En Alsace, la FNSEA retire l'acétamipride des supermarchés...

En Alsace, la FNSEA retire l'acétamipride des supermarchés

"N'achetez pas ce que vous nous interdisez": dans un hypermarché proche de Strasbourg, des agriculteurs de la FNSEA n'en démordent pas: si la loi Duplomb n'a pas permis de réautoriser l'acétamipride, alors les produits importés contenant cet insecticide doivent être retirés des rayons.

Joignant le geste à la parole, ils sont une trentaine de producteurs du Bas-Rhin à s'être donné rendez-vous dans une grande surface à Mundolsheim, au nord de la capitale alsacienne, drapeaux du syndicat bien en vue, pour trier eux-même les produits qui ne sont pas soumis à la règlementation française.

"Il faut une cohérence totale", réclame Laurent Fischer, éleveur de poules pondeuses et céréalier, secrétaire général de la FDSEA 67.

"Nous, on se retrouve dans une impasse par rapport à nos concurrents européens. Si des produits doivent être interdits, il faut les interdire pour tout le monde".

Leurs imposants tracteurs garés sur le parking, les agriculteurs poussent chariots et porte-palettes à la recherche des articles pour lesquelles la molécule a pu être utilisée lors de la culture.

Et les références s'entassent au milieu du magasin: Nutella et la quasi-totalité des pâtes à tartiner, mais aussi des biscuits Lu ou Delacre, des friandises M&M's, Kinder ou Maltesers ou encore des tablettes de chocolat Nestlé ou Côte d'or.

- "Précaution à outrance" -

"Aujourd'hui, on parle de l'acétamipride (et des) noisettes et betteraves, mais il y a une douzaine de filières concernées, tous les fruits et légumes", assure Thomas Lux, président des Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin.

Il ne décolère pas après la décision du Conseil constitutionnel, qui a retoqué le 7 août l'article 2 de la Loi Duplomb, qui prévoyait la réintroduction sous conditions de cet insecticide.

"On interdit une molécule qui est utilisée par tout le monde, considérée comme peu dangereuse quand elle est maîtrisée", explique-t-il. "Et nous, justement, on maîtrise cette solution, on respecte les doses, les délais (...) Aujourd'hui c'est l'acétamipride, mais demain qu'est-ce que ce sera?".

- 70 tonnes à l'hectare -

Producteur certifié "Haute valeur environnementale" à Dorlisheim, Thomas Blum parcours les étals pour y apposer des étiquettes "Sans solution, c'est la disparition", afin de mettre en garde les clients sur le devenir de la production de légumes français.

Depuis l'interdiction des néonicotinoïdes, il estime qu'il a perdu plus de 12% de ses rendements de betteraves.

"J'étais à 80, je suis passé à 70 tonnes à l'hectare. Si vous on vous enlève 10% de votre salaire demain, vous allez dire quoi?", interroge-t-il. "Bien sûr, on essaie de s'en sortir autrement, mais on nous retire des choses et on ne nous offre pas de solution de remplacement derrière. J'ai des collègues qui ont arrêté la betterave".

L'action des agriculteurs, menée dans le calme et sous la surveillance des forces de l'ordre, est regardée avec bienveillance par les clients de l'hypermarché.

"Je les soutiens, ils ont totalement raison", juge Yves, 63 ans, retraité des industries gazières.

"On les matraque avec des règles qui sont imposées uniquement en France, et pas en Europe. Ils subissent trop de contraintes", estime celui qui "essaie" de n'acheter "que des produits français".

Prêt à poursuivre son action, le syndicat a déjà annoncé son intention de mener ce type d'opérations dans d'autres grandes surfaces. "Quand les rayons se vident, la vérité éclate", assure-t-il.

© 2025 AFP

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