Wall Street consolide légèrement avant bourse. Le S&P 500 perd 0,1% et le Dow Jones 0,1% également, tandis que le Nasdaq se stabilise. Les indices étaient revenus hier soir proches de leurs sommets, aidés notamment par Nvidia, qui a franchi pour l'occasion le cap des 4.000 milliards de dollars de capitalisation. La tendance du jour est donc prudente, alors que Donald Trump maintient la pression sur le front commercial, avec des lettres adressées désormais à une vingtaine de pays pour les informer des tarifs douaniers, des droits de 50% pour le Brésil et la confirmation de taxes douanières de 50% sur le cuivre.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI abandonne près de 1% à 67,7$. L'once d'or fin grappille 0,3% à 3.324$. L'indice dollar avance de 0,1% face à un panier de devises. Le bitcoin grimpe encore sur les 110.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,36%.
Trump a publié hier une nouvelle série de lettres à ses partenaires commerciaux, menaçant notamment d'imposer des droits de douane de 50% au Brésil suite à ce que le président décrit comme une chasse aux sorcières contre Jair Bolsonaro, ancien président brésilien jugé pour son rôle dans la tentative d'annulation des résultats des élections de 2022 dans son pays et accusé d'avoir participé à un complot visant à refuser de céder le pouvoir. La lettre de Trump qualifie ce procès de honte internationale. Elle fait partie des huit lettres publiées hier incluant des taxes douanières allant de 20 à 30% pour des pays comme les Philippines et l'Algérie à compter du 1er août. Les lettres supplémentaires publiées mercredi prévoient des taux de 30% pour l'Algérie, l'Irak, la Libye et le Sri Lanka, 25% pour Brunei et la Moldavie, et de 20% pour les Philippines. Trump avait auparavant annoncé des droits de douane frappant 14 pays : 25% pour le Japon, la Corée du Sud, la Tunisie, la Malaisie et le Kazakhstan ; 30% pour l'Afrique du Sud et la Bosnie-Herzégovine ; 32% pour l'Indonésie ; 35% pour la Serbie et le Bangladesh ; 36% pour le Cambodge et la Thaïlande ; et jusqu'à 40% pour le Laos et le Myanmar.
Trump a aussi confirmé hier des droits de douane de 50% sur les importations de cuivre, qui entreraient également en vigueur le 1er août. Le président américain a déclaré sur Truth Social qu'il avait reçu à ce sujet une évaluation fiable de sécurité nationale. Il estime qu'ainsi, l'Amérique va de nouveau développer une industrie dominante du cuivre. Si ces droits de douane étaient appliqués, ces mesures devraient entraîner une hausse des coûts dans un large pan de l'économie américaine en raison de la multitude d'industries et d'applications qui dépendent du cuivre, s'inquiète Bloomberg. Ce métal est utilisé dans tous les domaines, de l'électronique grand public et de l'automobile à la construction résidentielle et aux centres de données, note l'agence. Le président américain, visiblement en forme, a aussi menacé de tarifs douaniers potentiels allant jusqu'à 200% sur les médicaments sur ordonnance. "Nous allons donner aux gens environ un an, un an et demi pour venir, et après cela, ils seront taxés", a-t-il déclaré, avançant donc un niveau impressionnant pour le droit final, "un taux très, très élevé, de l'ordre de 200%". "Nous leur donnerons un certain temps pour se ressaisir", a ajouté Trump.
Le dirigeant américain a signé plus tôt cette semaine un décret exécutif reportant officiellement au 1er août la date antérieure du 9 juillet pour la reprise des tarifs douaniers réciproques du 'Jour de la Libération'. Le Secrétaire au Trésor Scott Bessent avait "préparé le terrain" à ce sujet ce week-end en évoquant déjà cette nouvelle date "fatidique" du 1er août. La Maison Blanche a prévenu que Trump pourrait envoyer plus de lettres à ses partenaires commerciaux dans les prochains jours et les prochaines semaines.
"N'importe qui plutôt que 'Too Late'", a posté hier Trump sur Truth Social. Le sujet de la succession du président de la Fed Jerome Powell reste aussi plus que jamais d'actualité. Alors que Trump ne cesse d'en appeler à un départ de l'actuel patron de la Fed, le dirigeant du conseil économique national américain Kevin Hassett apparaît comme un candidat sérieux à la présidence de la banque centrale selon le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier. Hassett aurait ainsi rencontré le président Trump au moins deux fois en juin au sujet du poste de direction de la Fed. Trump a déjà indiqué avoir trois ou quatre candidats en tête. Parmi eux figureraient l'ancien gouverneur de la Fed Kevin Warsh, Hassett, ainsi que l'actuel gouverneur de la Fed Christopher Waller, et même le secrétaire au Trésor Scott Bessent.
Justement, la Fed a publié hier soir ses "Minutes", compte rendu de la réunion monétaire des 17 et 18 juin qui s'était soldée par un nouveau statu quo monétaire du fait des incertitudes concernant l'inflation. Les Minutes ont montré que les responsables de la Fed s'attendaient alors à ce que des baisses de taux deviennent appropriées plus tard cette année, dans l'hypothèse où les pressions inflationnistes dues à la guerre commerciale demeureraient comme attendu et espéré limitées ou temporaires. Les Minutes montrent néanmoins que la majorité des membres votants de la Fed ne considèrent pas encore judicieuse une baisse de taux au mois de juillet.
Sur le front économique ce jeudi, les inscriptions au chômage ont encore légèrement reculé la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé des inscriptions pour la semaine close au 5 juillet au nombre de 227.000, en repli de 5.000 par rapport au niveau de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 236.000... Alberto Musalem, Christopher Waller et Mary Daly de la Fed, prendront la parole dans la journée.
Par ailleurs, la saison des trimestriels va débuter sous peu à Wall Street. Delta Air Lines, ConAgra, Levi Strauss et PriceSmart publient leurs résultats ce jour, mais la "déferlante" arrive à partir de la semaine prochaine.
Les valeurs
WK Kellogg bondit de 51% avant bourse à Wall Street, alors que selon Bloomberg, le groupe alimentaire italien Ferrero International, connu pour ses marques Ferrero Rocher, Tic-Tac, Kinder, Nutella, Delacre ou Mon Chéri, considèrerait une acquisition du géant des céréales pour environ 3 milliards de dollars. Bloomberg cite à ce sujet des personnes ayant une connaissance directe de la question. Les discussions seraient avancées et un accord pourrait être annoncé cette semaine, ont indiqué ces sources anonymes de Bloomberg. Un rachat fusionnerait le fabricant de pâte à tartiner au chocolat et aux noix Nutella avec l'entreprise à l'origine des céréales Froot Loops et Frosted Flakes, consolidant ainsi la volonté de Ferrero de se tailler un empire dans les aliments "réconfortants" et d'étendre sa présence en Amérique du Nord, note encore Bloomberg.
Delta Air Lines s'envole avant bourse à Wall Street, alors que la compagnie aérienne américaine a publié pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de plus de 2,1 milliards de dollars et un bénéfice ajusté par action de 2,10$, à comparer à un consensus de 2,03$. Les revenus ont totalisé 16,6 milliards de dollars, également supérieurs aux attentes. Sur le trimestre entamé, le bpa ajusté est anticipé entre 1,25 et 1,75$, contre 1,37$ de consensus. Sur l'exercice, le transporteur aérien envisage un bpa ajusté allant de 5,25 à 6,25$, contre environ 5,4$ de consensus. Le groupe d'Atlanta avait suspendu ses prévisions en avril avec la guerre commerciale de Trump. Le management semble désormais bénéficier d'un peu plus de visibilité, alors que les réservations se sont stabilisées au même niveau que l'an dernier.
ConAgra, le groupe alimentaire américain aux marques Snack Pack, Birds Eye, Hunts, Slim Jim ou Duncan Hines, a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action inférieur aux attentes à 56 cents, en repli de 8%, à comparer à un consensus de 61 cents. Les revenus sont également ressortis moins élevés que prévu à 2,78 milliards de dollars, en baisse de plus de 4%, pour une marge brute en déclin de 11% à 717 millions. Pour l'exercice fiscal 2026 juste entamé, le groupe envisage un bénéfice par action allant de 1,70 à 1,85$, contre 2,2$ de consensus. L'évolution des ventes en organique est attendue entre -1% et +1% en comparaison de l'exercice 2025. La marge opérationnelle ajustée est attendue entre 11 et 11,5%.
Polestar, le concepteur suédois de voitures électriques coté à Wall Street, a annoncé une fois de plus une forte progression des ventes de ses VE à 18.049 véhicules au titre du deuxième trimestre, en croissance de 38% en glissement annuel. Michael Lohscheller, le directeur général du groupe, se réjouit de ce robuste trimestre dans un environnement de marché de plus en plus difficile. Alors que pèsent les tarifs douaniers américains, le groupe se concentre sur le marché européen. Le constructeur a annoncé la semaine dernière son intention de produire son SUV Polestar 7 dans une usine Volvo Cars en Slovaquie afin de minimiser son exposition aux droits de douane.
Meta Platforms n'aurait pas lésiné sur les moyens pour recruter ses nouveaux experts de l'IA, proposant selon Bloomberg des rémunérations exceptionnellement élevées aux nouveaux membres de son équipe 'superintelligence' dont une enveloppe de plus de 200 millions de dollars pour un ancien ingénieur d'Apple. Meta a recruté Ruoming Pang, qui dirigeait l'équipe des modèles d'IA d'Apple, avec une rémunération de plusieurs centaines de millions de dollars sur plusieurs années, selon des sources de Bloomberg proches du dossier qui ont requis l'anonymat pour discuter des détails de la rémunération non annoncés. Apple n'aurait pas cherché à égaler cette offre, car elle dépasse largement la rémunération des dirigeants de l'entreprise, à l'exception de son DG Tim Cook.