Alors que l'annonce de l'implantation de magasins permanents Shein en France suscite depuis quelques jours une vive controverse, l'intersyndicale (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT et SUD Solidaires) appelle les salariés du BHV Marais, à Paris, à un débrayage ce vendredi, de 15h à 18h. Un rassemblement est également prévu pour dénoncer l'installation, au sixième étage du grand magasin du Marais, d'un point de vente permanent du géant chinois de la fast fashion, attendue dès novembre.
Pour rappel, la marque chinoise à bas prix a annoncé la semaine dernière l'ouverture d'un premier magasin permanent au BHV Marais à Paris, ainsi que de boutiques dans cinq Galeries Lafayette, situées à Dijon, Grenoble, Reims, Limoges et Angers. Ce projet, porté par la Société des Grands Magasins (SGM), vise à attirer une clientèle plus jeune dans ses établissements.
Dans un communiqué, les organisations syndicales alertent sur les difficultés croissantes du grand magasin parisien depuis sa reprise en 2023 par la SGM, après la cession de son fonds de commerce par le groupe Galeries Lafayette. Elles pointent une situation qui "n'a cessé de se dégrader", alors que "plus de 300 emplois directs ont été supprimés".
"Un modèle économique destructeur"
L'intersyndicale rappelle également que plusieurs marques ont déjà quitté les grands magasins à cause de retards de paiement. L'annonce du partenariat entre le BHV et Shein aurait précipité le retrait d'autres enseignes françaises, comme Aime, Talm, Odaje, Culture Vintage ou Maison Pechavy, qui ont décidé de mettre fin à leur collaboration avec le BHV Marais.
Les syndicats jugent que le partenariat avec Shein "ne fait que confirmer le choix d'un modèle économique destructeur, au mépris des savoir-faire français et des métiers du commerce". Ils reprochent à la direction du BHV d'avancer un chiffre de "35 emplois créés" comme argument, ce qu'ils qualifient de "dérisoire face aux 400 suppressions déjà effectuées".
Rupture entre la Banque des Territoires et le BHV
Plusieurs acteurs de la mode française, associations et collectivités locales ont également dénoncé l'impact de Shein sur les marques locales et sur l'environnement. Par ailleurs, la Banque des Territoires, entité de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a mis fin aux négociations entamées avec la SGM pour racheter les murs du BHV, évoquant une "rupture de confiance".
De son côté, Shein, jusqu'à présent présent uniquement en ligne ou via des pop-up, franchit un nouveau cap avec ce premier magasin physique permanent en France. Le passage au format physique constitue un tournant stratégique pour l'enseigne, qui devra désormais gérer des stocks et des coûts supplémentaires. Jusqu'ici, son modèle reposait sur la vente de vêtements à bas prix, souvent inférieurs à 20 euros, expédiés directement depuis la Chine, une pratique bénéficiant d'exemptions douanières sur les petits colis, bientôt supprimées en Europe.