Wall Street dans le vert, en attendant Cisco...

Wall Street dans le vert, en attendant Cisco

Wall Street persiste dans le vert avant bourse ce mercredi, suite au récent rallye saluant la trêve entre Washington et Pékin sur le front commercial. Le S&P 500, désormais dans le vert depuis le début de l'année, grappille encore 0,2% en pré-séance, alors que le Dow Jones gagne 0,1% et que le Nasdaq prend 0,3%. L'accord annoncé hier par Trump avec l'Arabie saoudite a aussi entretenu la flamme, tout comme les derniers chiffres rassurants de l'inflation américaine... Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 1,1% à 63$. L'once d'or fin cède 1,3% à 3.205$. L'indice dollar fléchit de 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin se stabilise autour des 104.000$.

Les chiffres de l'inflation américaine du mois d'avril 2025 sont ressortis plutôt rassurants hier. L'indice des prix à la consommation d'avril a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre contre 0,3% de consensus, et grimpe de 2,3% sur un an contre 2,4% pour le consensus de place. Hors alimentaire et énergie, le CPI progresse de 0,2% par rapport au mois de mars et de 2,8% sur un an, deux lectures également meilleures que prévu. La hausse de 2,3% du CPI global sur un an est la plus faible augmentation annuelle depuis février 2021.

Donald Trump, en visite à Riyad pour l'entame du tournée du Moyen-Orient, a signé hier un partenariat stratégique majeur avec l'Arabie saoudite, qui s'engage à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis. Ce partenariat est donc accompagné d'un investissement de quatre ans couvrant l'énergie, la finance, l'aéronautique et bien entendu l'intelligence artificielle et la technologie. L'administration Trump s'apprêterait à annoncer un accord accordant à l'Arabie saoudite un meilleur accès aux semi-conducteurs avancés, ouvrant ainsi la voie à une augmentation de la capacité des centres de données dans ce pays du Golfe malgré les inquiétudes de certains responsables américains concernant ses liens avec la Chine...

La décision du président chinois Xi Jinping de rester ferme face à Donald Trump n'aurait pas pu être plus bénéfique pour le dirigeant chinois, analyse pour sa part Bloomberg suite à "l'accord" annoncé hier entre les deux superpuissances. Après deux jours de négociations en Suisse, les négociateurs commerciaux des deux plus grandes économies mondiales ont rappelons-le annoncé avant-hier une baisse massive des droits de douane. Les États-Unis ont réduit les droits de douane sur les produits chinois de 145% à 30% pour une période de 90 jours, tandis que Pékin a abaissé ses taxes sur la plupart des biens américains à 10%.

"Cette réduction spectaculaire a dépassé les attentes en Chine et a fait grimper le dollar et les actions, offrant un soulagement bienvenu aux marchés pour Trump, qui subit des pressions alors que l'inflation semble s'accélérer dans son pays", indique Bloomberg. Les cours des actions chinoises ont également progressé. "L'accord a finalement satisfait la quasi-totalité des principales exigences de Pékin. Le tarif réciproque élevé pour la Chine, que Trump avait fixé à 34% le 2 avril, a été suspendu, laissant le principal rival des États-Unis avec le même taux de 10% que celui appliqué à tous les pays, y compris le Royaume-Uni, un allié de longue date qui a conclu un accord avec les États-Unis la semaine dernière", analyse Bloomberg.

De plus, les États-Unis ont répondu à la demande de Pékin de désigner un interlocuteur privilégié pour les négociations en mettant en place un mécanisme mené par le secrétaire au Trésor Scott Bessent. Les deux parties ont convenu de prendre des mesures énergiques pour endiguer le flux de fentanyl, ce qui pourrait selon Bloomberg conduire à terme à la suppression des droits de douane supplémentaires de 20%.

Trump a déclaré avant-hier qu'il pourrait s'entretenir avec Xi Jinping dès la fin de la semaine, mettant en avant une réinitialisation totale des relations avec la Chine. Il a souligné que l'accord ne comprenait pas les droits de douane sectoriels sur les voitures, l'acier, l'aluminium et potentiellement les produits pharmaceutiques. Bessent a déclaré séparément à CNBC que les États-Unis ne souhaitaient pas un découplage généralisé, mais souhaitaient protéger les produits stratégiques de première nécessité, notamment l'acier, les médicaments et les semi-conducteurs.

Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a déclaré ce jour qu'un tarif universel de 10% sur les marchandises entrant aux États-Unis resterait en place, mais que les responsables américains étaient en pourparlers avec de nombreux pays pour réduire les tarifs supplémentaires imposés...

Kevin Hassett, président du Conseil économique national américain, a glissé aussi que Trump annoncerait le prochain "deal" commercial à son retour du Moyen-Orient.

Donald Trump a certes démenti récemment vouloir se séparer du président de la Fed Jerome Powell, qu'il surnomme désormais "Too Late" pour sa lenteur à réagir en matière de politique monétaire, mais le président américain maintient la pression sur la banque centrale US pour qu'elle baisse les taux. Trump qui perçoit en effet une supposée baisse générale des prix, de l'essence aux produits d'épicerie et sur "pratiquement tout le reste".

Sur son réseau Truth Social, Trump a donc jugé une fois encore qu'il n'y avait "pas d'inflation, et les prix de l'essence, de l'énergie, de l'épicerie, et presque tout le reste, sont en baisse". "La Fed doit réduire les taux, comme l'ont fait l'Europe et la Chine", a asséné hier le président des États-Unis. "Qu'est-ce qui ne va pas avec Too Late Powell ? Pas juste pour l'Amérique, qui est prête à s'épanouir", a ajouté Trump. "Laissez faire, ce sera magnifique !"

Pourtant, les anticipations en matière d'assouplissement monétaire ont plutôt reculé ces dernières semaines. L'outil CME FedWatch donne toujours une écrasante probabilité de statu quo de près de 92% pour le 18 juin et la prochaine décision monétaire. Pour la réunion monétaire de juillet, c'est aussi la probabilité d'un statu quo qui domine, à plus de 65%. L'outil FedWatch montre que la Fed pourrait ne réduire ses taux que de 50 points de base (probabilité 38%) ou 75 points de base ('proba' 26,2%) cette année.

Goldman Sachs, qui vient de réviser ses différentes anticipations économiques, monétaires et boursières à la lumière des derniers développements concernant la guerre commerciale, ne voit plus qu'une seule baisse de taux cette année...

La journée est relativement chargée en "fedspeak" ce mercredi, avec des interventions de Christopher Waller, Philip Jefferson, Mary Daly ou Austan Goolsbee... Les données indiquant une inflation modérée des prix à la consommation en avril, publiées hier, ne reflètent pas nécessairement l'impact de la hausse des droits de douane américains, à en croire le patron de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee. La Fed aurait donc besoin de données supplémentaires pour discerner l'évolution des prix et de l'économie.

Les prix à la consommation ont augmenté de 2,3% en avril aux USA, leur plus faible hausse annuelle en quatre ans. Cette inflation totale a été freinée par la baisse des prix alimentaires. Hors alimentation et énergie, l'inflation dite sous-jacente s'est établie à 2,8% en avril, au même niveau qu'en mars.

Goolsbee, qui s'exprimait dans l'émission Morning Edition de NPR, a livré son ressenti actuel : "On entend beaucoup de bruit... On essaie de comprendre la ligne directrice". La Fed maintient ses taux d'intérêt inchangés depuis décembre et devrait les maintenir encore lors des prochaines réunions, les responsables attendant de voir l'évolution des droits de douane de Trump et des négociations commerciales. "Nous continuons à recevoir des chiffres qui suggèrent au moins que la situation se tient bien", a indiqué Goolsbee. "Il n'est tout simplement pas réaliste, à mon avis, d'attendre des entreprises ou des banques centrales qu'elles tirent des conclusions hâtives sur le long terme face à une telle variabilité à court terme", a insisté le responsable, qui décrit un environnement compliqué.

Demain, les ventes américaines de détail, l'indice US des prix à la production ou encore les chiffres de la production industrielle aux États-Unis sont attendus, avec également les indices manufacturiers des antennes de la Fed à Philadelphie et New York. Jerome Powell, patron de la Fed, s'exprimera jeudi à l'occasion d'une conférence à Washington.

Dans l'actualité des entreprises, Cisco Systems et CoreWeave publient après bourse ce soir. Walmart, Alibaba et Deere dévoileront leurs derniers chiffres avant bourse jeudi, tandis qu'Applied Materials publiera après la clôture, avec Take-Two Interactive.

Les valeurs

Apple prépare peut-être des hausses de prix aux États-Unis, selon les récentes rumeurs, mais la situation est tout autre en Chine. Ainsi, les plateformes de e-commerce chinoises proposeraient d'après Reuters des réductions allant jusqu'à 2.530 yuans (351$) sur les derniers modèles d'iPhone 16 d'Apple, afin de stimuler les ventes, alors que les livraisons du groupe de Tim Cook ont encore diminué au premier trimestre sur son deuxième marché. Reuters note que la mesure intervient alors que les e-commerçants chinois rivalisent de plus en plus pour séduire les consommateurs soucieux des prix dans un contexte économique en ralentissement.

Foxconn, le géant taïwanais de la sous-traitance électronique, qui assemble notamment les iPhones d'Apple, a publié pour son premier trimestre un bénéfice en très forte progression de plus de 90% à 42,1 milliards de dollars de Taïwan, environ 1,4 milliard de dollars américains, dépassant largement le consensus des analystes sur cette période. La vive progression des profits provient cependant surtout de la forte demande en serveurs d'IA, plutôt que de l'iPhone du groupe californien de Cupertino. Les prévisions sont toutefois prudentes. "Au cours du mois dernier, les changements rapides dans les politiques tarifaires américaines ont considérablement affecté la chaîne d'approvisionnement mondiale. Les récentes fluctuations des taux de change ajoutant à l'incertitude, nous adoptons des perspectives plus prudentes", commente le dirigeant du groupe, Young Liu.

Les baisses de prix seraient ainsi au coeur des préoccupations à l'approche du festival annuel '618' du mois de juin. JD.com vend l'iPhone 16 Pro avec 128 Go de stockage à 5.469 yuans, soit 2.530 yuans de moins que le prix officiel d'Apple, qui s'élevait à 7.999 yuans, selon des vérifications de Reuters effectuées ce jour. L'iPhone 16 avec 256 Go de stockage est affiché lui aussi à 5.469 yuans, soit une baisse de 1.530 yuans par rapport à son prix officiel, subventions gouvernementales incluses. La place de marché Tmall d'Alibaba proposerait des réductions comparables selon Reuters : l'iPhone 16 Pro avec 128 Go est vendu à 5.499 yuans, soit une réduction de 2.500 yuans sur le prix officiel après application de coupons incluant des subventions gouvernementales.

Nvidia s'est enflammé hier soir de 5,6% à Wall Street vers les 130$, de retour sur les 3.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, suite aux multiples accords du groupe avec l'Arabie saoudite. Le titre avait précédemment rebondi suite à la trêve commerciale sino-américaine. Bloomberg indique que l'administration Trump prévoit de réformer la réglementation sur l'exportation de semi-conducteurs utilisés en intelligence artificielle, abandonnant ainsi une approche de l'ère Biden qui avait suscité de vives objections de la part d'alliés et d'entreprises des États-Unis, notamment Nvidia.

Dans le cadre de la décision annoncée hier par le ministère du Commerce, les États-Unis abrogent la règle dite de diffusion de l'IA, instaurée par Biden, qui créait trois grands niveaux d'accès pour les pays souhaitant acquérir des puces d'IA et qui aurait dû entrer en vigueur le 15 mai. L'administration Trump élabore sa propre approche et pourrait s'orienter vers la négociation d'accords individuels avec les pays, selon des sources de Bloomberg proches du dossier. Le Département au Commerce entend aussi avertir le public des conséquences potentielles de l'autorisation de l'utilisation de puces d'IA américaines dans le développement de modèles d'IA chinois.

Tesla. Le conseil d'administration de Tesla aurait constitué un "comité spécial" chargé d'examiner la rémunération du DG Elon Musk, ce qui pourrait donner lieu à un nouveau programme d'options sur actions, rapporte ce jour le Financial Times. Le comité est composé de Robyn Denholm, présidente du conseil d'administration de Tesla, et de Kathleen Wilson-Thompson, membre indépendante du conseil d'administration, a rapporté le journal, citant plusieurs sources. Ce micro-comité de deux membres étudiera également d'autres solutions pour rémunérer Musk pour son travail passé si le package colossal de rémunération du milliardaire pour 2018 n'était pas rétabli suite à un appel, a indiqué le FT.

Tout nouveau package d'options sur actions dépendrait de la réalisation d'objectifs financiers, opérationnels et boursiers de l'entreprise. Musk, principal actionnaire avec une participation de 13%, se concentre désormais sur les robotaxis et les robots humanoïdes, positionnant ainsi l'entreprise davantage comme une entreprise d'IA et de robotique que comme un constructeur automobile traditionnel...

Dynatrace, le groupe software américain, a annoncé ce mercredi pour son quatrième trimestre fiscal juste clos un bénéfice net de 39 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 33 cents, à comparer à un consensus de 30 cents. Les revenus ont totalisé 445 millions de dollars, contre 435 millions de dollars de consensus de marché. Sur l'exercice clos, le groupe a affiché un bénéfice de 484 millions de dollars et 1,59$ par action, pour des revenus de 1,7 milliard de dollars. Sur le trimestre de juin, le bpa est attendu entre 37 et 38 cents. Sur l'exercice, il est espéré entre 1,56 et 1,59$, pour des revenus allant de 1,95 à 1,97 milliard de dollars.

American Eagle Outfitters, la chaîne américaine de vêtements, décroche à Wall Street. Le groupe vient en effet de retirer sa guidance annuelle 2025 sur fond de tarifs douaniers. American Eagle évoque l'incertitude macroéconomique et dépréciera 75 millions de dollars d'articles de printemps et d'été. Le groupe a fait état d'une baisse estimée de 5% des revenus du premier trimestre à 1,1 milliard de dollars. Les ventes à magasins comparables devraient régresser d'environ 3%. Le groupe de Pittsburgh prévoit une perte d'exploitation ajustée d'environ 68 millions de dollars au premier trimestre, avec la dépréciation des stocks et les dépenses promotionnelles accrues. Le dirigeant Jay Schottenstein a déclaré que le détaillant n'était pas satisfait de sa performance au premier trimestre.

eToro, le spécialiste du trading actions et 'cryptos' basé en Israël, prévoit de lever environ 620 millions de dollars dans le cadre de son introduction en bourse, 'pricée' au-dessus de la fourchette indicative. Ainsi, eToro propose 11,92 millions de titres à un cours de 52$, alors que la fourchette indicative allait de 46 à 50$. Sur ces dernières bases, la valorisation ressortirait à plus de 4,2 milliards de dollars. Les cotations débuteront ce mercredi sur le Nasdaq sous le symbole "ETOR".

Société(s) citée(s) :
https://bourse.fortuneo.fr/actualites/wall-street-dans-le-vert-en-attendant-cisco-584380
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