Wall Street flambe, surmontant ses craintes commerciales...

Wall Street flambe, surmontant ses craintes commerciales

Wall Street accélère avant bourse ce mardi, poursuivant son rebond de la veille. Le S&P 500 regagne encore 2,5%, le Dow Jones 2,9% et le Nasdaq 2,4%. Un rebond notable que l'agence Bloomberg attribue aux "dip buyers", les fameux acheteurs de creux qui ont pourtant été probablement durement éprouvés en fin de semaine dernière. Les marchés restent quoi qu'il en soit extrêmement nerveux, alors que le conflit commercial entre Washington et Pékin pourrait encore se durcir - la Chine ayant affirmé qu'elle allait se battre jusqu'à la fin si les USA mettent en application leurs tarifs douaniers additionnels.

La semaine dernière, Trump a annoncé l'imposition de droits de douane de 34% sur les marchandises en provenance de Chine, qui s'ajoutent à une taxe à l'importation de 20% imposée plus tôt. Les droits de douane sur les marchandises chinoises pourraient augmenter encore de 50% additionnels, a averti Trump hier, suite à la décision de Pékin d'instaurer des droits de douane de 34% sur les marchandises américaines.

"La menace américaine d'une escalade des droits de douane sur la Chine est une erreur s'ajoutant à plusieurs autres, qui révèle une fois de plus la nature du chantage américain", a déclaré le ministère chinois du Commerce, cité par le Wall Street Journal. "Si les États-Unis persistent dans leur voie, la Chine se battra jusqu'au bout".

D'après Trump, d'autres pays sont désireux quant à eux de négocier, et ces discussions semblent déjà avoir commencé. S'exprimant à la Maison Blanche lundi après-midi, le président américain a déclaré : "Nous allons conclure des accords équitables et avantageux avec chaque pays, et si nous n'y parvenons pas, nous n'aurons rien à faire avec eux".

Le Japon devrait être prioritaire dans ces négociations douanières américaines, suite à un appel entre son Premier ministre et Trump... Notons aussi que l'administration Trump affirme par la voix de son Secrétaire au Trésor Scott Bessent que près de 70 pays ont entamé désormais des pourparlers avec les USA depuis mercredi.

L'UE, qui semble pour sa part prête à négocier de manière raisonnable avec Trump, tente dans le même temps d'apaiser la situation entre USA et Chine. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a indiqué que l'UE pourrait proposer aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les biens industriels, ce qui rappelle grandement la proposition d'Elon Musk. Elle propose donc "un bon accord" à Trump... Elle a aussi demandé ce jour à la Chine d'assurer une solution négociée aux problèmes de tarifs douaniers.

Lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang, Ursula von der Leyen a souligné la responsabilité de l'Europe et de la Chine, deux des plus grands marchés mondiaux, de "soutenir un système commercial réformé fort, libre, équitable et fondé sur des conditions de concurrence équitables". Les deux responsables ont discuté de la mise en place d'un mécanisme permettant de suivre les éventuelles déviations commerciales causées par les droits de douane, a indiqué le cabinet de Mme von der Leyen, l'UE craignant que la Chine ne réoriente les exportations bon marché des États-Unis vers l'Europe.

L'espoir que Trump soit ouvert à une modification ou un report des droits de douane a aussi contribué à la hausse des marchés boursiers depuis hier. Les indices sont remontés brusquement hier sur des rumeurs aussitôt démenties par la Maison Blanche de pause concernant les droits de douane. Plusieurs médias ont ainsi cité Kevin Hassett, directeur du conseil économique national, qui aurait affirmé que l'administration Trump considérait une pause de 90 jours dans les tarifs douaniers concernant tous les pays à l'exception de la Chine. CNBC a ensuite indiqué que la Maison Blanche avait qualifié ces rumeurs de pause de "fake news".

Les opérateurs nourrissent l'espoir, après une fin de semaine dernière déjà calamiteuse, marquée par des plongeons notables des indices jeudi et vendredi (pire correction en deux séances depuis les débuts de la crise Covid-19), que le président américain adoucisse un peu son discours.

Un modèle d'UBS Group AG montre selon Bloomberg que le creux de lundi matin aurait de fortes chances d'être le point bas de la vague des ventes. "Depuis 1990, après une baisse hebdomadaire de plus de 10% qui s'est terminée vendredi, le S&P 500 a progressé 80% du temps en un jour et une semaine", explique Rebecca Cheong, responsable des dérivés actions Amériques d'UBS Securities, dans une note relayée par Bloomberg.

Ce mardi, Mary Daly de la Fed interviendra dans la soirée, tandis que mercredi, les opérateurs suivront une prise de parole de Thomas Barkin puis les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed. Lorie Logan, Alberto Musalem et John Williams de la Fed auront aussi leur mot à dire jeudi et vendredi.

Les chiffres de l'inflation américaine des prix à la consommation de mars seront dévoilés jeudi à 14h30 (consensus +0,1% d'un mois sur l'autre et +2,6% sur un an, ou +0,3% et +3% hors alimentaire et énergie). L'indice des prix à la production de mars sera dévoilé vendredi à 14h30 (consensus +0,2% par rapport à février, ou +0,3% hors éléments volatils).

Donald Trump remet par ailleurs la pression sur la Fed pour qu'elle réduise les taux ! "Les prix du pétrole sont en baisse, les taux d'intérêt sont en baisse (la Fed, qui réagit lentement, devrait baisser ses taux !), les prix alimentaires sont en baisse, il n'y a pas d'inflation, et les États-Unis, longtemps malmenés, encaissent via les droits de douane déjà en vigueur des milliards de dollars par semaine des pays qui ont abusé. Et ce, malgré le fait que le plus grand abuseur de tous, la Chine, dont les marchés s'effondrent, vient d'augmenter ses droits de douane de 34%, en plus de ses droits de douane ridiculement élevés à long terme (et plus !), sans tenir compte de mon avertissement aux pays maltraitants de ne pas riposter. Ils en ont fait assez, pendant des décennies, en profitant des bons vieux États-Unis ! Nos anciens "dirigeants" sont à blâmer pour avoir permis que cela, et tant d'autres choses, arrive à notre pays. REDONNONS À L'AMÉRIQUE SA GRANDEUR !", a donc asséné Trump hier sur Truth Social.

Les anticipations de baisse des taux de la Fed sont fortement remontées bien évidemment ces derniers jours. D'abord, pour la prochaine réunion des 6 et 7 mai, un geste d'un quart de point est maintenant très envisageable, avec une probabilité de 26% selon l'outil CME FedWatch - qui donnait auparavant pour presque sûr un statu quo. Le même outil montre une probabilité de 31% d'une fourchette de 3,5 à 3,75% sur les taux en fin d'année, soit une baisse de 75 points de base. La probabilité d'un assouplissement de 100 points de base est de 34%...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 0,6% à 61$. L'once d'or fin avance de 0,7% à 3.004$. L'indice dollar recule de 0,3% face à un panier de devises. Le bitcoin se redresse vers les 80.000$.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street cette semaine, RPM International ou Cal-Maine Foods publient ce jour, Constellation Brands, Delta Air Lines et PriceSmart mercredi, CarMax ou Walgreens Boots Alliance jeudi. La saison des résultats financiers trimestriels débute quant à elle vendredi avec de grands établissements financiers tels que JP Morgan Chase, Wells Fargo, BlackRock et Bank of New York Mellon.

UnitedHealth, Humana, CVS Health ou Centene devraient bien se comporter ce jour. Le secteur profite d'une augmentation plus importante que prévu des taux de remboursement des plans Medicare Advantage par le gouvernement en 2026. Reuters constate une augmentation moyenne de 5,06%, environ le double de celle proposée par le gouvernement en janvier, ce qui pourrait alléger la pression sur les marges des assureurs. CVS a par ailleurs nommé Brian Newman, débauché chez UPS, en tant que directeur financier.

Tesla reste sous surveillance ce mardi, alors que selon le Washington Post, Elon Musk aurait tenté sans succès durant le week-end de convaincre Donald Trump de faire machine arrière sur les droits de douane. L'intervention directe de l'homme le plus riche du monde, qui est aussi le visage du département de l'Efficacité gouvernementale (DOGE), souligne les tensions potentielles entre ses intérêts industriels et les priorités protectionnistes de Trump. Tesla traverse il est vrai déjà une passe délicate, accusant une baisse prononcée de ses ventes et subissant un mouvement de protestation anti-Musk.

Apple remonte un peu avant bourse à Wall Street, mais la purge reste brutale sur le dossier qui a abandonné 20% depuis un mois. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ne fait vraiment pas les affaires du groupe californien de Cupertino, qui va devoir livrer plus d'iPhones provenant d'Inde aux Etats-Unis en réponse aux taxes douanières infligées à la Chine. C'est du moins ce que précise le Wall Street Journal. La mesure pourrait être temporaire, alors que le groupe de Tim Cook tenterait de négocier une exemption aux tarifs douaniers de l'administration Trump.

La semaine dernière, Trump a annoncé l'imposition de nouveaux droits de douane de 34% sur les marchandises chinoises, portant le total à 54%. Il pourrait même atteindre les 104%, a averti Trump hier, suite à la décision de Pékin d'instaurer des droits de douane de 34% sur les marchandises américaines. À titre de comparaison, Trump avait annoncé des droits de douane de 26% sur les marchandises en provenance d'Inde. L'escalade des menaces entre Washington et Pékin a donc de quoi inquiéter Apple, qui s'adapte en conséquence. Le groupe à la pomme fabrique pour l'heure 90% de son matériel en Chine, et si aucune exemption ne lui est accordée, l'entreprise devrait augmenter ses prix de 6% pour compenser l'impact des droits de douane d'après JP Morgan.

L'annonce récente de son intention d'investir plus de 500 milliards de dollars aux États-Unis au cours des quatre prochaines années pourrait cependant aider le groupe à négocier avec l'administration américaine. Le Wall Street Journal explique qu'en attendant, des utilisateurs de produits Apple se dépêchent de mettre à niveau leurs iPhones en prévision d'éventuelles hausses de prix liées à ces droits de douane.

RPM International, le spécialiste américain des revêtements spéciaux, des produits d'étanchéité et des matériaux de construction, chute avant bourse à Wall Street, alors que le groupe a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 52 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 35 cents, à comparer à un consensus de 52 cents. Les revenus ont totalisé quant à eux 1,48 milliard de dollars (-3%) contre 1,51 milliard de consensus. L'Ebit a représenté 63 millions de dollars sur le trimestre, alors que l'Ebit ajusté a été de 78 millions. Les flux de trésorerie générés par les activités se sont élevés à 91,5 millions de dollars, le deuxième montant le plus élevé de l'histoire de l'entreprise pour un troisième trimestre.

Micron Technology, le concepteur américain de puces mémoires, a annoncé à ses clients aux États-Unis son intention d'imposer une surtaxe sur certains produits à partir de mercredi, afin de tenir compte des nouveaux droits de douane imposés par Trump. C'est du moins ce qu'indiquent quatre sources de Reuters proches du dossier. Les sites de production de Micron à l'étranger sont principalement situés en Asie, notamment en Chine, à Taïwan, au Japon, en Malaisie et à Singapour, note l'agence. Micron aurait donc informé ses clients par courrier que, si l'annonce de Trump la semaine dernière exemptait les semi-conducteurs, qui représentent une partie du portefeuille de Micron, les droits de douane s'appliquaient aux modules mémoire et aux disques SSD. Ces produits seraient ainsi désormais soumis à une surtaxe.

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