Wall Street achève cette première séance de juillet en ordre dispersé, au lendemain de nouveaux records historiques. En clôture de marché, le S&P 500 se tasse de -0,11% à 6.198 pts. Le Dow Jones est sur une 4e séance de hausse consécutive. Poursuivant son ascension pour retrouver ses plus hauts historiques, l'indice américain des valeurs industrielles termine bien ferme, sur un gain de +0,91% à 44.494 pts. Le Nasdaq Composite décroche de -0,82%, à 20.202 pts.
Lundi, d'apparents progrès commerciaux avec le Canada et l'Union européenne avaient soutenu les indices. Ce mardi, le marché s'est montré un peu plus fébrile en vue l'échéance du 9 juillet sur les tarifs douaniers. Le Financial Times croit par ailleurs savoir que l'équipe du président américain ne viserait plus d'accords commerciaux majeurs avec de nombreux pays, mais tenterait plutôt de sceller de plus petits 'deals' et des accords rapides avant la date limite. De 'mini-accords' qui permettraient d'éviter ces taxes importantes, mais les pays concernés seraient toujours confrontés aux droits de douane existants pendant la durée des négociations.
Les observateurs continuent de suivre de près les négociations au Sénat sur le projet de loi de réduction d'impôts de 4.500 milliards de dollars proposé par Trump. Le Congressional Budget Office estime que ce projet creuserait le déficit de 3.300 milliards de dollars sur 10 ans. Le leader de la majorité au Sénat, John Thune, doit se hâter pour respecter l'échéance du 4 juillet fixée par le président Donald Trump et faire adopter son projet de loi massif sur les impôts et les dépenses. Une liste d'environ 8 sénateurs républicains ont d'ores et déjà exprimé leur opposition à certaines parties de ce projet, relève Bloomberg. Trump serait resté en contact avec les législateurs lundi, comme il l'avait fait pendant le week-end, selon un responsable de l'administration, cité par Bloomberg et déclarant que la Maison Blanche restait optimiste quant à la ratification du projet de loi par le président d'ici vendredi.
Trump a de nouveau vanté les mérites du projet de loi sur Truth Social, avertissant qu'un refus d'adoption entraînerait des hausses d'impôts historiques. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent s'est également montré optimiste quant à l'adoption rapide du projet de loi par le Sénat, indique Bloomberg.
"Le dernier projet de loi du Sénat détruira des millions d'emplois en Amérique et causera un immense préjudice stratégique à notre pays !", a alerté le DG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, dans un message publié sur son réseau social X, accusant le texte de favoriser des secteurs "du passé" au détriment de ceux "du futur". La version la plus récente du projet, soutenue par le président américain, prévoirait notamment des aides importantes aux industries traditionnelles comme les énergies fossiles ou l'automobile thermique. Pour Musk, il s'agit d'un retour en arrière, alors même que les Etats-Unis doivent rester compétitifs dans des domaines comme les véhicules électriques, l'IA ou encore l'aérospatial.
Jerome Powell s'est exprimé ce mardi, lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal. Plus que jamais sur un siège éjectable aux yeux de Donald Trump, le président de la Fed a confirmé l'intention de la banque centrale américaine d'attendre d'en savoir plus sur l'impact des droits de douane de Trump sur l'inflation, avant d'éventuellement baisser les taux d'intérêt. Ainsi, Powell refuse pour l'heure de se plier aux exigences de Trump, qui lui met la pression en réclamant des baisses de taux immédiates et importantes. "Nous prenons simplement notre temps", a résumé le patron de la Fed, alors même que Trump multiplie les attaques pour obtenir un net assouplissement monétaire. "Tant que l'économie américaine est solide, nous pensons qu'il est prudent d'attendre d'en savoir plus et de voir quels pourraient être les effets", estime Jerome Powell. Il a d'ailleurs réitéré que la Fed n'avait pas encore constaté d'effet notable des droits de douane, et que la Fed s'attendait à des hausses de prix.
Powell n'a pas exclu une baisse des taux d'intérêt ce mois-ci, mais a convenu que la banque centrale aurait déjà baissé ses taux sans les droits de douane. "Je n'écarterais ni n'aborderais directement une réunion", a lancé le leader de la Fed lors de la table ronde au Portugal. Concernant une possibilité de baisse des taux en juillet ; "cela dépendra de l'évolution des données", a estimé le dirigeant, soulignant qu'une solide majorité du FOMC (comité de fixation des taux d'intérêt de la Fed) s'attendait à ce qu'il soit opportun de commencer à baisser à nouveau les taux plus tard cette année. "Nous avons suspendu notre activité (de baisse des taux) lorsque nous avons constaté l'ampleur des droits de douane et que, pour l'essentiel, toutes les prévisions d'inflation pour les États-Unis ont sensiblement augmenté en conséquence de ces droits", a glissé Powell.
De son côté, Donald Trump maintient la pression et a encore affirmé qu'il ne serait pas contre une démission du leader de la banque centrale, qu'il prévoit de remplacer le plus rapidement possible. "J'adorerais qu'il démissionne, il a fait un travail minable", a indiqué Trump il y a quelques jours, qualifiant Powell de "stupide". Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a suggéré que Powell renonce à ses fonctions de président tout en continuant de siéger au board de la Fed. Il a aussi indiqué que l'administration Trump travaillait à sélectionner le successeur du leader de la Fed. Il a aussi laissé entendre qu'une annonce pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Sur le front économique ce jour, l'indice PMI manufacturier final américain du mois de juin s'est affiché à 52,9, contre un consensus Bloomberg de 52 et une lecture flash de 52 également. L'ISM manufacturier ne donne pas la même lecture, à 49 contre 49,1 de consensus FactSet pour le mois de juin...
Parmi les autres statistiques du jour, les dépenses américaines de construction du mois de mai ont décliné de 0,3% par rapport au mois antérieur, contre +0,2% de consensus FactSet.
Enfin, le rapport JOLTS du mois de mai a fait ressortir 7,769 millions d'ouvertures de postes, bien plus que le consensus qui était de 7,3 millions, après une lecture révisée de 7,395 millions pour le mois antérieur.Il s'agit donc d'un signal plutôt rassurant concernant le marché américain du travail.
Demain, les opérateurs suivront l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements aux USA, le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain du mois de juin (consensus 102.500), ainsi que le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques.
Du côté des pétroles, le baril de brut WTI cède -0,15%, à 65,46$.
Le dollar est assez stable face à l'euro, en petit recul de -0,04%, à 0,8474 euro.
L'once d'or fin termine à 3.340 $. Le métal jaune prend +1,12% ce mardi.
Le Bitcoin se reprend de +0,39% à 106.254$.
Les valeurs
* Tesla (-5,34% à 300,71$). Le groupe d'Elon Musk vient de connaître encore des performances décevantes, enregistrant de forts déclins des ventes en Suède mais aussi au Danemark pour le 6e mois consécutif, indique Reuters. En Suède, les immatriculations du groupe d'Elon Musk ont corrigé de plus de 64% en juin, en glissement annuel, alors qu'au Danemark, les ventes ont plongé de près de 62%. Le titre Tesla est orienté en forte baisse ce jour, alors que Musk est par ailleurs en conflit avec Trump au sujet de son très coûteux projet de dépenses et réductions d'impôts.
Le président américain s'en est pris à Musk, accusant le DG de Tesla de bénéficier excessivement des subventions gouvernementales pour les véhicules électriques. "Elon pourrait recevoir plus de subventions que n'importe quel être humain de l'histoire, et de loin, et sans subventions, il devrait probablement fermer boutique et rentrer chez lui en Afrique du Sud", a lancé Trump sur Truth Social. "Plus de lancements de fusées, de satellites ou de production de voitures électriques, et notre pays économiserait une fortune. Peut-être devrions-nous demander à DOGE d'y jeter un oeil attentif ? De l'argent à économiser !!!", a ajouté Trump, alors que Musk critique activement la dernière version du projet de loi fiscal du président américain, avertissant aussi que les réductions des crédits d'impôt pour les VE et autres énergies propres seraient "incroyablement destructrices" pour le pays.
* Strategy (-7,65% à 373,3$). La firme de Michael Saylor, qui possède désormais près de 600.000 bitcoins, devrait enregistrer selon Bloomberg un gain latent d'environ 14 Mds$ au 2e trimestre, plaçant ainsi l'éditeur de logiciels devenu "Bitcoin Treasury Company" au même rang que des géants tels qu'Amazon.com ou JP Morgan. Cependant, contrairement à la dizaine de multinationales américaines dont les bénéfices d'exploitation devraient dépasser les 10 Mds$ au dernier trimestre grâce à des milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'ex-MicroStrategy peut attribuer ces résultats exceptionnels au rebond du bitcoin et à un changement comptable relativement récent concernant la valorisation de ses importants avoirs en cryptomonnaie, explique encore Bloomberg. Selon les analystes interrogés par Bloomberg News, Strategy ne devrait néanmoins générer qu'environ 112,8 M$ de chiffre d'affaires au 2e trimestre pour son activité de logiciels.