Wall Street a encore terminé dans le vert vendredi soir, dans la foulée de son vif rebond sur fond d'accalmie commerciale internationale. Le S&P 500 s'est avancé finalement de 0,70% à 5.958 pts et a inscrit une cinquième séance de hausse consécutive, tandis que le Dow Jones grignote 0,78% à 42.654 pts. Le Nasdaq a progressé pour sa part de 0,52% à 19.211 pts. Du côté des indicateurs économiques, l'émergence de signes indiquant que l'impact des tarifs douaniers sur l'économie commence à se faire sentir se confirme progressivement... Le net ralentissement des ventes au détail en avril aux Etats-Unis va clairement dans ce sens. Il étaye néanmoins les projections selon lesquelles la Fed réduira ses taux d'intérêt à deux reprises cette année. Raphael Bostic, président de la Réserve fédérale d'Atlanta, a ainsi déclaré s'attendre à un ralentissement de l'économie américaine cette année, sans tabler sur une récession.
Donald Trump a affirmé pour sa part qu'il fixerait les tarifs douaniers pour les partenaires commerciaux des États-Unis "au cours des deux à trois prochaines semaines", affirmant que son administration n'avait pas la capacité de négocier des accords avec tous ses partenaires commerciaux... Le président a indiqué que le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, et le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, "enverraient des lettres expliquant essentiellement aux différents partenaires "ce qu'ils "paieront pour faire des affaires aux États-Unis". "Je pense que nous serons très justes... Mais il est impossible de rencontrer le nombre de personnes qui souhaitent nous voir", a déclaré le président lors d'une réunion avec des dirigeants d'entreprises aux Émirats arabes unis. Rappelons que Donald Trump a annoncé une hausse des droits de douane sur des dizaines de partenaires commerciaux le 2 avril, mais les a ensuite suspendus pendant 90 jours face à la panique des investisseurs afin de donner aux gouvernements étrangers le temps de négocier...
"Bien que des risques subsistent, les marchés s'éloignent du scénario le plus pessimiste et extrapolent probablement cette évolution vers une probabilité moindre de rétablissement des droits de douane réciproques pour le reste du monde", selon les analystes de la Société Générale.
Dans l'agenda 'macro', les permis de construire et mises en chantier d'avril n'ont pas réservé de mauvaise surprise... L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de mai est lui ressorti à seulement 50,8, contre un consensus de 53,1 et une lecture finale de 52,2 un mois avant. L'indice affiche ainsi la seconde lecture la plus basse depuis sa création. Le sous-indice des conditions actuelles ressort à 57,6 contre 59,8 en avril et 59,6 attendus. L'indice des anticipations d'inflation à un an des consommateurs atteint 7,3% (!), contre 6,5% précédemment, au plus haut depuis 1981...
Sur le Nymex, le baril de brut WTI campe à 61,60$. L'once d'or fin pointe à 3.217$. L'indice dollar prend désormais 0,2% face à un panier de devises à 100,9 points tandis que le bitcoin remonte en direction des 103.000$.
Notons qu'après la clôture du marché US, l'agence Moody's a abaissé d'un cran, de "Aaa" à "Aa1" la note de crédit des Etats-Unis, en estimant que l'endettement et les intérêts versés par le pays sont "significativement plus élevés" que d'autres dettes souveraines bénéficiant d'une note similaire... L'agence de notation constate que "les administrations successives et le Congrès ne parviennent pas à s'entendre sur des mesures pour inverser la tendance de vastes déficits budgétaires annuels et de coûts d'intérêts croissants".
Soulignons que Moody's était la dernière des trois principales agences mondiales de notation à maintenir un 'triple A', soit la note la plus élevée, sur la dette souveraine américaine, même si elle l'associait depuis la fin 2023 à une perspective négative. Moody's a assorti vendredi soir sa décision sur la note d'une perspective stable...
Les valeurs
* Take-Two abandonne 2,4%. Les perspectives du fabricant de jeux vidéo pour 2026 ont été jugées décevantes par le marché, les analystes notant l'impact du retard de lancement du très attendu 'Grand Theft Auto VI'. Le groupe a d'autres titres prévus pour l'année, comme "Borderlands 4" et "Mafia: The Old Country", mais il est peu probable que leurs sorties potentielles soient suffisantes pour compenser le retard de 'GTA VI', selon les experts du secteur. Le prochain volet de la franchise à succès 'GTA' devrait en effet se vendre à des millions d'exemplaires et générer des milliards au cours des premières semaines. Le groupe avait annoncé en début de mois le décalage du lancement du jeu à mai 2026 contre une sortie initialement prévue pour l'automne 2025. La société prévoit des réservations nettes annuelles comprises entre 5,9 et 6 milliards de dollars pour l'exercice 2026, contre un consensus de 7,8 Mds$ avec un bpa ajusté compris entre 2,45$ et 2,70$ contre 6,87$ de consensus. Pour le trimestre en cours, l'entreprise prévoit des réservations entre 1,25 et 1,3 Md$, contre des estimations de 1,27 Md$. Le bpa est estimé entre 20 et 30 cents, contre 30 cents prévus par les analystes. Plombée par des dépréciations, la firme a essuyé une perte opérationnelle de 3,78 milliards de dollars sur son quatrième trimestre fiscal contre +18,6 M$ attendus pour des revenus de 1,58 Md$ (+13%). Le bpa ajusté est ressorti à 1,08$ contre 1,12$ de consensus.
* Nvidia (+0,4%) ne compte pas abandonner la Chine ! Malgré les obstacles mis en place par l'administration Trump, le géant américain des puces prospecte un site à Shanghai pour un y développer un centre de recherche et développement, ont indiqué à 'Reuters' trois sources proches du dossier. La star des puces dédiées à l'IA a lancé sa quête début 2025 et évalue principalement des sites dans les districts de Minhang et de Xuhui à Shanghai, a précisé l'une des sources. Le projet aurait pris de l'ampleur après une visite surprise en Chine du patron de Nvidia, Jensen Huang, le mois dernier. Le gouvernement local de Shanghai, qui abrite la plus grande communauté d'entreprises étrangères de Chine, dont Tesla, a exprimé sa volonté d'offrir des incitations pour le projet Nvidia, y compris des réductions d'impôts, croient savoir deux des sources de l'agence. La conception et la production resteront toutefois à l'étranger en raison du caractère juridiquement sensible du transfert de propriété intellectuelle vers la Chine. Hugh Huang, qui a toujours affirmé que la Chine était essentielle à la croissance de Nvidia, s'est rendu dans le pays immédiatement après que les États-Unis ont imposé de nouvelles restrictions sur les expéditions vers la Chine de ses puces H20, la seule puce d'IA que l'entreprise peut vendre légalement à Pékin. Hugh Huang a rencontré de hauts responsables chinois, dont le vice-Premier ministre He Lifeng et le maire de Shanghai Gong Zheng. L'agence 'Reuters' avait rapporté plus tôt ce mois-ci que Nvidia prévoyait de commercialiser une version dégradée de la puce H20 pour la Chine dans les deux prochains mois, afin de soutenir ses ventes dans le pays, où elle a perdu des parts de marché au profit de concurrents nationaux comme Huawei. La Chine a représenté 13% du chiffre d'affaires total de l'entreprise au cours de l'exercice clos le 26 janvier. Après plusieurs mois 'compliqués', l'action Nvidia a retrouvé de l'élan grâce à la dissipation des doutes sur les investissements des géants de la tech, à l'apaisement des tensions commerciales avec la Chine et à l'émergence de nouveaux acheteurs de puces. Le titre a progressé de 43% depuis son plus bas d'avril et se situe à moins de 6% de son niveau de clôture du 24 janvier.
* Applied Materials chute de 5,2%, après une publication mitigée dans un contexte d'incertitudes liées aux restrictions à l'exportation. Le plus grand fabricant américain d'équipements de fabrication de puces électroniques a dégagé sur le trimestre clos fin mars un bénéfice par action ajusté de 2,39 dollars, supérieur aux 2,31$ attendus par le consensus, pour un chiffre d'affaires de 7,10 Mds$ (+6,8%), globalement conforme aux attentes. Applied Materials a constaté un ralentissement des investissements sur le marché des ICAPS (Internet des objets, communication, automobile, énergie et capteurs), mais a indiqué que ce ralentissement avait été partiellement compensé par d'importants investissements dans les puces avancées destinées à l'IA. Le groupe et d'autres entreprises du secteur s'adaptent aux restrictions sur les ventes à la Chine, l'un des plus grands marchés pour leurs produits. L'impact des droits de douane imposés par Washington rend également plus difficile la prévision des revenus futurs. " L'incertitude est plus forte sur le marché", a déclaré le DG Gary Dickerson lors d'une interview accordée à 'Bloomberg'. "Malgré cela, l'entreprise affiche d'incroyables performances". Le management prévoit un chiffre d'affaires de 7,20 milliards de dollars au troisième trimestre, plus ou moins 500 ME, contre un consensus de 7,19 Mds$, avec un bpa ajusté de 2,15 à 2,55$ (vs 2,32$ attendus).
* Alphabet (+1,3%). Le service d'abonnement Google One, qui facture aux consommateurs des fonctionnalités de stockage dans le cloud et d'intelligence artificielle, a récemment franchi le cap des 150 millions d'abonnés, a déclaré la société à 'Reuters'.
* Meta Platforms (-0,5%) a demandé à un juge de Washington de rejeter les poursuites de la Commission fédérale du commerce des États-Unis (FTC) qui l'accuse de monopole illégal sur les réseaux sociaux, affirmant que l'instance n'avait pas réussi à prouver ses allégations lors d'un procès antitrust.
* Berkshire Hathaway (+1,5%), sous l'impulsion de Warren Buffett, a profité de la chute des marchés en début d'année pour réduire ses positions bancaires. Le "gourou" de Wall Street, qui quittera la tête de son entreprise à la fin de l'année, a ainsi liquidé sa position dans Citigroup, réduit sa participation dans Capital One Financial et dans Bank of America et soldé sa participation dans la banque brésilienne Nubank. Berkshire avait acquis une participation de 500 millions de dollars avant l'introduction en bourse de cette dernière en 2021. L'action a gagné 46% depuis... Au cours des trois premiers mois de l'année, Berkshire a accru sa participation dans Constellation Brands, qui représente désormais 6,6% du capital du distributeur d'alcool, soit environ 2,2 milliards de dollars. La firme a également acquis davantage d'actions Sirius XM Holdings et d'Occidental Petroleum. De plus, 'Bloomberg' note que la société a demandé un traitement confidentiel à la Securities and Exchange Commission afin de lui permettre d'omettre une ou plusieurs participations dans son dossier réglementaire déposé jeudi. W.Buffett s'est largement abstenu de procéder à des acquisitions d'envergure ces dernières années, se constituant plutôt une trésorerie qui a atteint près de 350 milliards de dollars fin mars. La participation dans Apple (stable) n'a pas évolué au cours de la période et représente toujours l'actif le plus précieux du portefeuille du milliardaire.
* Amgen (+1,1%). Un jury fédéral du Delaware a déclaré que la société de biotechnologie devait plus de 406 millions de dollars à son concurrent Regeneron pour avoir engagé des pratiques anticoncurrentielles afin d'augmenter les ventes de son médicament anti-cholestérol Repatha au détriment du médicament concurrent de Regeneron, Praluent.
* Boeing (-0,2%). Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi des accords d'une valeur totale de plus de 200 milliards de dollars entre les États-Unis et les Émirats arabes unis, dont un accord de 14,5 milliards de dollars entre Boeing, GE Aerospace et Etihad Airways.
* Microsoft (+0,2%) pourrait échapper à une lourde amende antitrust de Bruxelles... La Commission européenne a sollicité des commentaires sur les engagements proposés par le géant américain pour répondre aux préoccupations de concurrence concernant la liaison de son produit de communication Teams à ses applications populaires incluses dans ses suites professionnelles Office 365 et Microsoft 365, telles que Microsoft Word et Microsoft Outlook. Pour répondre aux préoccupations de la CE, Microsoft a proposé divers engagements tels que la possibilité donner aux clients d'acheter ses suites Office 365 et Microsoft 365 sans Teams, à un prix inférieur à celui des suites correspondantes incluant Teams ou encore de permettre aux concurrents de Teams et à certains tiers d'intégrer les applications web Office (Word, Excel et PowerPoint) dans leurs propres produits, et d'intégrer de manière visible leurs produits dans les principales applications de productivité de Microsoft. Cette décision fait suite à un avertissement officiel émis l'année dernière concernant un abus présumé de position dominante. Des réponses positives de la part des concurrents et des clients permettraient à l'autorité de la concurrence de l'UE d'abandonner l'affaire sans amendes ni constat d'infraction. L'enquête de l'UE a été déclenchée par une plainte de Slack en 2019. La proposition de Microsoft visant à offrir plus de choix aux clients européens serait harmonisée à l'échelle mondiale si elle était approuvée. Les parties intéressées disposent d'un mois pour faire part de leurs commentaires.