Wall Street cède du terrain ce lundi, le S&P 500 corrigeant de 0,45% à 5.661 pts, le Dow Jones de 0,02% à 41.308 pts et le Nasdaq de 0,58% à 17.873 pts. Parmi les dossiers phares sanctionnés ce jour, on retrouve une fois n'est pas coutume Berkshire Hathaway (résultats mitigés et départ programmé de Warren Buffett) et Netflix (suite aux annonces de Trump concernant l'industrie cinématographique). Apple et Tesla sont également sous pression. La prudence domine après le rallye de soulagement des derniers jours, et avant les annonces monétaires de la Fed. Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 2,5% à 56,8$. L'once d'or fin prend encore 2,3% à 3.316$. L'indice dollar cède 0,3% face à un panier de devises.
Trump a indiqué que des accords commerciaux étaient en préparation avec des pays non spécifiés. Lors d'une interview télévisée, hier, il a expliqué que son administration était disposée à assouplir les droits de douane élevés de 145% sur les importations provenant de Chine. "À un moment donné, je les baisserai, car sinon, on ne pourrait jamais faire affaire avec eux, et ils en ont très envie", a lancé Trump sur NBC. Cependant, le président américain a aussi précisé aux journalistes qu'il n'avait pas l'intention de s'entretenir pour l'heure avec son homologue chinois Xi Jinping.
L'optimisme quant à une possible désescalade avait soutenu les marchés la semaine dernière, Pékin ayant déclaré évaluer les approches des responsables américains pour entamer des négociations sur les fameux droits de douane. La Chine aurait établi par ailleurs une liste de produits américains exemptés de ses droits de douane de 125%, signe de bonne volonté. Trump a lui défendu ses droits de douane de 145% sur les importations chinoises, les jugeant mérités. Bref, rien ne semble encore réglé, loin de là, concernant la confrontation commerciale la plus épineuse entre les deux superpuissances.
La banque centrale américaine tient demain et mercredi sa réunion de politique monétaire, qui devrait se solder par un nouveau statu quo. Le taux des 'fed funds' devrait ainsi demeurer inchangé entre 4,25 et 4,50%, selon l'outil CME FedWatch qui donne plus de 99% de probabilité à ce sujet.
Pour la réunion suivante des 17 et 18 juin, c'est encore l'hypothèse d'un maintien des taux entre 4,25 et 4,50% qui prévaut (probabilité de plus de 69%). Le retour des assouplissements monétaire pourrait ainsi n'intervenir qu'à partir du 30 juillet d'après ce baromètre FedWatch. D'ici la fin de l'année, la Fed pourrait réduire ses taux de 75 points de base (proba 37%) ou bien 100 points de base (probabilité 28% environ).
De son côté, Donald Trump a indiqué qu'il n'entendait pas limoger le président de la Fed Jerome Powell avant la fin de son mandat en mai 2026. Dans une interview sur NBC News diffusée hier, le président américain a toutefois encore critiqué Powell, lui demandant de nouveau de baisser les taux. "Il devrait les baisser. Et à un moment donné, il le fera. Il préfère ne pas le faire parce qu'il n'est pas un de mes fans (...). Il ne m'aime pas parce que je pense que c'est un vrai coincé", a lancé Trump.
Le président américain avait auparavant exprimé à plusieurs reprises sa lassitude face à la politique qu'il juge trop dure de la Fed. Trump juge que l'inflation baisse significativement et que la Fed aurait donc une marge de manoeuvre pour réduire ses taux. Powell met quant à lui en avant l'effet probablement inflationniste des tarifs douaniers, qu'il est difficile d'évaluer... Wall Street avait corrigé assez nettement suite à un précédent message de Trump sur Truth Social laissant entendre que le président américain considérait un limogeage de Powell, qu'il surnomme "Too Late" pour son incapacité supposée à réagir dans les temps.
L'indice PMI composite final américain du mois d'avril s'est établi à 50,6, contre un consensus de place de 51,2 et une lecture flash de 51,2 également. L'indicateur final des services s'est affiché à 50,8, contre 51,4 de consensus et 51,4 pour la lecture flash.
L'ISM américain des services du mois d'avril 2025 s'est établi pour sa part à 51,6, contre un consensus de 50,2 et une lecture de 50,8 un mois auparavant. L'indice signale donc une expansion en légère accélération de l'activité dans les services aux États-Unis.
La balance du commerce international des biens et services sera publiée mardi. La réunion de la Fed débute demain et se termine mercredi... La décision monétaire de la Fed sera connue mercredi à 20 heures, alors que la conférence de presse de Powell se tiendra à 20h30. Le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains et les chiffres du crédit à la consommation sont attendus par ailleurs mercredi.
Jeudi, les opérateurs surveilleront les inscriptions hebdomadaires au chômage et les chiffres de la productivité trimestrielle non-agricole. Vendredi, après la 'quiet period', les responsables de la Fed reprendront la parole avec notamment John Williams, Austan Goolsbee ou Beth Hammack.
Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, la star de l'IA Palantir publie ce soir, avec Vertex, Williams Companies, CRH, Ford Motor... Cummins, Ares Management, Tyson Foods, Zimmer Biomet, Loews, CNA Financial, ON Semi ou BioNTech, dévoilent leurs résultats avant l'ouverture de la place américaine ce jour.
AMD, Ferrari, Arista Networks, Duke Energy, Constellation Energy, Marriott, Zoetis, Transdigm, Marathon Petroleum, Gartner, Electronic Arts, Datadog, Coupang, Super Micro Computer et GlobalFoundries, annoncent leurs comptes demain. Uber, Disney, Arm Holdings, DoorDash, Johnson Controls, Emerson Electric, Fortinet, Applovin, Carvana, Barrick Gold ou Occidental Petroleum, publieront mercredi... Shopify, Anheuser-Busch, ConocoPhillips, McKesson, Monster Beverage, Coinbase, Sempra, Kenvue, Restaurant Brands, Warner Bros. Discovery, Microchip Technology ou The Trade Desk, annonceront jeudi.
Les valeurs
Cummins (+1,7%), concepteur de moteurs diesel et au gaz naturel basé à Columbus, Indiana, a annoncé pour le premier trimestre un bénéfice net de 824 millions de dollars et 5,96$ par action, largement au-dessus du consensus, pour des revenus de 8,17 milliards de dollars.
Ares Management (+2,1%), la firme d'investissement alternatif, a affiché au premier trimestre un bénéfice net part du groupe de 47 millions de dollars, ainsi qu'un bénéfice "réalisé" après imposition de 381 millions de dollars et 1,09$ par action. Les revenus de commissions ont été de 367 millions.
Tyson Foods (-9,8%), le groupe alimentaire américain, a révélé pour son deuxième trimestre un bénéfice de 7 millions de dollars et 2 cents par action, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 92 cents à comparer à un consensus de 85 cents. Les revenus du producteur de viande ont totalisé 13,1 milliards de dollars, légèrement inférieurs aux anticipations de marché.
Zimmer Biomet (-9,1%), le groupe médical américain, n'a pas démérité au premier trimestre avec un bénéfice net de 182 millions de dollars et un bpa ajusté de 1,81$, à comparer à un consensus de 1,76$. Le géant des appareils orthopédiques a réalisé des revenus de 1,91 milliard de dollars, contre 1,89 milliard de consensus. Le bpa annuel ajusté est toutefois anticipé entre 7,90 et 8,10$, contre une guidance antérieure allant de 8,15 à 8,35$ et un consensus de 8,2$. Le groupe anticipe l'impact de l'acquisition de Paragon 28, la volatilité des changes et l'effet des tarifs douaniers.
Loews (-1,2%), le groupe diversifié américain, a affiché au premier trimestre un bénéfice de 370 millions et un bpa de 1,74$, pour des revenus de 4,49 milliards de dollars. L'unité CNA Financial (-0,2%) a réalisé un profit de 274 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,03$, alors que ses revenus ajustés ont été de 3,24 milliards.
BioNTech (-3,5%), le groupe biotechnologique allemand coté à Wall Street, partenaire de Pfizer (-0,4%), a annoncé pour le premier trimestre des revenus de 0,2 MdE et une perte nette de 0,4 MdE, ainsi qu'une perte par action de 1,73 euro. Le groupe maintient une position de cash et équivalents de 15,9 milliards d'euros. Il confirme sa guidance financière 2025.
Berkshire (-5,1%), Warren Buffett, 94 ans, quittera ses fonctions de directeur général de Berkshire Hathaway à la fin de l'année. Le vice-président des opérations hors assurance, Greg Abel, 62 ans, prendra alors la succession du légendaire oracle d'Omaha. Les plans ont été confirmés samedi, devant les milliers d'actionnaires du groupe rassemblés dans le Nebraska pour écouter leur gourou. Ainsi, Buffett a estimé que "le moment était venu" pour Abel de prendre la direction du groupe.
Berkshire a publié un bénéfice opérationnel du premier trimestre en recul de 14%. Le niveau de trésorerie du groupe a encore gonflé avec les cessions, atteignant désormais 347,7 milliards de dollars contre 334,2 milliards à la fin de l'an dernier. Les comptes trimestriels ont toutefois été marqués par une baisse de valeur des investissements et des pertes de 860 millions de dollars dans l'assurance liées aux polices d'assurance souscrites par Geico et les autres compagnies d'assurance avant les incendies du sud de la Californie. Berkshire a réalisé un bénéfice de 4,6 milliards de dollars, soit 3.200$ par action de catégorie A, au premier trimestre, contre 12,7 milliards de dollars un an avant. Le bénéfice opérationnel, excluant la valeur des investissements, a mieux résisté, en baisse à 9,6 milliards et environ 6.703$ par titre, contre 11,2 milliards un an plus tôt. Le consensus était un peu plus haut, à plus de 7.000$ par action.
Le niveau de cash de Berkshire interpelle. Il montre que le groupe ne voit pas pour l'heure d'opportunité majeure d'investissement. Le rapport du groupe ne précise pas si le conglomérat a mis à profit la grosse faiblesse boursière du mois d'avril pour prendre ou renforcer des positions.
Apple (-3,3%). Le géant taïwanais Foxconn, leader mondial de l'électronique sous contrat et premier assembleur de l'iPhone, a fait état d'une croissance de 25,5% de son chiffre d'affaires d'avril. Le groupe envisage une croissance au deuxième trimestre par rapport à la même période de l'année précédente, même si l'impact de l'évolution de la situation politique et économique mondiale restera étroitement surveillé. Pour son premier trimestre, le groupe avait réalisé une croissance de 24,2% à environ 49,5 milliards de dollars de revenus.
Apple entend par ailleurs vendre des obligations 'corporate' ce lundi, selon une personne proche du dossier citée par Bloomberg. Il s'agirait de la première émission de dette en deux ans pour le fabricant de l'iPhone, qui prévoit donc d'émettre des obligations de qualité investissement en quatre tranches. Les discussions initiales sur le prix de la tranche la plus longue de l'opération, une obligation à 10 ans, sont d'environ 0,7 point de pourcentage au-dessus des obligations du Trésor, a déclaré la source de Bloomberg, qui a requis l'anonymat, les détails de la transaction étant confidentiels.
La transaction intervient alors que les banquiers prévoient entre 35 et 40 milliards de dollars d'émissions de nouvelles obligations d'entreprises américaines de haute qualité cette semaine, ajoute Bloomberg. Barclays, Bank of America, Goldman Sachs et JP Morgan gèreraient la vente de dette d'Apple, a précisé encore la source. La vente d'obligations la plus récente de la société a eu lieu en mai 2023, lorsqu'elle avait émis pour 5,25 milliards de dollars de titres en cinq parties, dont une tranche à 30 ans. Les obligations qu'Apple vendra ce jour devraient être notées 'Aaa', le niveau le plus élevé chez Moody's, et 'AA+', deuxième niveau le plus élevé pour S&P Global Ratings.
Nvidia (-1%). Un législateur américain prévoit de présenter dans les prochaines semaines un projet de loi visant à vérifier la localisation des puces d'intelligence artificielle comme celles fabriquées par Nvidia, après leur vente, indique l'agence Reuters. Cette initiative visant à surveiller ces puces, qui a bénéficié du soutien bipartisan des législateurs américains, vise à répondre aux signalements de contrebande massive de puces Nvidia vers la Chine, en violation des lois américaines sur le contrôle des exportations, ajoute Reuters.
Tesla (-3,8%) a affiché une chute de 36% de ses ventes en avril en Espagne, à 571 véhicules selon l'ANFAC, ce qui confirme la très mauvaise passe du groupe en Europe. Le constructeur texan de VE a affiché en avril un plongeon de près de 81% de ses ventes en Suède, contre 67% de recul au Danemark et -59% en France.
Netflix (-2%). "L'industrie cinématographique américaine est en train de mourir à vue d'oeil. D'autres pays proposent toutes sortes d'incitations pour attirer nos cinéastes et nos studios hors des États-Unis. Hollywood, et de nombreuses autres régions des États-Unis, sont dévastées. Il s'agit d'un effort concerté d'autres nations et, par conséquent, d'une menace pour la sécurité nationale (...). Par conséquent, j'autorise le Département du Commerce et le Représentant américain au Commerce à engager immédiatement le processus d'instauration d'un tarif douanier de 100% sur tous les films produits à l'étranger entrant dans notre pays", a asséné Trump sur Truth Social.
Les conséquences sont difficilement mesurables pour le géant du streaming, mais son cours de bourse pointait au plus haut historique après une séquence historique de 11 séances dans le vert et des résultats trimestriels largement supérieurs aux attentes. Ces annonces de Trump, qui viennent perturber l'ordre établi, constituent donc une source d'incertitude notable.