Clôture Wall Street : très belle fin de semaine ; les doutent s'apaisent...

Clôture Wall Street : très belle fin de semaine ; les doutent s'apaisent

Au lendemain d'une séance tendue et volatile, Wall Street se reprend... La semaine s'achève sur une bonne note, même si la question de la valorisation du secteur de l'IA perturbe toujours les opérateurs. L'intervention du patron de la Fed de New York a aujourd'hui redonné de l'allant aux investisseurs en faisant remonter la perspective d'une baisse des taux. Alors que plusieurs avis prudents de responsables de la Fed -dont notamment celui de Lisa Cook- avaient affecté les marchés, hier soir, la voix de John Williams, a quelque peu rassuré. Il entrevoit en effet "une marge" pour un assouplissement monétaire à court terme.

En clôture ce vendredi, le S&P 500 s'apprécie de +0,98% à 6.602,99 points, au terme d'une semaine tendue, puisque redonnant -1,04% en glissement hebdomadaire. Le Dow Jones est également en hausse soutenue, avec un gain de +1,08% ce vendredi, à 46.245,41 pts. Malgré ce rebond, les valeurs industrielles cèdent cependant -0,74% sur la semaine. Au lendemain d'un violent décrochage de -2,15%, le Nasdaq se reprend de +0,88% à 23.273 pts. En glissement hebdomadaire, l'indice à dominante technologique flanche encore de -1,92%. Le scepticisme perdure concernant l'IA, malgré les résultats nettement supérieurs aux attentes de Nvidia et les efforts de son patron Jensen Huang pour rassurer concernant les perspectives du secteur en général et de son groupe en particulier.

Ces efforts sont relayés, ce vendredi, par Philip Jefferson, vice-président de la Fed. Il estime que la flambée des cours des actions de l'intelligence artificielle n'est probablement pas une répétition du boom boursier des années 1990 (bulle Internet) qui s'était terminé par un krach, en grande partie parce que les entreprises liées à l'IA seraient bien établies et feraient déjà des bénéfices. Philip Jefferson estime que le système financier reste sain et résilient. A l'occasion d'une intervention pour une conférence de la Fed de Cleveland, il a indiqué que les entreprises d'IA n'avaient jusqu'à présent pas eu recours de manière intensive au financement par l'emprunt. Un recours limité à l'effet de levier pourrait selon lui "réduire la propagation d'une évolution de la perception de l'IA à l'ensemble de l'économie via les marchés du crédit". Mais si les futurs investissements dans l'infrastructure d'IA nécessitent davantage d'endettement, "l'effet de levier dans le secteur de l'IA pourrait augmenter, tout comme les pertes potentielles en cas d'évolution de la perception de l'IA". Il pense que l'IA pourrait transformer le monde de manière radicale et tumultueuse, même s'il est encore trop tôt pour en déterminer précisément les conséquences.
Michael Barr, gouverneur de la Fed, était dans ce même registre jeudi, à l'occasion du FinRegLab AI Symposium 2025 à Washington. Il a estimé que l'IA génère déjà des gains significatifs en matière de PIB, même si elle ne se traduit pas encore par des gains de productivité. Il considère que les tendances des marchés actions influencent les décisions d'achat des consommateurs les plus aisés. Malgré les perturbations de court terme, il juge que l'intelligence artificielle devrait apporter des bénéfices globaux. L'IA serait donc probablement globalement positive, selon le gouverneur...

Sur le plan monétaire, les anticipations monétaires pour la réunion de la Fed du 10 décembre ont à nouveau basculé en faveur d'un assouplissement d'un quart de point avec John Williams. Le président de la Fed de New York s'est montré très ouvert à une baisse de taux, évoquant une politique monétaire légèrement restrictive et attribuant les heurts concernant l'inflation aux tarifs douaniers. Cet impact serait temporaire. Il plaide donc pour une politique relativement accommodante et table sur un retour de l'inflation à 2% d'ici 2027, ce qui laisserait une marge de manoeuvre pour ajuster les taux et soutenir le marché du travail.
Les Minutes de la précédente réunion de la Fed, publiées mercredi soir, avaient fait référence de manière insistante au risque de résurgence de l'inflation et le comité monétaire de la banque centrale américaine n'a jamais été aussi divisé. Chaque voix comptera donc le 10 décembre...

Dans cette perspective, chacun des experts de l'institution monétaire tente de jouer de son pouvoir d'influence... La présidente de la Réserve fédérale de Cleveland, Beth Hammack, s'exprimant jeudi, a déclaré que la baisse des taux d'intérêt pour soutenir le marché du travail pourrait prolonger la période d'inflation supérieure à l'objectif et accroître les risques pour la stabilité financière...
Lisa Cook, maintenue à la Fed malgré la volonté de Donald Trump d'obtenir son éviction pour des allégations de fraude sur prêt immobilier, a également amené, jeudi, une certaine confusion sur les marchés financiers en évoquant des valorisations élevées des actions, obligations 'corporate', de l'immobilier, ainsi que la question des prêts à levier, qui augmenteraient le risque d'importants déclins du marché. Elle note toutefois que le système financier resterait résilient, mais s'affirme préoccupée par les risques de liquidité liés au rôle croissant des 'hedge funds' sur les marchés du Trésor. Elle ajoute que le 'private equity' n'est pas une menace pour la stabilité... mais doit être surveillé. Elle estime que l'Intelligence artificielle pourrait améliorer... ou déstabiliser les marchés, son impact demandant une "observation attentive".
Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a indiqué qu'à court terme, il est un peu réticent à l'idée de procéder à trop de baisses de taux d'un coup. Il craint en effet que l'inflation ne soit pas transitoire.
Le gouverneur Stephen Miran fraîchement désigné par Trump a précisé jeudi, que la Fed était tenue de rapprocher ses taux du taux neutre... Il avait précédemment plaidé pour des baisses de taux conséquentes.

Susan Collins, présidente de la Fed de Boston, a indiqué ce vendredi, qu'une politique monétaire légèrement restrictive serait appropriée à l'heure actuelle, et qu'elle est hésitante à aller trop loin en matière de baisse des taux alors que l'inflation reste élevée.
Lorie Logan, patronne de la Fed de Dallas, a soutenu ce vendredi, que la Fed devrait maintenir ses taux stables pendant un certain temps, afin "d'évaluer le degré de restriction". Elle juge l'inflation encore trop élevée. Lors d'une intervention à Zurich, elle a également jugé que la réduction des taux d'octobre n'était alors pas justifiée compte tenu de l'inflation élevée et d'un marché de l'emploi à peu près équilibré. A moins que les conditions n'évoluent, elle n'envisage donc pas non plus de baisse des taux en décembre.

Sur le front politique, CNN croit savoir que Trump préparerait un possible remaniement de l'équipe gouvernementale pour la première année de son second mandat à la Maison Blanche. Pourraient notamment être visés le département de Sécurité intérieure ou celui de l'Energie dirigé par Chris Wright.

Dans l'actualité commerciale, Trump a encore étendu les allégements tarifaires sur les produits brésiliens, dans le cadre de mesures visant à réduire le coût de certains produits de consommation et une semaine après la signature d'un décret similaire réduisant plus largement les droits de douane sur des produits tels que le boeuf, les tomates, le café et les bananes. Ces dernières semaines, Trump a également évoqué la possibilité d'un "dividende" pour de nombreux Américains, sous la forme d'un chèque de 2.000$, en utilisant les recettes des tarifs douaniers, "probablement vers le milieu de l'année prochaine ou un peu plus tard".

Sur le plan de la macroéconomie, les indicateurs PMI préliminaires américains de novembre se sont affichés très proches des anticipations des économistes. L'indice manufacturier s'est établi à 51,9 (52 de consensus), tandis que le PMI des services est ressorti à 55, comme attendu. L'indice composite préliminaire s'est affiché à 54,8, contre 54,6 pour la lecture finale d'octobre, signalant toujours une nette expansion de l'activité aux Etats-Unis.
L'indice final du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de novembre est ressorti à 51, en ligne avec le consensus des économistes de la place, contre une lecture préliminaire de 50,3.

Les pétroles reculent, sur une 3e séance de repli consécutif... Le baril de brut WTI, la référence américaine, abandonne -1,28% à 57,99$ et décroche même de -2,96% en glissement hebdomadaire. La référence pétrolière européenne, le Brent de mer du Nord, recule de -1,19% à 62,44$ le baril, et se tasse de -2,5% sur la semaine.
Du côté des devises, le dollar s'apprécie de +0,67% sur la semaine face à l'euro, s'échangeant 0,8685.
En recul de -1,48% cette semaine, l'once d'or se maintient autour de 4.000 dollars l'once, pointant à 4.065,89$ (3.531 euros) ce vendredi.
Le Bitcoin accélère sa chute, redonnant 4,24% pour terminer à 84.297$. La star des cryptomonnaies est tombé à un plus bas du jour de 80.562$, et n'a pas excédé 87.404$ sur la séance.

Les valeurs

* Ross Stores (+8,41% à 174$). La performance du 2e distributeur américain d'articles d'habillement et d'accessoires de grandes marques à prix réduits est saluée par Wall Street. Sa publication trimestrielle a dépassé les attentes sur le trimestre clos, et affiche une guidance robuste pour la saison des fêtes de fin d'année. Sur son 3e trimestre, le groupe a réalisé un bpa ajusté de 1,58$ (1,4$ de consensus), pour des revenus de 5,6 Mds$ (+10%) également meilleurs que prévu. Le bénéfice net a représenté 512 M$ sur ce trimestre clos début novembre. Les ventes à comparable ont augmenté de 7%.

* Gap (+8,24% à 24,96$). L'enseigne de vêtements californienne a relevé ses prévisions financières après un 3e trimestre meilleur qu'attendu. Pour le trimestre clos, le bénéfice ajusté par action a atteint 62 cents (58 cents de consensus et 72 cents un an avant). Les revenus ont totalisé 3,94 milliards de dollars, légèrement supérieurs aux attentes (3,83 Mds$ pour la période correspondante de l'an dernier). Les ventes à comparable de Gap se sont appréciées de +5% en glissement annuel, soit le 7e trimestre consécutif dans le vert de ce point de vue. Le groupe envisage désormais une croissance de +1,7 à +2% du chiffre d'affaires annuel, soit une révision à la hausse du bas de fourchette. La marge opérationnelle est anticipée à 7,2%, en tenant compte d'un impact des tarifs douaniers attendu à 100-110 points de base.

* Intuit (+4,03% à 663,15$). La firme américaine qui développe des solutions de gestion et de comptabilité à destination des petites entreprises a publié, jeudi soir, un 1er trimestre fiscal supérieur aux attentes de marché. Elle affiche un bénéfice ajusté par action de 3,34$ (3,1$ de consensus ; 2,5$ un an avant). Le groupe aux produits TurboTax et QuickBooks a réalisé des revenus trimestriels de 3,89 Mds$, également nettement supérieurs aux attentes (3,28 Mds$ pour la période correspondante de l'an dernier). Sur le trimestre entamé, le bpa ajusté est attendu entre 3,63 et 3,68$, pour des revenus en croissance de 14-15%. Le bpa ajusté annuel est anticipé entre 22,98 et 23,18$, pour des revenus allant de 20,997 à 21,186 Mds$, en croissance de 12 à 13%.

* Veeva (-9,77% à 244,06$). Le groupe software américain, qui fournit des solutions dans le cloud à l'industrie pharmaceutique, décroche malgré des résultats du 3e trimestre supérieurs aux attentes et des prévisions révisées en hausse. Sur le trimestre clos, le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 2,04$ à comparer à un consensus de 1,95$, tandis que ses revenus ont atteint 811 M$ (+16%), également meilleurs que prévu. Sur le 4e trimestre fiscal, le bpa ajusté est attendu à 1,92$ pour des revenus allant de 807 à 810 M$. Le groupe vise un bpa annuel de 7,93$ et des revenus de 3,166-3,169 Mds$.

* Copart (-0,71% à 40,73$). L'un des principaux fournisseurs mondiaux de services de vente aux enchères et de revente de véhicules en ligne recule après la publication de ses comptes. Pour son 1er trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bpa ajusté de 41 cents, légèrement au-dessus du consensus (37 cents un an avant). En revanche, les revenus ratent le consensus, à 1,16 Md$ (1,15 Md$ pour la période comparable de l'an dernier). Le groupe souffre d'une trop faible demande en véhicules d'occasion. Les revenus du segment services ont progressé timidement de +0,6% à 992 M$. Le bénéfice net part du groupe a été de 404 M$.

Du côté des 'Mag 7', malmenés ces dernières séances, Alphabet s'apprécie de +3,53% à 299,66$. Meta se reprend de +0,87% à 594,25$, avec Amazon (+1,63% à 220,69$) et Apple (+1,97% à 271,49$). En revanche, Nvidia trébuche encore (-0,97% à 178,88$). De même, Tesla (-1,05% à 391,09$) et Microsoft (-1,32% à 472,12$) sont en berne.

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