Clôture Wall Street : sous tension après l'attaque de l'Iran par Israël...

Clôture Wall Street : sous tension après l'attaque de l'Iran par Israël

Séance tendue à Wall Street... L'ensemble des marchés américains recule, mais dans un repli maîtrisé et contenu après l'attaque de l'Iran par Israël, dans la nuit de jeudi. Le gouvernement de Tel Aviv indique s'en être pris à des sites nucléaires, des usines de missiles balistiques et des commandants iraniens pour empêcher Téhéran de développer l'arme nucléaire. Alors que l'Iran décrit ces attaques comme une "déclaration de guerre" et promet des représailles, Wall Street redoute l'escalade entre les deux belligérants et un embrasement régional du conflit..
Des explosions ont été signalées notamment à Natanz où se situe le principal site d'enrichissement d'uranium de l'Iran, et à Téhéran. Les Gardiens de la révolution -armée idéologique du régime iranien- ont indiqué que leur commandant Hossein Salami a été tué. Le stratège des forces armées iraniennes Mohammed Bagheri a également été tué ainsi que plusieurs figures dirigeantes du pays et des leaders du corps des gardiens de la révolution islamique.

Dans ce contexte, le S&P 500 recule de -1,13% à 5.976 pts (-0,48% sur la semaine). Le Dow Jones cède -1,79% à 42.197 pts (-1,32% en hebdomadaire). Le Nasdaq abandonne -1,30% à 19.406 pts (-0,94% sur la semaine).

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a indiqué qu'Israël, qui a déployé environ 200 avions de l'armée de l'air et déclaré avoir frappé une centaine de cibles, avait "frappé au coeur du programme d'enrichissement nucléaire iranien". Israël a promis de nouvelles attaques, le Premier ministre affirmant qu'elles se poursuivront aussi longtemps que nécessaire pour éliminer cette menace. L'Iran a immédiatement menacé de riposter contre Israël et, éventuellement, contre les actifs américains au Moyen-Orient. Téhéran aurait envoyé déjà une centaine de drones, qui auraient tous été interceptés avant d'atteindre leurs objectifs.

Donald Trump a réagi suite aux attaques d'Israël contre l'Iran. "J'ai donné à l'Iran de nombreuses chances de conclure un accord. Je leur ai dit, avec la plus grande fermeté, de 's'y mettre', mais malgré tous leurs efforts, même s'ils étaient sur le point d'y parvenir, ils n'y sont tout simplement pas arrivés. Je leur ai dit que ce serait bien pire que tout ce qu'ils savaient, anticipaient ou avaient entendu dire : les États-Unis fabriquent l'équipement militaire le meilleur et le plus meurtrier au monde, de loin, et Israël en possède beaucoup, avec encore plus à venir. Et ils savent s'en servir".
"Certains partisans de la ligne dure iranienne ont parlé avec courage, mais ils ignoraient ce qui allait se passer. Ils sont tous MORTS maintenant, et la situation ne fera qu'empirer ! Il y a déjà eu beaucoup de morts et de destructions, mais il est encore temps de mettre fin à ce massacre, avec les prochaines attaques déjà planifiées, encore plus brutales. L'Iran doit conclure un accord, avant qu'il ne reste plus rien, et sauver ce qui était autrefois l'empire iranien. Plus de mort, plus de destruction, FAITES-LE, AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD. Que Dieu vous bénisse tous !", a aussi posté Trump sur Truth Social.
Le Président américain a aussi indiqué que les USA se défendraient et défendraient Israël si l'Iran ripostait.

"Il y a deux mois, j'ai donné à l'Iran un ultimatum de 60 jours pour 'conclure un accord'. Ils auraient dû le faire ! Aujourd'hui, c'est le 61e jour. Je leur ai dit quoi faire, mais ils n'ont pas réussi à y parvenir. Maintenant, ils ont peut-être une seconde chance !", a insisté Trump dans un autre message sur Truth Social... Trump qui, cité par le Wall Street Journal, affirme qu'"une attaque serait bien pour le marché car l'Iran n'aurait pas d'arme nucléaire"."

L'organisme de surveillance atomique des Nations Unies a déclaré qu'il n'y avait aucune indication d'augmentation des niveaux de radiation sur le principal site d'enrichissement d'uranium de l'Iran, signe que les frappes israéliennes n'auraient pas pénétré les couches de confinement protégeant le stock nucléaire.

La géopolitique fait donc son retour sur le devant de la scène, alors que plus tôt cette semaine, les investisseurs saluaient l'accord commercial entre Washington et Pékin suite aux rencontres de Londres. Le scénario d'une désescalade dans la guerre commerciale prend forme, après les échanges assez virulents entre USA et Chine qui s'accusaient réciproquement d'avoir enfreint la trêve conclue à Genève le mois dernier - marquée par un abaissement des droits de douane réciproques mis en place plus tôt par les deux pays. Selon Lutnick, les Chinois se sont engagés à accélérer les expéditions de métaux rares essentiels aux entreprises américaines de l'automobile et de la défense, tandis que Washington va assouplir certains de ses propres contrôles à l'exportation. Des progrès auraient donc été réalisés sur deux des questions les plus épineuses...
Donald Trump avait réagi sur Truth Social. "Notre accord avec la Chine est conclu, sous réserve de l'approbation finale du président Xi et de moi-même. Les aimants complets et les terres rares nécessaires seront fournis dès le départ par la Chine. De même, nous fournirons à la Chine ce qui a été convenu, y compris les étudiants chinois fréquentant nos universités et collèges (ce qui a toujours été une bonne chose pour moi !). Nous obtenons un total de 55% de droits de douane, la Chine 10%. Nos relations sont excellentes ! Merci de votre attention !", avait lancé Trump."

Trump a déclaré cependant avant-hier aux journalistes qu'il pourrait envoyer des lettres à ses partenaires commerciaux d'ici une ou deux semaines pour fixer des taux de droits de douane unilatéraux. Peu après avoir introduit de nouveaux droits de douane très élevés qui avaient perturbé les marchés, Trump avait instauré une pause des droits les plus contraignants qui expire le 9 juillet.
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a également déclaré au Congrès qu'il était fortement probable que la suspension des droits de douane soit prolongée pour les pays qui négocient avec l'administration de bonne foi. "Il y a 18 partenaires commerciaux importants - nous travaillons à des accords sur ces derniers - et il est fort probable que pour les pays qui négocient de bonne foi, nous reporterons la date", a indiqué Bessent devant la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants.

Sur le front économique cette semaine, les chiffres de l'inflation américaine ont rassuré. L'indice des prix à la consommation du mois de mai est ressorti en hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, contre des consensus respectifs de +0,2% et +2,5%. Hors alimentaire et énergie, le CPI a augmenté de 0,1% par rapport au mois antérieur et de 2,8% sur un an, deux lectures également moins élevées que prévu. Le président américain en a immédiatement profité pour livrer sur Truth Social un nouvel appel à la Fed. "L'IPC vient d'être publié. Excellents chiffres ! La Fed devrait baisser ses taux d'un point. Cela permettrait de payer beaucoup moins d'intérêts sur la dette à venir. Tellement important !" Le vice-président J.D. Vance a ajouté que "le refus de la Fed de baisser les taux" était "une faute monétaire"."

L'indice américain des prix à la production du mois de mai 2025 publié hier s'est établi en augmentation de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,6% sur un an, contre respectivement +0,2% et +2,6% de consensus. Hors alimentaire et énergie cette fois, le "PPI" américain a progressé de 0,1% par rapport au mois antérieur et de 3% en comparaison de l'an dernier. Le consensus était de +0,3% d'un mois sur l'autre.

L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de juin 2025 s'est affiché à 60,5, bien au-dessus du consensus FactSet qui se situait à 53, contre un niveau antérieur de 52,2. Par ailleurs, l'indice des anticipations d'inflation pour l'année à venir s'est établi à 5,1% contre 6,6% précédemment.

A moins d'une semaine de la réunion monétaire de la Fed des 17 et 18 juin, le consensus reste au statu quo. L'outil CME FedWatch donne près de 97% de probabilité que les taux restent inchangés sur les fonds fédéraux entre 4,25 et 4,50%. Le même outil montre une probabilité d'un maintien des taux de plus de 76% au 30 juillet, pour la réunion suivante. Ce n'est donc qu'en septembre que la Fed pourrait recommencer à assouplir sa politique, en débutant par un geste d'un quart de point. Le baromètre FedWatch montre que la banque centrale américaine pourrait réduire ses taux une à trois fois cette année.

Dans ce contexte belliqueux, les pétroles s'emballent. Le baril de brut WTI bondit de +6,32% à 73,31$ (+12,69% sur la semaine). Le Brent de mer du Nord flambe de +5,86% à 74,46$ et prend 11,5% en hebdomadaire.
Sur le marché des changes, le dollar gagne +0,27% ce vendredi, s'échangeant 0,8653 euro.
Comme à l'accoutumée dans un contexte de tensions internationales, l'or se montre solide. L'once d'or bondit de +2,31% à 3.431$ (+2,23% cette semaine).

Les valeurs

* Parmi les réactions sectorielles aux attaques israéliennes, les géants de la défense General Dynamics (+1,1%), Northrop Grumman (+3,94%), RTX (+3,34%) ou Lockheed Martin (+3,66%) progressent fortement.

* RH (+6,91% à 189,03$). Le détaillant de meubles haut de gamme a annoncé un bénéfice inattendu au 1er trimestre. L'ex-Restoration Hardware a annoncé un bénéfice ajusté par action de 0,13$ sur le 1er trimestre, alors que les revenus ont bondi de +12% à 814 M$. Le groupe a maintenu ses prévisions pour l'ensemble de l'année malgré les droits de douane. Il dit prendre des mesures pour compenser leurs effets.

* Tesla (+1,94% à 325,31$). Le groupe d'Elon Musk a affiché pour le mois d'avril une baisse de -16% de ses immatriculations aux Etats-Unis, après des chiffres déjà sans relief en Europe. S&P Global Mobility a fait état de 39.913 immatriculations aux USA en avril pour le géant des véhicules électriques, alors que sur le même segment, Chevrolet (GM) a triplé ses immatriculations de VE pour s'afficher en deuxième position, Ford étant 3e avec une correction de 33% des immatriculations de véhicules électriques. La part de marché VE en avril a reculé à 6,6% (7,4% un an plus tôt), selon S&P Global Mobility... Mais concernant Tesla, les investisseurs sont bien plus concentrés sur le lancement tout proche du robotaxi autonome à Austin.

* Adobe (-5,32% à 391,68$). Le créateur de logiciels a pourtant publié des résultats assez robustes et relevé ses prévisions de revenus, profitant du développement de l'intelligence artificielle et de l'adoption de ses nouveaux outils basés sur l'IA. Le groupe software américain prévoit un chiffre d'affaires compris entre 23,50 et 23,60 Mds$ pour l'exercice 2025, contre une fourchette précédente de 23,30 à 23,55 Mds$. Hors éléments exceptionnels, le bénéfice annuel est attendu entre 20,50 et 20,70$ par action (20,20 à 20,50$ précédemment). Les revenus du 2e trimestre ont été de 5,87 Mds$, supérieurs aux attentes, tout comme la guidance du 3e trimestre. Adobe avait annoncé en avril qu'il intégrait des modèles d'IA de génération d'images d'OpenAI et Google dans son application Firefly.

* U.S. Steel (-2,83% à 52,19$). Le groupe trébuche en bourse après qu'un dirigeant de Nippon Steel a déclaré au journal japonais Nikkei que son projet d'acquisition de l'entreprise nécessitait une liberté de gestion. Donald Trump a déclaré a contrario qu'il exercerait un contrôle total sur le sidérurgiste américain. Les discussions se poursuivent concernant la structure de l'accord, mais Trump a déclaré, jeudi, que les Etats-Unis détiendraient une action privilégiée U.S. Steel et que 51% du capital serait détenu par des Américains. L'accord de près de 15 Mds$ avait été initialement annoncé fin 2023, avant de se heurter à une grande opposition politique.

* Nvidia (-2,09% à 141,97$). Après la 'London Tech Week' et le GTC Paris à VivaTech, la tournée européenne de Jensen Huang, fondateur et DG de Nvidia, s'est poursuivie par une escale en Allemagne pour discuter avec le chancelier Friedrich Merz de nouveaux partenariats porteurs d'innovations sur "le premier cloud d'IA industrielle au monde". Cette usine d'IA, qui sera située en Allemagne et exploitée par Deutsche Telekom, (-1,64% à 35,44$) permettra aux leaders industriels européens "d'accélérer les applications de fabrication, notamment la conception, l'ingénierie, la simulation, les jumeaux numériques et la robotique".
"A l'ère de l'IA, chaque fabricant a besoin de deux usines : une pour fabriquer des objets, et une pour créer l'intelligence qui les alimente", a déclaré Huang. "En construisant la première infrastructure d'IA industrielle d'Europe, nous permettons aux principales entreprises industrielles de la région de faire progresser la fabrication axée sur la simulation et l'IA".

* Meta (-1,51% à 682,87$). Le groupe de Mark Zuckerberg a investi plus de 14 Mds$ dans Scale AI dans le cadre d'une opération valorisant la startup d'intelligence artificielle plus de 29 Mds$. La firme de Menlo Park, qui détient notamment Facebook ou Instagram, a par ailleurs embauché le patron de Scale AI, Alexandr Wang, qui va devenir un élément essentiel de la stratégie IA de Meta.
Selon deux sources de Reuters proches du dossier, Meta prendrait une participation de 49% dans Scale AI pour 14,3 Mds$. Sans dévoiler les conditions financières du deal, Meta indique pour sa part que l'accord vise à approfondir le travail fait pour produire des données pour des modèles d'IA. Wang rejoindra Meta pour participer en particulier à l'effort du groupe dans la superintelligence. Une source de Reuters précise que le principal moteur de l'investissement de Meta aurait été de s'assurer les services de Wang pour diriger sa nouvelle unité dédiée à la superintelligence IA, ou à "l'intelligence artificielle générale" (AGI) capable d'égaler ou surpasser les capacités humaines. Scale AI compte environ 1.500 salariés, dont certains rejoindront aussi l'unité. Wang, 28 ans, restera par ailleurs au board de la startup qu'il avait cofondée en 2016.

* Apple (-1,38% à 196,45$). La quasi-totalité des iPhones exportés par Foxconn depuis l'Inde auraient été destinés aux Etats-Unis entre mars et mai, selon des données douanières évoquées par l'agence Reuters. Cela représente un taux bien supérieur à la moyenne de 2024 (50%) et témoigne clairement des efforts d'Apple pour contourner les droits de douane américains imposés à la Chine, ajoute l'agence. Ces chiffres publiés par Reuters montrent qu'Apple a réorienté ses exportations provenant d'Inde "pour approvisionner presque exclusivement le marché américain, alors qu'auparavant, les appareils étaient plus largement distribués dans des pays comme les Pays-Bas, la République tchèque et le Royaume-Uni", relève Reuters.
Entre mars et mai, Foxconn a exporté pour 3,2 Mds$ d'iPhones depuis l'Inde dont 97% en moyenne vers les Etats-Unis, contre une moyenne de 50,3 % en 2024, selon les données douanières consultées par l'agence. En mai 2025, les expéditions d'iPhones de Foxconn depuis l'Inde vers les Etats-Unis ont atteint près de 1 Md$, deuxième mesure la plus élevée après le record de 1,3 Md$ du mois de mars. Au cours des cinq premiers mois de l'année, Foxconn a expédié des iPhones d'une valeur de 4,4 Mds$ aux Etats-Unis depuis l'Inde (3,7 Mds$ sur l'ensemble de l'année 2024). En mars, le groupe avait même affrété des avions pour transporter des modèles d'iPhone 13, 14, 16 et 16e d'une valeur d'environ 2 Mds$.

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