront, entre autres, de leur niveau final. Les anticipations concernant ce niveau, et donc les effets économiques qui en découlent, ont atteint un pic en avril et ont depuis diminué. Malgré cela, les augmentations de droits de douane cette année sont susceptibles de faire grimper les prix et de peser sur l'activité économique". Évoquant le double mandat, Powell a indiqué que le FOMC "déterminera l'orientation appropriée de la politique monétaire en fonction des données disponibles, de l'évolution des perspectives et de la balance des risques". Il a ajouté que "sans stabilité des prix, nous ne pouvons pas bénéficier des longues périodes de forte conjoncture sur le marché du travail, qui profitent à tous les Américains". "Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique monétaire", a-t-il déclaré.
Powell souligne bien que les USA ne sont pas en récession, avec des dépenses de consommation toujours solides, un marché du travail historiquement fort et une inflation dont les perspectives se stabilisent. Un tableau économique réjouissant donc, mais qui n'offre pas vraiment la possibilité de réduire significativement les taux. L'inflation reste l'élément essentiel, le patron de la Fed évoquant des craintes qu'elle n'augmente significativement cette année. Il explique cependant aussi qu'une grande majorité des décideurs monétaires estiment qu'il conviendra de réduire les taux plus tard cette année. Mais pour l'instant, l'anticipation de la banque centrale est que l'inflation progresse fortement à cause des tarifs douaniers. Powell juge que la meilleure chose à faire, notamment pour le marché immobilier, est de rétablir la stabilité des prix.
Il témoignera une nouvelle fois demain, devant le Comité du Sénat pour la banque, l'immobilier et les affaires urbaines. Mercredi seront aussi à suivre les ventes US de logements neufs du mois de mai...
Jeudi, la journée sera encore très animée à Wall Street sur le front économique, avec les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 juin, les commandes de biens durables du mois de mai, les chiffres finaux du PIB américain du premier trimestre, la balance du commerce international de biens, l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago, ainsi que les stocks de grossistes, les promesses de ventes de logements et l'indice manufacturier de la Fed de Kansas City. Thomas Barkin, Beth Hammack et Michael Barr de la Fed interviendront dans la journée.
Enfin, vendredi, les investisseurs surveilleront les revenus et dépenses des ménages américains et l'indice d'inflation lié, ainsi que l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan. John Williams et Beth Hammack de la Fed reprendront la parole.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, KB Home a publié hier soir. FedEx et Carnival annonceront leurs derniers comptes ce mardi, tandis que Micron, Paychex, General Mills, Jefferies et Levi Strauss publieront mercredi. Nike sera de la partie jeudi soir. McCormick & Company, Walgreens Boots Alliance, Concentrix et Acuity Inc., dévoileront aussi leurs chiffres jeudi.
Les valeurs
TD Synnex (+5,6%), distributeur mondial et agrégateur de solutions pour l'écosystème informatique, progresse en bourse suite à sa publication financière du deuxième trimestre fiscal. Sur la période, les revenus ont augmenté de 7,2% à 14,9 milliards de dollars, avec une progression de 6,3% à devises constantes. Les facturations brutes ajustées ont été de 21,6 milliards de dollars, en augmentation de 12,1%. Le bénéfice ajusté par action a représenté 2,99$. Le consensus était de 2,7$ de bénéfice ajusté par action pour 14,3 milliards de dollars de revenus. Le groupe californien de Fremont anticipe pour le troisième trimestre un bpa allant de 2,75 à 3,25$, pour des revenus compris entre 14,7 et 15,5 milliards.
KB Home (-0,2%), le constructeur américain de logements, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,50$ contre 1,45$ de consensus, pour des revenus de 1,53 milliard de dollars également meilleurs que prévu. Un an plus tôt, le bénéfice ajusté par action se situait à 2,15$ pour des revenus de 1,71 milliard de dollars. Le bénéfice net consolidé a représenté 108 millions de dollars. Les livraisons de logements ont décliné de 11% à 3.120 unités. Le prix moyen de vente a augmenté légèrement à 488.700$. Le bénéfice opérationnel de construction a atteint 131 millions de dollars contre 188 millions un an plus tôt, à la même époque. Le bénéfice net a régressé de 36%.
Nvidia (+2%). Jensen Huang, le fondateur et DG de Nvidia, a commencé à vendre des actions du géant des puces d'IA, dans le cadre des premières transactions d'un plan lui permettant de céder des actions pour un montant allant jusqu'à 865 millions de dollars (sur la base du dernier cours coté) d'ici la fin de l'année. Huang a cédé 100.000 actions les 20 et 23 juin pour 14,4 millions de dollars, selon un document déposé lundi auprès de la Securities and Exchange Commission et relayé ce jour par Bloomberg. Ces ventes s'inscrivent dans le cadre d'un nouveau plan adopté en mars et dévoilé le mois dernier dans le rapport trimestriel de Nvidia. Jensen Huang, dont la fortune atteint près de 126 milliards de dollars presque entièrement en actions Nvidia, a cédé pour plus de 1,9 milliard de dollars d'actions Nvidia selon Bloomberg. Le plan de négociation préétabli de Huang lui donne encore la possibilité de vendre 6 millions d'actions d'ici la fin de l'année.
Alphabet (+1,2%). La CMA, autorité britannique de concurrence, a indiqué qu'elle pourrait contraindre Google à classer les entreprises de manière plus équitable dans ses résultats de recherche sur internet et à proposer par ailleurs des services alternatifs aux consommateurs.
Amazon (+1,9%) entend investir pas moins de 54 milliards de dollars en Grande-Bretagne dans les trois années à venir. le géant américain du commerce en ligne a ainsi annoncé des plans d'investissement de 40 milliards de dollars de livres entre 2025 et 2027 pour construire quatre nouveaux centres de distribution et des points de livraison à travers le pays. Les centres de distribution seront construits à Hull, Northampton et dans les Midlands de l'Est. L'investissement créera des milliers d'emplois permanents à temps plein, notamment en dehors de Londres et dans le Sud-Est. Il comprendra la modernisation et l'agrandissement du réseau existant d'Amazon, qui compte plus de 100 bâtiments opérationnels au Royaume-Uni. Le plan d'investissement comprend également l'ouverture de deux nouveaux bâtiments au siège social d'Amazon dans l'est de Londres...
Starbucks (-0,5%), la chaîne américaine de cafés, a démenti les rumeurs concernant une cession totale de ses activités en Chine, suite à des informations dans ce sens du média chinois Caixin - lequel affirmait que Starbucks aurait mené des discussions préliminaires avec plus d'une douzaine d'acheteurs potentiels. "Je confirme que Starbucks n'envisage pas actuellement de vendre l'intégralité de ses activités en Chine", a répondu un porte-parole de l'entreprise américaine cité par Reuters.