Un chef de l'Etat dans l'arène, vantant sa politique économique et son bilan : Emmanuel Macron, en retrait de la gouvernance du pays depuis la dissolution de l'Assemblée, a retrouvé mercredi des accents de président "qui gouverne" lors d'un déplacement dans le nord de la France.
"J'entends parfois tous les débats qu'on a en ce moment. Moi je ne fais pas de politique. Je ne sais pas si c'est de droite ou de gauche. Je sais que ça marche", a-t-il martelé en visitant un site du groupe Framatome, géant de la filière nucléaire, à Maubeuge (Nord).
"La constance et la stabilité c'est ce qui permet de tenir", a-t-il insisté comme en écho aux propos de Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui a dénoncé mardi l'augmentation prévue des impôts sur les entreprises françaises.
Le patron de LVMH a jugé qu'il s'agissait d'une "taxe sur le made in France" qui "pousse à la délocalisation" et vanté en contrepoint la politique du président Donald Trump aux Etats-Unis.
"Une politique qui aide les entreprises à investir, qui récompense le travail et qui aide à réinvestir et à innover c'est une politique qui permet de créer de l'emploi et d'industrialiser. Il y a pas de secret", a insisté Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat a raréfié ses prises de parole depuis la dissolution, se posant en "président qui préside" face à un "gouvernement qui gouverne".
- "Pas de fatalité" -
Pour ce premier déplacement de terrain depuis septembre - alors qu'ils étaient quasi hebdomadaires du temps de "l'hyperprésidence" - il a retrouvé sa tonalité d'avant, lorsqu'il déroulait toutes les annonces à l'échelle nationale, de l'éducation aux transports.
Venu annoncer un nouveau plan de soutien de quelque 290 millions d'euros pour le développement du territoire déshérité de Sambre-Avesnois-Thiérache, à la frontière avec la Belgique, il a décliné les projets qui allaient être financés, de la santé à la création d'une brigade contre les violences intrafamiliales.
"Vous démontrez que quand on s'accroche, quand on le veut, quand on se bat, quand on se donne les moyens et qu'on se fait confiance, il n?y a aucune fatalité. Il n'y a que des projets et des solutions qui avancent. C'est ce pour quoi nous nous battons", a-t-il lancé à Aulnoye-Aymeries (Nord).
Avec une scénographie qui rappelait celle des grands débats lors de la crise des Gilets jaunes, avec un président en verve, parlant debout, au milieu d'élus et responsables économiques.
S'il a perdu la main sur la politique économique et sociale au profit du Premier ministre, Emmanuel Macron entend continuer à incarner des batailles emblématiques, comme celle pour une "nouvelle Renaissance" du Louvre, avec une série d'annonces mardi.
Le président est "en charge à la fois de l'essentiel et puis du quotidien", martèle l'Elysée.
- RN en embuscade -
Les deux premiers plans déroulés sous sa houlette sur ce territoire, à cheval entre le Nord et l'Aine, y ont fait reculer le chômage de 16,5% en 2017 à 12% en 2024 et relancé les créations d'entreprises avec quelque 2.500 par an contre 1.500 en 2018, se félicite l'Elysée.
Ils ont permis de doubler le nombre de voies de la RN2, de construire un nouveau complexe hospitalier à Maubeuge, un commissariat à Aulnoye ou de réhabiliter 70.000 logements et nombre de friches industrielles.
Sans enrayer pour autant la montée du Rassemblement national (RN) dans ce secteur aux législatives de 2022 et 2024.
"C?est vrai que, aujourd?hui, les électeurs n'ont pas dit : +On est contents de cette politique, on revote pour elle+", a concédé le chef de l'Etat dans une interview à plusieurs médias régionaux dont La Voix du Nord.
"On le voit bien, les gens vont vers les extrêmes qui catalysent une colère, un ras-le-bol qui existe chez les gens, ce que j'entends", a-t-il ajouté tout en appelant à "confronter" ce "discours décliniste".
Ironie de l'histoire, Emmanuel Macron était accompagné par le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pressenti un temps pour Matignon après la dissolution avant d'être recalé sur pression du RN.
© 2025 AFP