Wall Street se replie malgré la baisse de 0,5 point de la Fed

Wall Street a légèrement reculé mercredi en clôture, après la baisse des taux de 0,5 point de la Fed. Le S&P 500 cède 0,29% à 5.618 pts, sans trop s'éloigner de ses sommets, tandis que le Dow Jones co...

Wall Street a légèrement reculé mercredi en clôture, après la baisse des taux de 0,5 point de la Fed. Le S&P 500 cède 0,29% à 5.618 pts, sans trop s'éloigner de ses sommets, tandis que le Dow Jones consolide en baisse de 0,25% à 41.503 pts. Le Nasdaq perd 0,31% à 17.573 pts. Les opérateurs anticipaient en majorité une baisse de taux de 50 points de base qui a donc été décidée par la banque centrale américaine. Sur le Nymex, le baril de brut WTI se reprend proche des 71$. L'once d'or fin évolue peu à 2.567$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises de référence, tandis que le Bitcoin remonte sur les 62.000$.

Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire aura duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%, la fourchette actuelle. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'a plus bougé, alors que les opérateurs spéculaient sur un assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente...

Concrètement, la Réserve fédérale a abaissé l'objectif des taux des "fed funds" de 50 points de base à 4,75%-5,00%, évoquant l'importance de soutenir l'activité américaine, alors que l'inflation retourne progressivement vers sa cible de 2% et que les marchés du travail se sont normalisés...
"Les risques à la hausse sur l'inflation sont moindres, et les risques sur les marchés de l'emploi plus importants", a justifié le président de la Fed, Jerome Powell, à l'occasion de sa conférence de presse, insistant sur la "patience" de la banque centrale, "l'une des dernières banques centrales de pays développé à assouplir sa politique monétaire". Pour autant, Jerome Powell estime que la banque n'est pas du tout en retard sur l'économie, jugeant que cette "recalibration permettra de maintenir la force de l'économie et des marchés du travail", proches du plein emploi. "Le moment durant lequel il convient de soutenir les marchés de l'emploi est lorsqu'ils sont forts", a encore souligné Jerome Powell, ajoutant qu'il n'était "plus besoin de voir les marchés du travail s'affaiblir davantage pour pouvoir ramener l'inflation à sa cible"..."Je ne vois rien dans l'économie qui suggère actuellement que les risques d'une récession seraient élevés", a poursuivi le président de la Fed.

La banque centrale devrait donc continuer d'assouplir sa politique monétaire, décidant réunion par réunion de l'ampleur d'une éventuelle baisse... "Il ne faudrait pas imaginer que l'assouplissement monétaire se fera à un rythme comparable à celui d'aujourd'hui", a toutefois précisé le président de la Fed.

"Nous sommes à un moment important : l'inflation et les taux d'intérêt diminuent, ce alors que l'économie demeure résistante", a commenté de son côté le président américain, Joe Biden. La baisse des taux est une "bonne nouvelle pour les américains qui ont souffert des prix élevés", a ajouté la vice-présidente américaine et candidate démocrate à l'élection présidentielle, Kamala Harris.

La décision de mercredi a été prise à l'unanimité moins une voix, celle de la gouverneure Michelle Bowman, a précisé la banque centrale. C'est la première fois qu'un membre du comité de politique monétaire de la Fed s'oppose à une décision depuis 2005...

Côté prévisions économiques de la banque centrale, les projections mises à jour de la Fed montrent que les membres du conseil des gouverneurs prévoient 50 points de base d'assouplissement supplémentaire cette année, 100 pb en 2025 et 50 pb en 2026, et un taux terminal à 2,9% contre 2,8% attendu en juin. Le taux de chômage attendu fin 2024 a été révisé légèrement à la hausse, à 4,4% contre 4,0% vu précédemment. Le taux de croissance est lui revu en baisse pour 2024, à 2% contre 2,1% prévus en juin, tandis que la prévision de croissance pour 2025 est maintenue à 2%. L'inflation PCE sous-jacente est attendue à 2,6% en 2024, contre 2,8% attendu en juin, puis 2,2% en 2025, contre 2,3% prévus précédemment.

En bourse, les rendements obligataires ont légèrement progressé aux Etats-Unis à la suite à la décision de la Fed, le rendement du 10 ans touchant un plus haut depuis le 10 septembre au cours de la séance, signe que les opérateurs jugent moins probables les risques d'un fort ralentissement de l'économie. Les marchés parient désormais sur 70 pb de baisse d'ici décembre. Le dollar a peu varié, tandis que l'euro pointe sur les 1,11/$. Le Bitcoin est remonté sur les 62.000$. Les cours pétroliers sont revenus proches de l'équilibre des 70$ le baril WTI après l'annonce d'une baisse des réserves de brut aux Etats-Unis la semaine passée... D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont reculé de 1,6 million de barils sur la semaine close le 13 septembre, à 417,5 millions de barils. Le consensus tablait sur une baisse de 0,2 mb. Les stocks d'essence ont légèrement augmenté de 0,1 million de barils et ceux de produits distillés ont aussi progressé de 0,1 mb.

Publications en ligne

Selon le dernier rapport, les ventes de détail aux États-Unis pour le mois d'août 2024 sont ressorties en augmentation de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus FactSet de -0,2% et après une hausse révisée à +1,1% pour le mois antérieur. Hors automobile cette fois, les ventes de détail ont progressé de 0,1% d'un mois sur l'autre en août, contre +0,2% de consensus et +0,4% un mois avant. Enfin, hors automobile et essence, les ventes ont augmenté de 0,2% par rapport au mois de juillet, contre +0,3% de consensus et +0,4% en juillet.

La production industrielle américaine du mois d'août 2024 a progressé de 0,8% en comparaison du mois antérieur, contre +0,2% de consensus FactSet et -0,9% un mois avant. La production manufacturière a également dépassé les attentes, en augmentation de 0,9% d'un mois sur l'autre, alors qu'elle était attendue stable et qu'elle avait décliné de 0,7% en juillet. Enfin, le taux d'utilisation des capacités est ressorti à 78%, en ligne avec les anticipations des spécialistes de la place.

Les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois d'août 2024 se sont établies sur un rythme de 1,356 million d'unités selon le rapport du jour, contre 1,32 million de consensus et 1,237 million un mois avant. Les permis de construire se sont affichés quant à eux à 1,475 million, contre 1,41 million de consensus et 1,406 million un mois plus tôt.

L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta pour septembre est ressorti à 2,1% contre 2,2% un mois avant. Il mesure les anticipations d'inflation à un an du point de vue des firmes.

Jeudi, les marchés suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 septembre, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour septembre, la balance des comptes courants du deuxième trimestre, les reventes de logements existants du mois d'août, ainsi que l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour août. La journée de vendredi pourrait être quant à elle volatile, puisqu'il s'agit de la journée des Quatre Sorcières, avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.

En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, General Mills a publié ses comptes, tandis que FactSet et Darden Restaurants annonceront les leurs jeudi en pré-séance. Lennar et FedEx dévoileront leurs résultats après bourse jeudi...

Les valeurs

BlackRock (+2%) et Microsoft (-1%) vont faire équipe avec l'intention de lever 30 milliards de dollars pour investir dans l'intelligence artificielle, indique Bloomberg. Les deux partenaires, ainsi que le véhicule d'investissement MGX des Émirats arabes unis, rechercheront donc 30 milliards de dollars en fonds de capital-investissement, puis jusqu'à 100 milliards de dollars. "L'opportunité d'investissement est réelle et le besoin d'investissement est encore plus grand", a indiqué Brad Smith, vice-président de Microsoft, dans une interview. "L'IA est la prochaine technologie à usage général qui alimentera la croissance dans tous les secteurs de l'économie, aux États-Unis et à l'étranger", assure le dirigeant, selon des propos relayés par Bloomberg. Les partenaires ont déjà discuté de ces projets avec les régulateurs américains... Rappelons que Microsoft a investi déjà des milliards de dollars dans OpenAI (ChatGPT) et remanie l'ensemble de sa gamme de produits autour des fonctionnalités d'IA. L'éditeur de logiciels augmente considérablement ses propres dépenses en centres de données et en infrastructures informatiques.
"Le besoin de construire des centres de données à l'échelle mondiale nécessite des milliards de dollars de financements", insiste Larry Fink, DG de BlackRock. "Il s'agit simplement d'un excellent exemple de la façon dont les marchés des capitaux construisent des infrastructures et créent des opportunités et de nouvelles technologies", ajoute Fink, cité par Bloomberg. Les investissements dans les infrastructures - y compris les projets énergétiques - seraient principalement réalisés aux États-Unis, une partie des fonds devant être déployée dans des pays partenaires des USA, selon les initiateurs du projet. Le plan prévoit le recrutement d'investisseurs supplémentaires, et les fonds de pension et assureurs seraient d'après Fink "impatients de réaliser de tels investissements dans les infrastructures à long terme". Le dirigeant se montre donc confiant quant à la levée de fonds attendue. Notons que Nvidia (-0,5%) apportera aussi son expertise à cette alliance.

Google (Alphabet +0,3%) a remporté mercredi son appel concernant une potentielle amende antitrust de 1,49 milliard d'euros (1,66 milliard de dollars) imposée il y a cinq ans par l'UE pour une supposée entrave à la concurrence dans le domaine de la publicité en ligne. La Commission européenne, dans sa décision de 2019, avait affirmé que Google avait abusé de sa position dominante pour empêcher les sites Internet de recourir à des intermédiaires autres que sa plateforme AdSense dans les annonces de recherche. Les pratiques incriminées alors concernaient la période allant de 2006 à 2016. Le Tribunal, basé à Luxembourg, a pour l'essentiel souscrit aux appréciations de l'autorité de la concurrence de l'Union européenne, indique Reuters. Néanmoins, il a annulé l'amende. "Le tribunal a confirmé la plupart des appréciations de la commission, mais a annulé la décision infligeant une amende de près de 1,5 milliard d'euros à Google, au motif notamment qu'elle n'avait pas pris en compte toutes les circonstances pertinentes dans son appréciation de la durée des clauses contractuelles qu'elle avait jugées abusives", ont indiqué les juges, cités par Reuters.
Alphabet a par ailleurs demandé ce mercredi à un tribunal de Londres de rejeter une plainte majeure accusant le géant de la technologie d'abuser de sa position dominante sur le marché de la recherche en ligne. Ce dossier est évalué à 7 milliards de livres.

Intuitive Machines gagne 38% à Wall Street, alors que le groupe vient de remporter auprès de la NASA un contrat d'une valeur pouvant atteindre 4,82 milliards de dollars pour la fourniture de services de communication et navigation destinés aux missions spatiales. Le contrat affiche une période de base de cinq ans et une période optionnelle additionnelle de cinq ans également. Intuitive déploiera des satellites relais lunaires et fournira des services de communication et navigation pour soutenir la campagne Artemis de la NASA. Ce contrat verrait Intuitive lancer ses constellations de satellites lunaires qui permettront des services de données et de transmission améliorés ainsi que des opérations autonomes, détaille Reuters. La NASA avait payé déjà 118 millions de dollars à Intuitive pour construire et faire voler Odysseus, qui est devenu en février le premier vaisseau spatial américain à atterrir sur la Lune depuis un demi-siècle. Ce vaisseau a cependant perdu de la puissance et est devenu inactif après un atterrissage déséquilibré.

General Mills (+0,6%), le groupe alimentaire américain, a publié pour son premier trimestre fiscal des ventes totalisant 4,85 milliards de dollars, en déclin de 1% avec une baisse organique de 1% également. Le bénéfice opérationnel a reculé de 11% à 832 millions de dollars. Le bénéfice ajusté dilué a régressé de 2% à devises constantes, à 1,07$. Le consensus était de 1,06$ de bpa ajusté trimestriel pour 4,8 milliards de dollars de revenus. Sur l'exercice 2025 cette fois, les ventes sont toujours attendues stables ou en hausse jusqu'à 1% en organique, alors que le bénéfice ajusté dilué par action est attendu entre -1% et +1% à devises constantes, par rapport aux 4,52$ de 2024.

Tupperware Brands s'est inscrit comme attendu sous protection de la loi américaine sur les faillites. Après des années d'efforts pour redresser la barre, le groupe, connu pour ses boîtes en plastique et ustensiles de cuisine, se place donc sous protection du chapitre 11, ayant enfreint les termes de sa dette. Le groupe répertorie des actifs compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars et des passifs entre 1 et 10 milliards de dollars. Il demandera l'approbation du tribunal pour faciliter le processus de cession et poursuivre ses activités pendant la procédure. Tupperware a dominé pendant des décennies le monde du stockage alimentaire, mais avait averti depuis 2020 de doutes sur sa capacité à rester en activité. En juin 2024, le groupe prévoyait de fermer sa seule usine américaine et de licencier près de 150 employés.

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