Le président Emmanuel Macron prend la parole dimanche soir à la télévision pour affirmer la place de la France sur la carte mondiale de l'intelligence artificielle, à la veille du Sommet de Paris sur cette technologie qui doit réunir dirigeants politiques et chefs d'entreprise.
Le chef de l'Etat est annoncé à 20H30 sur la chaîne France 2, deux jours après avoir déjà tracé auprès de la presse régionale les grandes lignes de sa stratégie dans ce domaine, que le grand public a découvert il y a deux ans avec ChatGPT, le robot conversationnel de l'entreprise américaine OpenAI, capable de répondre à toutes sortes de questions posées par les utilisateurs.
L'IA a depuis bouleversé de nombreux pans de la société. La France, et plus largement l'Union européenne, tentent de se faire une place dans la bataille face aux mastodontes des Etats-Unis et de Chine.
"Si l'Europe se saisit de ce sujet, simplifie, accélère, elle a une carte à jouer. Aujourd'hui, tout est possible si nous avons une stratégie", a estimé vendredi M. Macron, tout en assurant vouloir rester vigilant face aux potentielles menaces que l'IA peut représenter.
L'entretien de dimanche sera une nouvelle occasion pour celui qui fut surnommé le président de la "startup nation" d'affirmer son soutien au développement à cette technologie.
L'exécutif vient d'annoncer que 35 sites "prêts à l'emploi" avaient été identifiés pour accueillir des data centers, ces gigantesques bâtiments conçus notamment pour permettre l'entraînement des modèles d'IA.
- Course aux centres de données -
Dans cette course aux centres de données, le fonds canadien Brookfield va investir 20 milliards d'euros en France pour notamment en construire un à Cambrai (Nord), a appris l'AFP d'une source proche du dossier, confirmant une information de La Tribune Dimanche.
Jeudi, la présidence française avait déjà indiqué que les Emirats arabes unis avaient l'intention de construire dans le pays un centre de données géant, pour un investissement compris entre 30 et 50 milliards d'euros, sans en révéler la localisation.
La France compte actuellement plus de 300 centres de données, se plaçant ainsi au sixième rang mondial des pays en accueillant le plus, après les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et le Canada, selon un rapport du Conseil économique social et environnemental (CESE).
Lundi et mardi, des chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que des patrons du secteur, seront ensuite réunis pour débattre de multiples questions relatives aux intelligences artificielles, qu'elles soient diplomatiques, politiques, économiques, éthiques ou encore juridiques.
La participation d'une centaine de pays est annoncée, avec par exemple le Premier ministre indien Narendra Modi, le vice-président des Etats-Unis J.D. Vance, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chancelier allemand Olaf Scholz.
- Demande de régulation -
Côté chefs d'entreprise, le fondateur de Mistral AI, la pépite française du secteur, Arthur Mensch, est attendu, tout comme le dirigeant d'OpenAI, Sam Altman.
Au-delà de l'enthousiasme qu'elle a pu faire naître, l'IA suscite aussi parfois des réserves en raison des potentielles menaces qui l'accompagnent.
Quels emplois va-t-elle détruire? Quelles données personnelles récolte-t-elle et où vont-elles? L'intelligence artificielle n'accroît-elle pas le risque de désinformation, d'arnaques en ligne et d'autres fléaux d'internet? Ne creuse-t-elle pas les inégalités culturelles, économiques ou générationnelles?
Face à des acteurs privés très ambitieux, la demande de régulation est forte. Le président français a promis, pour la fin du Sommet, une déclaration "avec des principes forts sur la protection des droits, l'environnement, l'intégrité de l'information, la propriété intellectuelle".
Selon La Tribune Dimanche, la création d'une fondation dotée de 400 millions d'euros doit aussi être annoncée, avec pour objectif de développer une culture "open source" de l'IA, c'est-à-dire des modèles permettant d'avoir plus facilement accès à leurs données et à leur recette de construction pour savoir comment ils fonctionnent exactement.
De son côté, le géant américain Microsoft a indiqué dimanche vouloir lancer aux Emirats arabes unis une fondation chargée notamment d'élaborer des standards pour une intelligence artificielle "transparente et responsable", au Moyen-Orient et à l'international.
Ce projet, au budget non divulgué, est mené en partenariat avec la société d'IA G42, contrôlée par Tahnoon ben Zayed, conseiller à la sécurité nationale et frère du président émirati, ainsi que l'université d'intelligence artificielle Mohammed ben Zayed.
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