Wall Street grimpe encore avant bourse ce jeudi, le S&P 500 et le Nasdaq étant attendus sur de nouveaux sommets. L'indice large S&P s'adjuge 0,3%, le Dow Jones 0,3% également et le Nasdaq 0,5%. Les marchés sont stimulés par l'accalmie géopolitique et les espoirs d'accords commerciaux, tandis que concernant la Fed, Trump semble bien pressé de remplacer Jerome Powell. Selon le Wall Street Journal, la frustration de Trump face à l'attentisme de Powell en matière de taux l'aurait conduit à envisager d'annoncer son choix pour lui succéder à la présidence de la Fed dès septembre ou octobre, bien plus tôt que la période de transition habituelle de trois ou quatre mois - alors que le mandat de Powell se termine en mai 2026.
Le cessez-le-feu déclaré par Trump entre l'Iran et Israël semble donc tenir, ce qui a soutenu notablement la place américaine cette semaine. Du côté de Jerome Powell, dont l'audition semi-annuelle de politique monétaire devant le Congrès se tenait mardi et mercredi, le discours a peu évolué. Le patron de la Fed juge toujours approprié d'attendre alors que les banquiers centraux américains craignent une poussée de l'inflation cet été avec les tarifs douaniers, mais il faut relever que Powell a aussi laissé entendre que la baisse des taux pourrait intervenir plus tôt que prévu si ces données d'inflation des prochains mois ressortent moins préoccupantes qu'attendu. L'outil CME FedWatch donne désormais 75,2% de probabilité de statu quo monétaire le 30 juillet à l'issue de la prochaine réunion, contre 24,8% de 'proba' d'un assouplissement d'un quart de point.
Le discours semi-annuel de politique monétaire de Jerome Powell constituait l'un des éléments majeurs de la semaine, d'autant que le président de la Fed subit des attaques de plus en plus dures du président Trump, pressé de voir les taux baisser. Powell a maintenu le cap et juge que la banque centrale américaine a le temps de patienter pour observer les développements en matière d'économie et l'évolution des prix, avant de décider de la suite de son action. Powell qui note que l'inflation s'est modérée considérablement, mais ajoute qu'elle reste quelque peu élevée. Ainsi, la Fed pourrait rester en mode pause pendant encore un certain temps si l'on en croit son leader, qui ne semble pas intimidé par les attaques frontales de Trump.
Trump a déclaré plus tôt que les taux de la Fed devraient être abaissés... d'au moins deux à trois points de pourcentage. Le président américain est revenu à la charge hier devant les journalistes, suggérant qu'il annoncera bientôt le nom du remplaçant de Powell à la tête de la Fed et indiquant qu'il sait déjà qui choisir "parmi trois ou quatre". "Heureusement, il part assez vite, car je le trouve terrible", a insisté le locataire de la Maison Blanche, qui juge même que l'actuel président de la Fed est "une personne très stupide" au QI trop faible pour ses fonctions.
Il faut dire que Powell ne fait rien depuis hier pour assouplir réellement ses positions. Il note que pour l'heure, l'économie américaine progresse sur un rythme solide, et que le marché du travail demeure robuste. Au coeur des perspectives de politique monétaire se trouvent les inconnues entourant la politique tarifaire de Trump. Powell a déclaré : "Les effets des droits de douane dépendront, entre autres, de leur niveau final. Les anticipations concernant ce niveau, et donc les effets économiques qui en découlent, ont atteint un pic en avril et ont depuis diminué. Malgré cela, les augmentations de droits de douane cette année sont susceptibles de faire grimper les prix et de peser sur l'activité économique". Évoquant le double mandat, Powell a indiqué que le FOMC "déterminera l'orientation appropriée de la politique monétaire en fonction des données disponibles, de l'évolution des perspectives et de la balance des risques".
Il a ajouté que "sans stabilité des prix, nous ne pouvons pas bénéficier des longues périodes de forte conjoncture sur le marché du travail, qui profitent à tous les Américains". "Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique monétaire", a-t-il déclaré.
Sur le front économique ce jeudi, la journée sera encore très animée, avec les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 juin (14h30, consensus 245.000), les commandes de biens durables du mois de mai (14h30, consensus FactSet +9,4% ou stable hors transport), les chiffres finaux du PIB américain du premier trimestre (même heure, consensus -0,2% d'un trimestre sur l'autre), la balance du commerce international de biens, l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago, ainsi que les stocks de grossistes, les promesses de ventes de logements et l'indice manufacturier de la Fed de Kansas City. Thomas Barkin, Beth Hammack, Michael Barr et Neel Kashkari de la Fed interviendront dans la journée.
Enfin, vendredi, les investisseurs surveilleront les revenus et dépenses des ménages américains du mois de mai et l'indice d'inflation lié (14h30, consensus +0,3% pour les revenus et +0,2% pour les dépenses de consommation, +0,1% pour l'indice des prix 'core PCE'), ainsi que l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan final du mois de juin (16 heures, consensus FactSet 59,8). John Williams, Lisa Cook et Beth Hammack de la Fed prendront par ailleurs la parole.