L'euro se maintient au-dessus des 1,17$ ce vendredi, et signe une septième séance consécutive de progression (+0,10%). En hausse de 1,7% sur la semaine, la devise unique évolue au plus haut depuis septembre 2021. A l'inverse, l'indice dollar évolue proche de son plus bas niveau depuis plus de trois ans. La trêve entre l'Iran et Israël et les anticipations de baisse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale pèsent sur le billet vert, tout comme la possibilité de voir Donald Trump nommer un nouveau président de la Réserve fédérale 'dovish', plus tôt que prévu. Les traders ont d'ailleurs augmenté leurs paris sur les réductions de taux aux Etats-Unis, et tablent désormais sur 64 points de base d'assouplissement cette année contre 46 pb attendus vendredi.

"Le soutien passager au billet vert, né des tensions géopolitiques et de son statut traditionnel de valeur refuge, s'est pratiquement évaporé", explique à 'Bloomberg' Antonio Ruggiero, stratège chez Convera, société de change et de paiements internationaux. Le dollar connaît sa plus mauvaise première partie d'année depuis l'ère des monnaies flottantes, au début des années 1970. "Je ne pense pas qu'il s'agisse uniquement de la réévaluation de la Fed, je pense qu'il y a un problème plus large de ternissement de l'exceptionnalisme américain", ajoute M.Gkionakis d'Aviva Investors.

A l'inverse, les plans de dépenses budgétaires historiques en Allemagne dopent la confiance des investisseurs quant à la sortie de plusieurs années de stagnation en Europe, ce qui, in fine, renforce l'intérêt pour la monnaie unique. L'annonce d'une inflation un peu plus vigoureuse qu'attendu en juin en France soutient également l'euro dans la mesure cela devrait inciter la BCE à opter pour une pause dans son cycle d'assouplissement lors de sa prochaine réunion.

"La BCE approche de la fin de son cycle d'assouplissement monétaire, tandis que les flux de portefeuille et la diversification des réserves hors du dollar pourraient favoriser des monnaies de réserve alternatives comme l'euro", écrivent les stratèges d'Oversea-Chinese Banking cités par l'agence.

Signe du retour en force de la monnaie unique, les volumes de transactions sur l'euro sur le marché des options de change, qui pèse plus de 300 milliards de dollars, ont atteint des niveaux records et montrent que les investisseurs parient sur une poursuite de la progression de la devise. Le volume des transactions a dépassé les 56 milliards de dollars jeudi, selon les données de la Depository Trust & Clearing Corporation compilées par 'Bloomberg'. Cela représente plus de quatre fois le volume d'échanges sur le yen, deuxième devise la plus négociée avec 13 MdsY. Il faut remonter à juin 2021 pour voir la monnaie unique évoluer au-dessus des 1,20$.

"L'euro a le vent en poupe et cela se reflète sur les marchés d'options cette semaine", note Shoki Omori, stratège chez Mizuho Securities à Tokyo. "Si Trump bloque réellement les échanges, la zone euro deviendra le plus grand État économique après les États-Unis et les investisseurs voudront négocier la devise".

Dans ce contexte, le marché surveillera très attentivement les données sur les prix PCE, la mesure d'inflation préférée de la Fed, à 14h30.