Mis en place à grande échelle au printemps 2020 pour ralentir la progression du Covid-19 tout en permettant la continuité de l'activité, le télétravail est apprécié de ses bénéficiaires mais ses effets interrogent, notamment sur la santé.
Avant le premier confinement, qui a débuté le 17 mars, "95% de la boîte était en présentiel et le télétravail n'était pas du tout ni une option ni une hypothèse", se souvient Xavier Duhamel, qui dirige une équipe de veille des médias au sein d'une société de communication.
Le passage en distanciel est soudainement devenu possible pour des métiers qui ne l'avaient pas envisagé jusque-là, grâce à différents outils comme l'internet haut débit ou des logiciels de conférence en ligne.
"Assez rapidement, notre support informatique a mis en place des outils techniques, principalement le VPN par exemple, qui est indispensable pour avoir un environnement de travail sécurisé", détaille M. Duhamel, dont le service est aujourd'hui "passé en 100% télétravail avec la possibilité pour ceux qui veulent de venir en présentiel".
Comme les salariés de son service soit commencent à cinq heures du matin, soit finissent à minuit, le travail à distance "a apporté vraiment un confort aux salariés", affirme-t-il.
Autre avantage, il a permis "d'étendre notre vivier de recrutement à toute la France" avec des collaborateurs recrutés en Alsace, en Normandie ou à Toulouse.
"Le télétravail, ça m'a changé la vie", s'enthousiasme aussi Karima, qui travaille comme assistante administrative commerciale dans une entreprise d'édition technique pour l'automobile et l'industrie située à Olivet, près d'Orléans.
"Je dors une heure de plus, je suis moins fatiguée, je n'ai pas de transport" les jours de travail à domicile, explique cette femme de 52 ans qui a "beaucoup d'appels à passer" et aussi "des tâches qui demandent un peu de concentration".
"Mon chef m'avait dit lors d'un entretien que j'avais eu des meilleurs résultats quand on était en télétravail tout le temps", rapporte-t-elle.
- "surcharge d'informations" -
Après avoir atteint des pics autour de 30% durant la crise du Covid, la pratique du télétravail s'est ancrée dans les entreprises, avec plus d'un salarié sur cinq du secteur privé concerné début 2024 et une moyenne de 1,9 jour de travail à distance par semaine, selon une récente étude de l'Insee et de la Dares.
La majorité des salariés en restent toutefois exclus: il concerne 63% des cadres, mais 0% des ouvriers et 10% des employés, d'après la même source.
Selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) parue lundi, 82% des cadres, dont les deux tiers sont en télétravail au moins un jour par semaine, sont opposés à sa suppression.
Plébiscité, le télétravail n'en fait pas moins peser une charge mentale accrue sur les femmes, selon la Dares. Les femmes ont aussi plus souvent tendance à travailler quand elles sont malades: leur proportion de jours travaillés sur l'ensemble des jours de maladie est ainsi nettement plus élevée quand elles télétravaillent que quand elles sont en présentiel (52% contre 39%), alors qu'il n'y a pratiquement pas d'écart chez les hommes.
La présidente de l'Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), Audrey Richard, estime auprès de l?AFP qu?il serait aussi intéressant d?aller regarder le lien entre le télétravail et la dégradation de la santé mentale des salariés.
Pas tant sur la question de l?isolement car cinq ans après, il y a consensus sur le fait que deux jours par semaine est "le mieux, le plus approprié pour le collectif".
"C?est davantage la surcharge d?informations, de mails qui arrivent, de notifications?" via Teams, WhatsApp, Zoom, etc..., dit-elle, observant que "le télétravail a amené à changer les outils, qu?on soit à la maison ou en entreprise".
"La multitude d?outils est là, la façon ultra-rapide d?interagir est là. Quid de l?impact sur la santé mentale ?", questionne ainsi Mme Richard en rappelant que ce sujet est la grande cause nationale 2025.
© 2025 AFP