Wall Street s'est affiché en ordre dispersé mardi en clôture, le rallye se poursuivant sur le Nasdaq dans la foulée de la trêve signée entre Washington et Pékin ce week-end sur le front commercial et des chiffres rassurants concernant l'inflation américaine. En revanche, le Dow Jones a perdu 0,64% à 42.140 pts emporté par la chute d'UnitedHealth de plus de 17%. Le S&P a gagné pour sa part 0,72% à 5.886 pts, alors que le Nasdaq a pris 1,61% à 19.010 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI est encore remonté de 2% à 63,30$. L'once d'or fin est revenu à 3.225$. L'indice dollar a fléchi de 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin s'est stabilisé autour des 104.000$.
Les chiffres de l'inflation américaine du mois d'avril 2025 sont donc ressortis plutôt rassurants : L'indice des prix à la consommation d'avril a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre contre 0,3% de consensus, et grimpe de 2,3% sur un an contre 2,4% pour le consensus de place. Hors alimentaire et énergie, le CPI progresse de 0,2% par rapport au mois de mars et de 2,8% sur un an, deux lectures également meilleures que prévu. La hausse de 2,3% du CPI global sur un an est la plus faible augmentation annuelle depuis février 2021.
Côté diplomatique, Donald Trump, en visite à Riyad pour l'entame d'une grande tournée au Moyen-Orient, a signé un partenariat stratégique majeur avec l'Arabie saoudite, qui s'est engagé à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis. Ce partenariat est accompagné d'un investissement de quatre ans couvrant l'énergie, la finance, l'aéronautique et bien entendu l'intelligence artificielle et la technologie.
Au chapitre commercial, après deux jours de pourparlers en Suisse, les négociateurs chinois et américains avaient annoncé un peu plus tôt la veille une baisse massive des droits de douane. Les États-Unis les ont ainsi ramenés de 145% à 30% sur les produits chinois pour une période de 90 jours, tandis que Pékin a abaissé ses taxes sur la plupart des biens américains à 10%. "Cette réduction spectaculaire a dépassé les attentes en Chine et a fait grimper le dollar et les actions, offrant un soulagement bienvenu aux marchés pour Trump, qui subit des pressions alors que l'inflation semble s'accélérer dans son pays", a indiqué Bloomberg. Les cours des actions chinoises ont également progressé... "L'accord a finalement satisfait la quasi-totalité des principales exigences de Pékin. Le tarif réciproque élevé pour la Chine, que Trump avait fixé à 34% le 2 avril, a été suspendu, laissant le principal rival des États-Unis avec le même taux de 10% que celui appliqué à tous les pays, y compris le Royaume-Uni, un allié de longue date qui a conclu un accord avec les États-Unis la semaine dernière".
De plus, les États-Unis ont répondu à la demande de Pékin de désigner un interlocuteur privilégié pour les négociations en mettant en place un mécanisme mené par le secrétaire au Trésor Scott Bessent. Les deux parties ont convenu de prendre des mesures énergiques pour endiguer le flux de fentanyl, ce qui pourrait, toujours selon Bloomberg, conduire à terme à la suppression des droits de douane supplémentaires de 20%...
Donald Trump a déclaré de son côté qu'il pourrait s'entretenir avec Xi Jinping "dès la fin de la semaine", mettant en avant une "réinitialisation totale" des relations avec la Chine. Il a souligné que l'accord ne comprenait pas les droits de douane sectoriels sur les voitures, l'acier, l'aluminium et potentiellement les produits pharmaceutiques. Bessent a déclaré séparément à CNBC que les États-Unis ne souhaitaient pas un découplage généralisé, mais comptaient protéger les produits stratégiques de première nécessité, notamment l'acier, les médicaments et les semi-conducteurs. "Nous ne cherchons pas à nuire à la Chine... Elle était déjà durement touchée. Elle fermait des usines. Elle connaissait de nombreux troubles, et elle était ravie de pouvoir faire quelque chose avec nous", a lancé Trump hier lors d'un point presse.
Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a déclaré pour sa part qu'un tarif universel de 10% sur les marchandises entrant aux États-Unis resterait en place, mais que les responsables américains étaient en pourparlers avec de nombreux pays pour réduire les tarifs supplémentaires imposés...
Les valeurs
UnitedHealth, le groupe américain d'assurance spécialisé dans la santé qui avait déjà décroché à Wall Street le mois dernier suite à un avertissement sur les résultats, a dévissé encore de 17,7% ! Le directeur général du groupe Andrew Witty a démissionné "pour raisons personnelles", alors que l'assureur suspend désormais ses prévisions financières 2025 avec la croissance des coûts médicaux. Stephen Hemsley, DG du groupe de 2006 à 2017, succède à Witty avec effet immédiat. Le secteur américain de l'assurance maladie est confronté à une hausse des coûts depuis mi-2023, en raison d'une forte demande de services de santé dans le cadre des régimes Medicare pour les personnes âgées ou handicapées. Le groupe évoque des dépenses médicales attendues plus élevées que prévu, mais il prévoit de renouer avec la croissance l'année prochaine. UnitedHealth fait partie du Dow Jones.
Coinbase (+23,9% !), la plateforme d'échange de cryptomonnaies s'est envolée à Wall Street, alors que le groupe va remplacer l'émetteur de cartes de crédit Discover Financial Services au sein de l'indice large S&P 500. Discover Financial est en voie d'acquisition par Capital One. Le changement au sein du S&P interviendra dès le lundi 19 mai prochain, avant l'ouverture de Wall Street.
Nvidia (+5,6%) et l'Arabie saoudite ont annoncé des partenariats dans le cadre des plans du royaume visant à développer l'IA et à renforcer l'infrastructure de cloud computing grâce à des investissements étrangers. L'Arabie saoudite entend se positionner comme un pôle d'activité majeur en matière d'IA hors des États-Unis. Les initiatives avec Nvidia concernent notamment la construction d'usines et d'infrastructures d'IA, ainsi que la formation de développeurs. Parmi les annonces, la startup saoudienne d'IA Humain du fonds souverain d'Arabie saoudite va s'associer à Nvidia dans le cadre des plans du royaume. "L'IA, comme l'électricité et l'Internet, est une infrastructure essentielle pour chaque nation", a lancé Jensen Huang, DG de Nvidia. Humain proposera notamment des centres de données, infrastructures d'IA, capacités cloud et modèles d'IA avancés... Notons que Nvidia repasse les 3.000 milliards de dollars de capitalisation boursière ce jour !
Amazon (+1,3%) a conclu un nouveau partenariat avec FedEx pour la livraison de gros colis, indique le Wall Street Journal. Business Insider, citant un document interne, précise pour sa part que l'accord daterait de février. Il s'agirait là pour Amazon de réduire sa dépendance vis-à-vis d'UPS. Amazon et FedEx avaient rompu leur collaboration il y a six ans et renoueraient donc afin que le géant du e-commerce puisse combler certains manques liés aux services plus limités d'UPS. Business Insider laisse entendre que le deal FedEx serait plus avantageux pour Amazon en termes de coûts.
Boeing (+2,4%). La Chine aurait levé l'interdiction faite aux compagnies aériennes de prendre livraison d'avions Boeing, selon Bloomberg. La décision intervient après que les États-Unis et la Chine ont convenu d'une réduction temporaire de droits de douane. Bloomberg News cite des sources proches du dossier. Des responsables à Pékin ont ainsi commencé cette semaine à informer les transporteurs nationaux et les agences gouvernementales que les livraisons d'avions fabriqués aux États-Unis pouvaient reprendre. En avril, au moins trois avions du centre de livraison de Boeing en Chine avaient été renvoyés aux États-Unis. Boeing a par ailleurs annoncé avoir livré 45 avions commerciaux en avril, soit quatre de plus qu'en mars et près de deux fois plus que les 24 avions livrés un an avant.
JD.com (+3,3%), détaillant en ligne chinois coté à Wall Street, a publié des revenus en croissance de 16% sur le trimestre clos fin mars avec les mesures de stimulus du gouvernement local, et malgré les tensions commerciales sino-américaines. Les revenus trimestriels ont été de 301 milliards de yuans ou 41,8 milliards de dollars, tandis que le bénéfice net s'est lui envolé de 53% à 10,9 milliards de yuans. Le groupe dépasse le consensus de marché sur le trimestre.
Tencent Music Entertainment (+2,5%), la plateforme chinoise leader de divertissement musical et audio a annoncé pour son premier trimestre des revenus d'abonnements musicaux en croissance de près de 17% à 4,22 milliards de yuans, ou 586 millions de dollars, alors que le nombre d'utilisateurs payants a progressé de 8% à 122,9 millions. Les revenus des services de divertissement social, comprenant l'application de karaoké WeSing et la plateforme de concert live Kuwo, ont décliné en revanche de 12% à 1,55 milliard de yuans. Les revenus totaux ont augmenté de 9% à 7,36 milliards de yuans. Le groupe mène des discussions avancées en vue du rachat de la plateforme audio en ligne leader en Chine, Ximalaya. Le bénéfice net trimestriel attribuable aux actionnaires a représenté 4,3 milliards de yuans ou 591 millions de dollars, alors que le bénéfice ajusté a été de 2,12 milliards de yuans (+24,6%).
Under Armour (+1%), le spécialiste américain de l'habillement sportswear, a affiché des comptes meilleurs que prévu sur le trimestre clos avec les mesures de restructuration. Le détaillant du Maryland a annoncé des revenus en recul de 11% à 1,18 milliard de dollars, contre 1,17 milliard de consensus. La perte trimestrielle s'établit à 67 millions de dollars, -8 cents par titre sur une base ajustée contre -9 cents de consensus. La prudence reste toutefois de rigueur concernant les perspectives, le groupe anticipant pour le premier trimestre fiscal des revenus en repli de 4 à 5%, soit une baisse plus importante qu'attendu. Under Armour l'abstient enfin de livrer des prévisions annuelles, évoquant l'incertitude relative aux politiques commerciales et l'environnement économique.
Hertz Global Holdings (-16,9%) a chuté à Wall Street, alors que le loueur de voitures a dévoilé des revenus trimestriels inférieurs aux attentes et une perte plus importante que prévu. Le groupe se dit concentré sur ses efforts de redressement, renouvellement de flotte et amélioration des marges. Le titre avait été dopé le mois dernier par la prise de participation de la firme de l'investisseur Bill Ackman, Pershing Square, qui est montée à 4% des parts. Pour le trimestre écoulé, Hertz a déploré une perte ajustée par action de 1,12$, pour des revenus en recul de 13% en glissement annuel à 1,81 milliard de dollars. Le consensus était de 95 cents de perte par action et environ 2 milliards de dollars de revenus.