Wall Street flambe après la Fed, dans l'espoir d'un atterrissage contrôlé...

Wall Street flambe après la Fed, dans l'espoir d'un atterrissage contrôlé

La cote américaine tente un rallye avant bourse ce jeudi, au lendemain de la baisse de taux - sans grande surprise - de 50 points de base de la Fed. Les annonces digérées, les opérateurs misent visiblement sur un impact favorable de l'assouplissement monétaire entamé et sur un atterrissage en douceur de l'économie. Le S&P 500 est attendu en vive hausse de 1,6% en pré-séance, au plus haut historique, alors que le Dow Jones atteint également un record, en hausse de 1,2%. Le Nasdaq accélère et s'adjuge 2,2%... Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 1,4% vers les 71$. L'once d'or fin progresse de 0,8% à 2.579$. Le Bitcoin prend 5% sur 24 heures et s'approche des 63.000$. L'indice dollar gagne 0,2% face à un panier de devises.

Comme attendu, la Fed a donc réduit hier soir sa fourchette sur le taux des 'fed funds' d'un demi-point, entre 4,75 et 5%. Le mouvement était attendu, avec environ 60% de probabilité avant le verdict, d'après l'outil CME FedWatch. Ce même baromètre montre une probabilité de 69% d'une nouvelle baisse des taux d'un quart de point le 7 novembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. La réunion des 17 et 18 décembre pourrait quant à elle se solder par une fourchette de 4-4,25% sur les taux ('proba' de 50% selon FedWatch) ou bien 4,25-4,50% (probabilité de 32,3%).

Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire a duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'avait plus bougé et les opérateurs avaient spéculé considérablement sur l'assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente. Les taux étaient ainsi restés depuis plus d'un an sur ce niveau restrictif des 5,25-5,5%, au plus haut de 23 ans.

Il s'agissait hier de la première baisse de taux de la Fed depuis mars 2020 et la période Covid-19. La banque centrale américaine avait réduit ses taux de 50 points de base le 3 mars 2020, entre 1 et 1,25%, puis de 100 points de base de plus le 16 mars, entre 0 et 0,25%. La décision d'hier a été presque unanime parmi les banquiers centraux américains, à une voix près, celle de la gouverneure Michelle Bowman - première dissidence depuis 2005.

Toute la question est donc désormais de savoir si l'atterrissage de l'économie américaine sera doux ou pas. Jerome Powell, patron de la Fed, a tenu à rassurer hier soir en affirmant que cette importante réduction des taux, la première en plus de quatre ans, était destinée à maintenir la force de l'économie. Ainsi, Powell a insisté sur la nécessité de soutenir l'activité, alors que l'inflation semble vouloir retourner vers sa cible des 2% et que le marché du travail affiche quelques signaux de faiblesse. Le dirigeant de la Fed a indiqué que les risques à la hausse sur l'inflation étaient donc moindres, alors que les risques concernant le marché de l'emploi seraient plus importants.

Powell a jugé que la Fed n'était pas en retard et que l'ajustement entamé permettrait de maintenir la force de l'économie et du marché du travail. "Le moment où il convient de soutenir les marchés de l'emploi est lorsqu'ils sont forts", a asséné Powell, laissant entendre que la faiblesse des derniers chiffres de l'emploi ne serait pas alarmante. Il n'y aurait pas selon le dirigeant besoin d'attendre que les marchés du travail s'affaiblissent encore pour que l'inflation retourne vers l'objectif. Powell a aussi précisé qu'il ne voyait rien actuellement dans l'économie américaine qui suggère des risques élevés de récession. Il ne s'agirait donc pas d'une baisse de taux dans la panique, mais plutôt d'un ajustement logique après une longue période restrictive ayant produit ses effets sur les prix.

La Fed devrait poursuivre ce cycle d'assouplissement monétaire, décidant réunion par réunion, mais il ne faudrait pas selon Powell s'attendre à un rythme comparable. Autrement dit, les prochaines baisses de taux pourraient donc plutôt être d'un quart de point, même si tout cela dépendra des données.

Pour l'heure, l'inflation et les taux diminuent, alors que l'économie reste résistante, a commenté le président Joe Biden. Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate à l'élection de novembre, a évoque pour sa part "une bonne nouvelle pour les Américains qui ont souffert des prix élevés". Donald Trump juge lui que la baisse des taux signale une faiblesse de l'économie à mettre sur le compte de la politique de Biden/Harris. "Je suppose que cela montre que l'économie est très mauvaise pour réduire autant les taux, en supposant qu'ils ne font pas que faire de la politique", a taclé Trump.

Les projections économiques et monétaires de la Fed mises à jour hier montrent que les membres prévoient 50 points de base d'assouplissement supplémentaire d'ici la fin de l'année, puis 100 points de base en 2025 et 50 de plus en 2026. Le taux terminal serait ainsi de 2,9% contre 2,8% attendu en juin, d'après le "dot plot", qui présente sous forme de diagramme à points les prévisions pour les taux des responsables de la Fed. Le taux de chômage américain est attendu quant à lui à 4,4% en fin d'année contre 4% précédemment. Le taux de croissance du PIB est anticipé à 2% pour 2024 contre 2,1% précédemment, alors que la prévision de croissance 2025 est toujours de 2%. L'inflation PCE ajustée est attendue à 2,6% cette année - contre 2,8% en juin -, puis 2,2% l'année prochaine.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis pour la semaine close le 14 septembre ont positivement surpris ce jour, en retrait à 219.000 d'après le Département au Travail, contre 230.000 de consensus et 231.000 une semaine avant. Il s'agit donc d'une nouvelle rassurante concernant le marché américain de l'emploi, dont certains craignaient un ralentissement trop prononcé.

L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie pour le mois de septembre, qui vient aussi d'être annoncé, s'est pour sa part établi à +1,7, contre +2,7 de consensus FactSet et -7 un mois avant. Légèrement positif, l'indice signale une modeste expansion de l'activité manufacturière dans la région considérée.

La balance des comptes courants aux États-Unis pour le deuxième trimestre, qui vient aussi d'être annoncée s'est affichée déficitaire de 266,8 milliards de dollars, contre -259 milliards de consensus et -241 milliards pour la lecture révisée du trimestre antérieur.

Les reventes de logements existants du mois d'août (16 heures, consensus FactSet 3,9 millions), ainsi que l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour août (16h, consensus FactSet -0,3% en comparaison du mois antérieur), sont encore attendus ce jour.

La journée de demain pourrait être quant à elle volatile, puisqu'il s'agit de la journée des Quatre Sorcières, avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.

En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, FactSet et Darden Restaurants ont annoncé en pré-séance aujourd'hui leurs derniers résultats financiers trimestriels. Lennar et FedEx dévoilent leurs résultats après bourse.

Les valeurs

Apple a été averti par l'Union européenne qu'il devait ouvrir ses systèmes d'exploitation pour iPhone et iPad à des technologies rivales, sous peine de risquer des amendes importantes en vertu des règles antitrust numériques du DMA. Les autorités européennes ont ainsi annoncé, dans le cadre de la loi sur les marchés numériques du bloc, qu'Apple devait se conformer à de nouvelles règles strictes visant à rendre les systèmes d'exploitation pleinement fonctionnels avec d'autres technologies. L'autorité européenne a donné six mois au groupe à la pomme pour s'exécuter sous peine de sanctions. "Aujourd'hui, c'est la première fois que nous utilisons une procédure de spécification dans le cadre du DMA pour guider Apple vers un respect efficace de ses obligations d'interopérabilité", a déclaré la responsable européenne de la concurrence, Margrethe Vestager.

Alphabet. L'agence Reuters croit savoir que Google aurait proposé cette année de céder sa place de marché publicitaire AdX afin de mettre un terme aux poursuites de l'Union européenne, mais que le bloc aurait estimé cette proposition insuffisante. L'agence Reuters cite deux proches du dossier.

Intel a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de vendre sa participation majoritaire dans Mobileye Global. Les actions Mobileye, qui perdent trois quarts de leur valeur cette année, tentent un rebond avant bourse à Wall Street suite à ce démenti apporté par le groupe Intel face aux dernières rumeurs.

Nvidia prend 3% avant bourse à Wall Street, vers les 117$. Le géant des puces graphiques et d'IA, star boursière du premier semestre sur la place américaine, rebondit avec la baisse des taux. Les dernières annonces demeurent par ailleurs favorables pour le groupe de Jensen Huang, attestant de la forte demande persistante pour ses incontournables puces d'intelligence artificielle.

FactSet gagne du terrain ce jeudi à Wall Street, alors que le groupe a dépassé les attentes en termes de revenus et profits sur le quatrième trimestre fiscal. La croissance des ventes est ressortie à 4,9% avec un chiffre d'affaires de 562 millions de dollars. Le fournisseur de données financières et analytiques et solutions software, a affiché une croissance organique de 5%. La marge opérationnelle ajustée s'est améliorée de 240 points de base à 35,8%. L'Ebitda ajusté a reculé de 0,4% à 170 millions. Sur l'exercice 2025, le groupe envisage des revenus allant de 2,285 à 2,305 milliards de dollars, pour un bpa ajusté allant de 16,80 à 17,40$.

Darden Restaurants bondit à Wall Street, alors que la chaîne américaine de restauration a affiché pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 207 millions de dollars, 1,74$ par titre, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 1,75$ à comparer à un consensus de 1,81$. Les revenus trimestriels ont totalisé quant à eux 2,76 milliards de dollars. Le groupe prévoit pour l'exercice un bénéfice par action allant de 9,4 à 9,6$.

Société(s) citée(s) :
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