Wall Street dans le rouge, après des \"stats\" contrastées...

Wall Street dans le rouge, après des "stats" contrastées

Wall Street prend le chemin de la baisse avant bourse ce jeudi, le S&P 500 rendant 0,3%, le Dow Jones 0,3% également et le Nasdaq 0,5%. Les prises de profits l'emportent, après le rallye des dernières semaines alimenté par l'accord commercial entre Washington et Londres, puis la trêve commerciale sino-américaine. La "tournée" de Donald Trump au Moyen-Orient, couronnée de succès avec de beaux accords notamment pour Nvidia et Boeing, avait aussi contribué hier et avant-hier à la bonne tenue de la place américaine, mais la prudence redouble désormais après une nouvelle série de statistiques, et alors que les dossiers UnitedHealth (enquête pour fraude) et CoreWeave (plans de dépenses massifs) préoccupent. Walmart, qui vient aussi de publier, prévient qu'il devra relever ses prix. Seul Cisco rassure un peu avec une solide publication.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 3% à 61,3$. L'once d'or fin grappille 0,1% à 3.183$. L'indice dollar cède 0,3% face à un panier de devises. Le bitcoin se stabilise autour des 102.000$.

Les chiffres de l'inflation américaine du mois d'avril 2025 sont ressortis plutôt rassurants mardi. L'indice des prix à la consommation d'avril a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre contre 0,3% de consensus, et grimpe de 2,3% sur un an contre 2,4% pour le consensus de place. Hors alimentaire et énergie, le CPI progresse de 0,2% par rapport au mois de mars et de 2,8% sur un an, deux lectures également meilleures que prévu. La hausse de 2,3% du CPI global sur un an est la plus faible augmentation annuelle depuis février 2021.

Les principales statistiques du jour outre-Atlantique viennent quant à elles de tomber. Les ventes de détail d'avril d'abord, se sont établies sans grand relief, en hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre, en ligne ou presque avec le consensus des économistes, après une croissance de 1,7% en mars. Hors automobile, ces ventes ont progressé de 0,1% seulement, contre 0,3% de consensus et 0,8% un mois plus tôt. Hors automobile et essence, leur croissance ressort à 0,2%, contre 0,3% de consensus de place.

Les inscriptions au chômage sont restées stables la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail vient en effet d'annoncer, pour la semaine close au 10 mai, des inscriptions au chômage au nombre de 229.000, en ligne avec les attentes et inchangées par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure.

L'indice des prix à la production a plutôt agréablement surpris pour le mois d'avril, en recul de 0,5% d'un mois sur l'autre et en hausse de 2,4% sur un an, alors que le consensus était de +0,2% et +2,4%. Hors alimentation et énergie, l'indice des prix à la production s'est affiché en repli de 0,4% en comparaison du mois précédent mais en hausse de 3,1% sur un an, contre respectivement +0,3% et +3% de consensus.

L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour le mois de mai est ressorti négatif à -9,2, contre environ -5 de consensus de marché. L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie s'est établi à -4 en mai contre -10 de consensus.

L'indice des prix à la production d'avril sera dévoilé à 15h15 (consensus +0,2% d'un mois sur l'autre, avec une production manufacturière attendue stable et un taux d'utilisation des capacités anticipé à 77,8%). Enfin, les stocks et ventes des entreprises pour le mois de mars (consensus +0,2% sur les stocks) et l'indice américain du marché immobilier pour le mois de mai (consensus 40), seront annoncés à 16 heures.

Le président de la Fed Jerome Powell prendra par ailleurs la parole ce jour lors de la conférence Thomas Laubach Research de Washington... Des commentaires du vice-président à la supervision de la Fed, Michael Barr, sont aussi attendus plus tard ce jour à l'occasion du 'Northeast/Mid-Atlantic Small Business Credit Symposium'.

Donald Trump a certes démenti récemment vouloir se séparer du président de la Fed Jerome Powell, qu'il surnomme désormais "Too Late" pour sa lenteur à réagir en matière de politique monétaire, mais le président américain maintient la pression sur la banque centrale US pour qu'elle baisse les taux. Trump qui perçoit en effet une supposée baisse générale des prix, de l'essence aux produits d'épicerie et sur "pratiquement tout le reste". Sur son réseau Truth Social, Trump a donc jugé une fois encore cette semaine qu'il n'y avait "pas d'inflation, et les prix de l'essence, de l'énergie, de l'épicerie, et presque tout le reste, sont en baisse". "La Fed doit réduire les taux, comme l'ont fait l'Europe et la Chine", a asséné hier le président des États-Unis. "Qu'est-ce qui ne va pas avec Too Late Powell ? Pas juste pour l'Amérique, qui est prête à s'épanouir", a ajouté Trump. "Laissez faire, ce sera magnifique !"

Pourtant, les anticipations en matière d'assouplissement monétaire ont plutôt reculé ces dernières semaines. L'outil CME FedWatch donne toujours une écrasante probabilité de statu quo de près de 92% pour le 18 juin et la prochaine décision monétaire. Pour la réunion monétaire de juillet, c'est aussi la probabilité d'un statu quo qui domine, à plus de 61%. L'outil FedWatch montre que la Fed pourrait ne réduire ses taux que de 50 points de base (probabilité 38%) ou 75 points de base ('proba' 27% environ) cette année.

La journée d'hier était relativement chargée en "fedspeak", avec des interventions de Christopher Waller, Philip Jefferson, Mary Daly ou Austan Goolsbee... Les données indiquant une inflation modérée des prix à la consommation en avril, publiées hier, ne reflètent pas nécessairement l'impact de la hausse des droits de douane américains, à en croire le patron de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee. La Fed aurait donc besoin de données supplémentaires pour discerner l'évolution des prix et de l'économie. Philip Jefferson, vice-président de la Fed, s'attend pour sa part à ce que l'économie américain ralentisse, alors que l'inflation future est quant à elle incertaine du fait des tarifs douaniers. Lors d'un événement à New York, Jefferson a indiqué que si les augmentations de tarifs douaniers annoncées à ce stade étaient maintenues, elles interrompraient probablement les progrès en matière de désinflation et génèreraient au moins une hausse temporaire de l'inflation... Le gouverneur Waller s'est montré optimiste hier, anticipant plusieurs autres "bons" chiffres de l'inflation. La présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, a affirmé enfin que la politique monétaire était modérément restrictive et bien placée pour répondre à tout changement dans l'économie.

Sur le front commercial, rappelons que le président Trump a déclaré qu'il pourrait s'entretenir avec Xi Jinping dès la fin de la semaine, mettant en avant une réinitialisation totale des relations avec la Chine. Kevin Hassett, président du Conseil économique national américain, a glissé pour sa part que Trump annoncerait le prochain "deal" commercial à son retour du Moyen-Orient.

Dans l'actualité des entreprises, Cisco Systems et CoreWeave ont publié hier soir. Cisco a plutôt convaincu, tandis que CoreWeave inquiète par ses plans imposants de dépenses. Walmart, Alibaba et Deere dévoilent leurs derniers chiffres avant bourse ce jeudi, tandis qu'Applied Materials publiera après la clôture, avec Take-Two Interactive.

Les valeurs

UnitedHealth, le groupe américain d'assurance spécialisé dans la santé, qui avait déjà décroché à Wall Street le mois dernier suite à un avertissement sur les résultats, a dévissé plus encore mardi sur l'annonce de la suspension des perspectives et du départ inattendu de son directeur général. Le CEO Andrew Witty a donc démissionné "pour raisons personnelles", alors que l'assureur suspend désormais ses prévisions financières 2025 avec la croissance des coûts médicaux. Stephen Hemsley, DG du groupe de 2006 à 2017, succède à Witty avec effet immédiat. Le secteur américain de l'assurance maladie est confronté à une hausse des coûts depuis mi-2023, en raison d'une forte demande de services de santé dans le cadre des régimes Medicare pour les personnes âgées ou handicapées. Le groupe évoque des dépenses médicales attendues plus élevées que prévu, mais il prévoit de renouer avec la croissance l'année prochaine.

UnitedHealth, qui fait partie du Dow Jones, a perdu déjà près de 40% de sa valeur cette année. Les choses ne vont pas s'arrêter là, puisque le titre perd encore 7% en pré-séance, le Wall Street Journal évoquant une enquête criminelle visant le groupe pour une possible fraude Medicare. Le WSJ, citant des personnes proches de la question, ajoute que l'enquête qui serait menée par l'unité de fraude aux soins de santé de la division criminelle du ministère de la Justice serait active depuis au moins l'été dernier. En février, le journal avait déjà fait état d'une enquête civile pour fraude concernant les pratiques d'UnitedHealth en matière d'assurance-maladie. L'entreprise avait alors déclaré ne pas avoir connaissance d'une nouvelle enquête. Le même mois, le sénateur américain Chuck Grassley avait lancé une enquête sur les pratiques de facturation d'UnitedHealth en matière d'assurance-maladie, demandant des documents détaillés sur son programme de conformité et d'autres documents connexes, rappelle Reuters.

Cisco Systems a publié hier soir pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 96 cents, contre 92 cents de consensus, tandis que ses revenus sur la période ont atteint 14,15 milliards de dollars (+11%), également meilleurs que prévu et au-dessus du haut de fourchette des estimations du groupe. L'équipementier de réseaux a par ailleurs relevé ses estimations annuelles, tablant désormais sur des revenus allant de 56,5 à 56,7 milliards de dollars sur l'exercice. Pour son troisième trimestre, le groupe californien de San Jose a dégagé un bénéfice net de près de 2,5 milliards de dollars. Pour le trimestre entamé, clos en juillet, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 96 et 98 cents, alors que les revenus sont anticipés entre 14,5 et 14,7 milliards. Le groupe prévoit un bénéfice annuel par action compris entre 3,77 et 3,79$ sur une base ajustée. Il évoque aussi une croissance des commandes produits de 20% en glissement annuel sur le trimestre clos, ou 9% hors Splunk, avec des progressions dans toutes les zones géographiques et sur toutes les catégories de clientèle. Les commandes d'infrastructure IA prises auprès de clients "webscale" ont dépassé 600 millions de dollars.

Cisco a ainsi enregistré "de solides résultats trimestriels, avec une demande manifeste pour nos technologies", a déclaré Chuck Robbins, président-directeur général de Cisco. "La dynamique que nous observons dans le domaine de l'IA est alimentée par la puissance de notre portefeuille de réseaux sécurisés, nos partenariats mondiaux de confiance et la valeur que nous apportons à nos clients".

CoreWeave, la startup américaine d'IA soutenue par Nvidia, s'affiche sous pression à Wall Street malgré des revenus trimestriels et des perspectives au-dessus des attentes. Les investisseurs semblent surtout avoir du mal à digérer les plans des dépenses d'investissement de 20 à 23 milliards de dollars du groupe pour 2025, bien plus élevés que les 18 milliards de dollars visés par les analystes. Le groupe va donc encore dépenser sans compter pour acquérir de précieuses puces d'IA. Le management justifie ces dépenses par l'augmentation de la demande des clients.

CoreWeave, l'un des plus gros détenteurs de GPU Nvidia, loue sa capacité de centres de données aux géants technologiques américains tels que Microsoft et Meta. Sur son trimestre clos fin mars, il a réalisé des revenus de 982 millions de dollars, bien plus élevés que prévu. Les revenus pour le deuxième trimestre sont anticipés entre 1,06 et 1,1 milliard de dollars, alors que ceux de l'exercice sont attendus entre 4,9 et 5,1 milliards de dollars. Des estimations supérieures aux attentes, alors que CoreWeave évoque un accord avec OpenAI ainsi qu'un deal de 4 milliards de dollars avec une "grande entreprise d'IA". En ce qui concerne la rentabilité, le compte n'y est pas encore. La perte opérationnelle du trimestre clos en mars atteint 27,5 millions de dollars, tandis que la perte nette se creuse à 315 millions de dollars contre 129 millions de dollars un an avant, sur la même période. La perte nette diluée par action s'établit à 1,49$ sur le trimestre clos.

Apple perd un peu de terrain avant bourse à Wall Street ce jeudi. Le président américain Donald Trump a déclaré avoir demandé à Tim Cook, le DG du groupe à la pomme, de cesser de construire des usines en Inde pour fabriquer des appareils destinés aux États-Unis. Il s'agit évidemment d'inciter le géant californien de Cupertino à développer sa production nationale alors qu'il se détourne de la Chine. "J'ai eu un petit problème avec Tim Cook hier", a déclaré Trump à propos d'une conversation avec le CEO d'Apple au Qatar, où il est en visite. "Il construit partout en Inde. Je ne veux pas que vous construisiez en Inde", a lancé Trump, selon des propos rapportés par Bloomberg. Trump a indiqué suite à cet échange qu'Apple allait augmenter sa production aux États-Unis.

Le groupe californien entretenait pourtant le projet d'importer d'Inde la plupart des iPhones vendus aux États-Unis d'ici la fin de l'année prochaine. Apple poursuit une transition vers une production hors de Chine afin d'atténuer les risques liés aux droits de douane et aux tensions géopolitiques, rappelle Bloomberg, qui souligne que le groupe fabrique pour l'heure la majeure partie des iPhones en Chine et ne produit aucun smartphone aux États-Unis, bien qu'il ait promis d'embaucher davantage de travailleurs aux USA et d'investir 500 milliards de dollars sur le marché domestique au cours des quatre prochaines années.

Walmart, le géant américain de la grande distribution, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2026 des revenus totalisant 165,6 milliards, en croissance de 2,5% en glissement annuel et légèrement inférieurs au consensus de marché. Le bénéfice ajusté par action s'est établi à 61 cents, contre 58 cents de consensus. Le groupe de Bentonville a dégagé un bénéfice net de 4,45 milliards de dollars contre 5,1 milliards un an avant. La croissance à comparable a été de 4,5%, contre 4,6% un trimestre avant. Les ventes de e-commerce ont augmenté de 22% contre 16% sur le trimestre antérieur. Pour son deuxième trimestre, le groupe envisage une croissance de 3,5 à 4,5%. Il prévoit néanmoins qu'il va devoir relever ses prix afin de répercuter les coûts plus élevés liés aux tarifs douaniers de l'administration américaine. Le groupe s'abstient de livrer des prévisions de bénéfices pour le deuxième trimestre.

"Nous ferons de notre mieux pour maintenir nos prix au plus bas, mais compte tenu de l'ampleur des droits de douane, même aux niveaux réduits annoncés cette semaine, nous ne sommes pas en mesure d'absorber toute la pression, compte tenu de la faiblesse des marges de détail", a déclaré le DG Doug McMillon. Le détaillant a toutefois maintenu ses prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfice annuels pour l'exercice 2026, tablant toujours sur un bénéfice par action ajusté de l'ordre de 2,50 à 2,60$ et sur une croissance annuelle des ventes comprise entre 3 et 4%.

Alibaba. Le géant chinois du commerce en ligne a publié pour le trimestre clos fin mars 2025 des revenus de 236,4 milliards de yuans (environ 32,6 milliards de dollars) en croissance de 7%, pour un bénéfice net attribuable aux actionnaires ordinaires de 12,4 milliards de yuans (1,71 Md$). Le bénéfice net s'est envolé, multiplié par 13 à 11,97 milliards de yuans. Sur une base ajustée, le bénéfice net a augmenté de 22% à 29,85 milliards de yuans ou environ 4,1 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté par action a représenté 22 cents par titre (12,52 yuans), en hausse de 23%. Les revenus et profits ressortent inférieurs au consensus, qui se situait à 12,8 yuans de bpa ajusté et 240 milliards de yuans de chiffre d'affaires.

Deere, le géant des équipements agricoles, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars et 6,64$ par action, bien au-dessus du consensus de place, pour des revenus de 12,76 milliards de dollars et des revenus ajustés d'environ 11,17 milliards, également supérieurs aux attentes. Face aux tarifs douaniers de Trump, le groupe se montre prudent et abaisse le bas de fourchette de ses prévisions de profits, envisageant pour l'exercice un bénéfice net allant de 4,75 à 5,5 milliards de dollars. Le groupe évoque un environnement dynamique, dans le sens évolutif, ainsi que des incertitudes accrues.

Foot Locker bondit de 83% avant bourse à Wall Street, alors que le fragile groupe américain de distribution spécialisé dans le sport fait l'objet d'une offre d'acquisition de Dick's Sporting Goods ! Une offre de 2,4 milliards de dollars qui représenterait donc un nouveau deal majeur dans le secteur, suite à la proposition de 9,4 milliards de dollars de 3G Capital pour racheter Skechers. Dick's Sporting Goods offre 24$ par titre Foot Locker, une prime de 86% sur la clôture de la veille à Wall Street. L'acquisition est la plus importante de "Dick's" dans le secteur des articles de sport et permettra à l'entreprise de renforcer sa présence dans les centres commerciaux et de s'implanter pour la première fois à l'international.

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