Clôture Wall Street : dans le rouge après les records...

Clôture Wall Street : dans le rouge après les records

Wall Street fléchit sur ses sommets ce vendredi soir, alors que Donald Trump maintient la pression sur ses partenaires commerciaux, avec en particulier des droits de douane de 35% infligés au Canada. Le S&P 500 régresse finalement de 0,33% à 6.259 pts, le Dow Jones de 0,63% à 44.371 pts et le Nasdaq de 0,22% à 20.585 pts, alors que les principaux indices américains abordaient hier soir leurs sommets historiques, avec des records de Nvidia sur les 4.000 milliards de dollars.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend plus de 3% à 68,7$. L'once d'or fin grimpe encore de 1% à 3.357$, alors que l'argent s'affiche au plus haut niveau depuis 2011 vers les 39$ l'once. L'indice dollar avance de 0,3% face à un panier de devises. Le bitcoin atteint de nouveaux records vers les 118.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans se tend à 4,42%.

Trump maintient la pression sur le front commercial, avec des lettres adressées désormais à une vingtaine de pays pour les informer des tarifs douaniers, des droits de 50% pour le Brésil et la confirmation de taxes douanières de 50% sur le cuivre, mais aussi des taxes douanières attendues de 35% sur les importations provenant du Canada à partir du mois prochain. Sur Truth Social, Trump a déclaré au Premier ministre canadien Mark Carney que ces taxes entreraient donc en vigueur le 1er août et qu'elles pourraient augmenter si le Canada prend des mesures de représailles. Dans une interview accordée à NBC News, le président américain a par ailleurs précisé que les partenaires commerciaux qui n'avaient pas encore reçu de lettres de Washington seraient sans doute confrontés à des tarifs douaniers généralisés qui pourraient atteindre 15 ou 20%. "Tout le monde n'est pas obligé de recevoir une lettre", a indiqué Trump. "Nous allons simplement dire que tous les autres pays devront payer, que ce soit 20% ou 15%. Nous allons régler cela maintenant", a expliqué Trump.

Trump qui avait publié la veille une nouvelle série de lettres à ses partenaires commerciaux, menaçant notamment d'imposer des droits de douane de 50% au Brésil suite à ce que le président décrit comme une chasse aux sorcières contre Jair Bolsonaro, ancien président brésilien jugé pour son rôle dans la tentative d'annulation des résultats des élections de 2022 dans son pays et accusé d'avoir participé à un complot visant à refuser de céder le pouvoir. La lettre de Trump qualifie ce procès de honte internationale. Elle fait partie des huit lettres publiées avant-hier incluant des taxes douanières allant de 20 à 30% pour des pays comme les Philippines et l'Algérie à compter du 1er août. Les lettres supplémentaires publiées mercredi prévoient des taux de 30% pour l'Algérie, l'Irak, la Libye et le Sri Lanka, 25% pour Brunei et la Moldavie, et de 20% pour les Philippines. Trump avait auparavant annoncé des droits de douane frappant 14 pays : 25% pour le Japon, la Corée du Sud, la Tunisie, la Malaisie et le Kazakhstan ; 30% pour l'Afrique du Sud et la Bosnie-Herzégovine ; 32% pour l'Indonésie ; 35% pour la Serbie et le Bangladesh ; 36% pour le Cambodge et la Thaïlande ; et jusqu'à 40% pour le Laos et le Myanmar.

"Nous allons devoir chercher d'autres partenaires pour acheter nos produits. Les échanges commerciaux du Brésil avec les États-Unis représentent 1,7% de son PIB", a relativisé le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva lors d'une interview diffusée sur Record TV hier soir. "Ce n'est pas comme si nous ne pouvions pas survivre sans les États-Unis".

Les dirigeants vietnamiens auraient quant à eux été pris au dépourvu par l'annonce faite la semaine dernière par le président américain d'un tarif de 20%, et le pays d'Asie du Sud-Est chercherait toujours à réduire ce taux, selon des personnes proches du dossier citées par Bloomberg.

Trump a aussi confirmé avant-hier des droits de douane de 50% sur les importations de cuivre, qui entreraient également en vigueur le 1er août. Le président américain a déclaré sur Truth Social qu'il avait reçu à ce sujet une évaluation fiable de sécurité nationale. Il estime qu'ainsi, l'Amérique va de nouveau développer une industrie dominante du cuivre. Si ces droits de douane étaient appliqués, ces mesures devraient entraîner une hausse des coûts dans un large pan de l'économie américaine en raison de la multitude d'industries et d'applications qui dépendent du cuivre, s'inquiète Bloomberg. Ce métal est utilisé dans tous les domaines, de l'électronique grand public et de l'automobile à la construction résidentielle et aux centres de données, note l'agence. Le président américain, visiblement en forme, a aussi menacé de tarifs douaniers potentiels allant jusqu'à 200% sur les médicaments sur ordonnance. "Nous allons donner aux gens environ un an, un an et demi pour venir, et après cela, ils seront taxés", a-t-il déclaré, avançant donc un niveau impressionnant pour le droit final, "un taux très, très élevé, de l'ordre de 200%". "Nous leur donnerons un certain temps pour se ressaisir", a ajouté Trump.

Le dirigeant américain a signé plus tôt cette semaine un décret exécutif reportant officiellement au 1er août la date antérieure du 9 juillet pour la reprise des tarifs douaniers réciproques du 'Jour de la Libération'.

Alberto Musalem, Christopher Waller et Mary Daly de la Fed, prenaient la parole hier. Musalem, patron de la Fed de St. Louis, juge l'économie en bonne posture, avec un marché du travail proche ou au niveau de plein emploi. Il reste toutefois selon lui des risques haussiers sur l'inflation, tandis que la politique monétaire de la Fed est quant à elle modestement restrictive... La présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, a indiqué qu'elle voyait toujours deux baisses de taux cette année comme probables et a suggéré que la réunion de septembre serait la prochaine occasion.

Le gouverneur Waller, successeur potentiel de Powell, a confirmé quant à lui sa posture hier en plaidant pour la baisse des taux dès le mois de juillet, position qui n'est selon lui aucunement politique - mais qui devrait plaire à Donald Trump. Waller qui juge que toute inflation supplémentaire due aux tarifs douaniers ne serait que temporaire. "Je pense que nous sommes juste trop restrictifs et que nous pourrions considérer de réduire les taux en juillet", a ajouté Waller, l'un des rares membres de la banque centrale - avec la gouverneure Michelle Bowman - à plaider pour une action immédiate dès la réunion des 29 et 30 juillet.

Pendant ce temps, Russell Vought, directeur du budget de la Maison Blanche, a déclaré sur X que Jerome Powell avait "gravement mal géré la Fed", publiant une lettre adressée au président de la banque centrale lui faisant part de ses inquiétudes concernant la rénovation des bureaux de l'institution à Washington - un sujet sur lequel le leader de la Fed avait déjà été attaqué lors de ses auditions devant le Congrès. "Le président est extrêmement préoccupé par votre gestion du système de la Réserve fédérale", a donc lancé à son tour Vought, directeur du Bureau de la gestion et du budget. "Au lieu de tenter de redresser la situation budgétaire de la Fed, vous avez poursuivi avec une rénovation ostentatoire de votre siège à Washington", s'est ému le responsable, évoquant des dépassements de coûts de plus de 700 millions de dollars, des projets de jardins sur les toits-terrasses, de salles à manger et d'ascenseurs privés VIP, de jeux d'eau et de marbre. Vought a posé à Powell une série de questions sur le projet et a demandé des réponses dans un délai de sept jours, soulignant que "l'administration prend cette affaire très au sérieux"...

Récemment questionné sur le sujet, Donald Trump a indiqué qu'il serait d'accord si le Congrès se décidait à enquêter sur le président de la Fed. Il faut dire que le président américain ne cache plus désormais sa volonté de se séparer de Powell, même avant la fin de son mandat, pour le remplacer par un patron de la Fed désireux de baisser les taux.

Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'un nouveau statu quo monétaire le 30 juillet reste logée à plus de 93%, le premier assouplissement étant attendu le 17 septembre à l'issue de la réunion monétaire suivante.

Dans l'actualité économique ce vendredi, la balance budgétaire américaine du mois de juin 2025 est ressortie excédentaire de 27 milliards de dollars, alors que le consensus Bloomberg était de 50 milliards de dollars... de déficit.

Par ailleurs, la saison des trimestriels va débuter sous peu à Wall Street. Delta Air Lines, ConAgra, Levi Strauss et PriceSmart ont publié hier, mais la "déferlante" arrive à partir de la semaine prochaine, à commencer par les valeurs bancaires et financières avec JP Morgan Chase, Wells Fargo, BlackRock, Citigroup, Bank of New York Mellon et State Street dès mardi !

Les valeurs

Levi Strauss prend plus de 11% à Wall Street, sur de solides résultats et des prévisions dopées. Le groupe affiche des revenus en progression de 6% en données publiées et de 9% en organique, à 1,4 milliard de dollars, au-dessus des attentes qui se situaient à 1,37 milliards de dollars, enregistrant son 13e trimestre consécutif de ventes en croissance à données comparables. Le bénéfice ajusté par action ressort à 0,22$, contre 0,16$ en 2024 à la même période, surpassant le consensus qui ressortait à 0,13$. Le géant des jeans anticipe un CA net en progression de 3 points de pourcentage supplémentaires en milieu de fourchette, soit une hausse de 1 à 2%, contre un repli auparavant anticipé entre -1 et -2%. Le bénéfice ajusté par action est attendu entre 1,25$ et 1,3$, contre 1,20$ à 1,25$ précédemment. La hausse des revenus organiques est également révisée en hausse d'un point de pourcentage à 4,5%-5,5% contre 3,5%-4,5% précédemment.

Performance Food grimpe de 4,8% sur le NYSE, alors que le fournisseur américain de produits alimentaire pour la restauration, qui pesait hier soir un peu plus de 14 milliards de dollars à Wall Street, aurait attiré l'intérêt d'US Foods Holding (+0,4%), qui capitalise pour sa part près de 19 milliards de dollars sur la place américaine. Des personnes familières de la question citées par Bloomberg évoquent un deal potentiel qui donnerait naissance à un géant de la distribution alimentaire aux ventes de près de 100 milliards de dollars !

US Foods, basée à Osemont, dans l'Illinois, étudierait ainsi selon Bloomberg l'acquisition de Performance Food et aurait manifesté son intérêt pour un éventuel rapprochement ces derniers mois. L'agence cite des sources ayant requis l'anonymat. Il n'est toutefois pas certain que les discussions aboutissent à une transaction, ont indiqué ces sources. US Foods approvisionne les restaurants, les hôpitaux, les écoles et les hôtels, générant un chiffre d'affaires de près de 38 milliards de dollars et employant environ 30.000 personnes sur plus de 70 sites. Performance Food propose des services similaires aux États-Unis et au Canada via Performance Foodservice, fournisseur de services de restauration, Vistar, distributeur de bonbons et snacks, et Core-Mark, une entreprise qui dessert les commerces de proximité.

Les géants du secteur des cryptomonnaies, Coinbase (-0,5%), Strategy (+3%) ou Riot Platforms (-1,4%), étaient entourés en bourse aujourd'hui avec les records du bitcoin.

Ford Motor (-1,1%) a annoncé un accord avec le syndicat IG Metall en Allemagne visant à protéger les emplois du site de Cologne jusqu'en 2032, les départs volontaires permettant selon Reuters d'atteindre ses objectifs de restructuration.

Tesla (+1,2%) va ouvrir un premier showroom à Bombay, en Inde, dès la semaine prochaine, affichant ses ambitions sur l'immense marché indien malgré la guerre commerciale. Le constructeur texan de VE aurait par ailleurs selon Reuters contacté les autorités de l'Arizona, exprimant son intérêt pour un service de robotaxi qui pourrait opérer dans la zone métropolitaine de Phoenix.

Alphabet (+1,5%). Google s'apprête à accepter une réduction des coûts de services cloud pour le compte des États-Unis, le gouvernement américain mettant la pression sur les géants du numérique, selon le Financial Times, qui précise qu'Amazon (+1,2%) et Microsoft (+0,4%) seraient également sous pression pour baisser leurs prix après la conclusion d'un accord de réduction des coûts avec Oracle.

Nvidia (+0,5%) restait sous surveillance après ses records à plus de 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. La première capitalisation mondiale était encore orientée en progression, sur sa lancée, engrangeant désormais 15% en un mois. Ses résultats financiers trimestriels sont toujours publiés en décalé et ne sont attendus que pour la fin du mois d'août.

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