Le groupe public français Orano (ex-Areva) a signé vendredi à Oulan-Bator avec la Mongolie un accord pour l'exploitation d'une vaste gisement d'uranium, présenté par Paris comme "historique" et permettant d'améliorer la "souveraineté" énergétique française.
Cette signature, qui concrétise la bonne santé des liens bilatéraux, se faisait attendre depuis octobre 2023, lorsque le protocole d'accord sur l'exploitation du site de Zuuvch-Ovoo avait été paraphé en France, lors d'une visite d'Etat du président mongol Ukhnaa Khurelsukh.
Les discussions avaient débuté entre Orano et le gouvernement mongol il y a plus de deux ans. Les détails de l'accord final ne sont pas connus dans l'immédiat mais devraient l'être dans la journée.
Selon un communiqué du gouvernement mongol cité par la presse et diffusé en 2024, l'accord prévoyait un investissement total de 1,6 milliard de dollars (1,55 milliard d'euros) avec une mise initiale de 500 millions et une première production effective en 2027.
"Nous signons un accord historique qui donne à notre relation une profondeur et une densité nouvelle. Historique par son ampleur, par sa portée stratégique pour nos deux pays", s'est félicité le ministre français délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.
"En contribuant à sécuriser nos approvisionnements énergétiques, cet accord contribuera tout simplement à une meilleure souveraineté de la France", a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature à Oulan-Bator, la capitale mongole.
Pour la France, assurer la fourniture en uranium des centrales françaises par une entreprise nationale, Orano, détenue à 90% par l'Etat, est crucial car cela permet de sécuriser les approvisionnements du pays.
- "Acteur majeur" -
D'après Orano, ce gisement, découvert par les géologues de l'entreprise dans le sud-ouest de la Mongolie, est "majeur". Il possède environ 90.000 tonnes de ressources et devrait être exploité sur trois décennies.
D'après les estimations, la production de ce futur site devrait être d'environ 2.500 tonnes par an.
Pour donner un ordre de grandeur, c'est environ un quart de la consommation annuelle du parc nucléaire français. Point important toutefois: l'uranium extrait ne sera pas uniquement dirigé vers la France, Orano ayant d'autres clients qu'EDF (l'exploitant des centrales françaises).
Outre Laurent Saint-Martin, l'accord a notamment été signé par le directeur général d'Orano, Nicolas Maes et plusieurs responsables mongols.
Ce projet franco-mongol est développé depuis plusieurs années par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l'entreprise publique mongole MonAtom.
Le gisement de Zuuvch-Ovoo compte "parmi les 10 plus importants du monde" et "fera de la Mongolie un nouvel acteur majeur du marché mondial de l'uranium", a affirmé Laurent Saint-Martin.
- Projet pour 40 ans -
Le projet d'accord d'investissement avec Orano avait été approuvé le 10 janvier par le Parlement mongol, ouvrant la voie à la signature de cet accord.
La direction d'Orano avait indiqué l'an passé à l'AFP que "ce projet est prévu pour durer 40 ans".
La Mongolie, vaste pays situé entre la Chine et la Russie, a misé sur les richesses de son sous-sol pour diversifier et stimuler son économie historiquement basée sur l'agriculture.
Outre le cuivre, le pays est un grand exportateur de minerai de fer mais aussi de charbon.
Orano dit être présent en Mongolie depuis 27 ans via ses activités minières.
Areva avait accepté début décembre de payer une amende de 4,8 millions d'euros contre l'abandon des poursuites à Paris pour corruption d'agents publics étrangers en Mongolie entre 2013 et 2017.
Orano Mining a accepté, dans cette procédure, de prendre en charge un programme de mise en conformité de 1,5 million d'euros maximum pendant trois ans sous le contrôle de l'Agence française anticorruption (Afa).
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