Bilan hebdo : le CAC40 chute de plus de 6%, rattrapé par la politique !...

Bilan hebdo : le CAC40 chute de plus de 6%, rattrapé par la politique !

Le léger sursaut de la semaine passée est déjà bien loin... Sur cinq séances, le CAC40 trébuche de 6,3% à 7.503 points ce vendredi soir. L'indice parisien subit ainsi sa plus forte baisse hebdomadaire depuis mars 2022 et évolue désormais dans le rouge depuis le début de l'année ! L'inquiétude sur la situation politique en France est forte après qu'Emmanuel Macron eut décidé de convoquer des élections législatives anticipées. Le président français a dissous l'Assemblée nationale dimanche dernier et a annoncé la tenue de ce scrutin législatif à deux tours les 30 juin et 7 juillet. Cette décision a provoqué un chaos politique et effrayé les investisseurs, car le vote soulève d'importantes questions sur la trajectoire à venir des finances publiques du pays.

Les craintes des opérateurs, fortement visibles sur le marché obligataire souverain, sont partagées par Bruno le Maire. Le ministre de l'Economie et des Finances a averti ce vendredi sur 'franceinfo' que la victoire d'une nouvelle alliance de gauche aux prochaines élections conduirait à la sortie du pays de l'Union européenne. "Leur programme est une folie totale", a déclaré le dirigeant. "Cela garantira un déclassement, un chômage de masse et une sortie de l'Union européenne".

Dans ce contexte, la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir des obligations d'État françaises a atteint vendredi son plus haut niveau depuis plus de quatre ans. Malgré une légère détente sur le taux de l'OAT à 10 ans (-4,5 pb à 3,118%), le "spread", soit la différence entre les coûts d'emprunt français et allemand à 10 ans atteint 73,5 pb (+4,5 pb) après un plus haut à 80 pb.

En dehors de cette crise politique, la semaine a été marquée par le statu quo de la Fed et les records en série des indices S&P 500 et Nasdaq. Jerome Powell, patron de l'institution, a jugé que les données sur l'inflation des prix à la consommation, publiées mardi, allaient dans le bon sens mais la Réserve fédérale prévoit désormais de réduire ses taux qu'une seule fois cette année, contre trois baisses initialement attendues en mars. L'outil FedWatch du CME Group fait d'ailleurs ressortir une probabilité d'environ 88% d'un nouveau statu quo monétaire le 31 juillet, à l'issue de la prochaine réunion, tandis que les chances de voir la Fed réduire ses taux en septembre atteignent désormais 72%.

Du coté des matières premières, les cours de l'or noir ont rebondi de près de 5% sur la semaine avec un baril de Brent (contrat pour livraison août) à 8 dollars à Londres. L'once d'or se replie de 0,7% à 2.310$. Enfin, sur le front des devises, l'euro chute autour des 1,07$ face au billet vert et le Bitcoin s'échange autour des 71.100$ sur Coindesk.

LES VALEURS

* Aucune valeur du SBF120 n'est parvenue à finir la semaine sur un bilan positif.

* Solutions 30 plonge de 25,5%, délaissé après sa sortie du SBF 120. Euronext a en effet communiqué hier soir les résultats de sa revue trimestrielle des indices de la famille CAC. Le leader européen des solutions pour les Nouvelles Technologies fait les frais de cette revue puisqu'il sera remplacé au sein de l'indice, avec X-Fab, par Casino et Esso. Les modifications annoncées seront effectives à compter du lundi 17 juin.

* Atos chute de 24,4% après l'annonce de la sélection de l'offre de restructuration financière menée par Onepoint, avec le soutien de Butler Industries et d'Econocom ainsi que d'un groupe de créanciers financiers de la société. Cette proposition prévoit de convertir en actions 2,9 milliards d'euros sur les 4,8 milliards d'euros de dette existante, tout en maintenant le périmètre du groupe dans le cadre d'un projet baptisé "OneAtos". En outre, Atos a annoncé la réception d'une lettre d'offre confirmatoire non engageante de l'Etat français concernant l'acquisition potentielle de 100% des activités d'Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité) de la société. Cette offre porte sur une valeur d'entreprise globale de 700 ME.

* TF1 et M6 abandonnent respectivement 17% et 12% sur des craintes de privatisation de l'audiovisuel public en cas d'arrivée au pouvoir du Rassemblement National. SébastienChenu, vice-président du Rassemblement National, a indiqué hier sur 'BFMTV' que son parti envisage une telle option : "Marine Le Pen a été la première à dire que la dette devait se payer. C'est le cadre budgétaire que nous lègue Emmanuel Macron dans lequel nous allons évoluer. On fera des choix faits à l'aune de la situation budgétaire, mais surtout à l'aune de l'intérêt du peuple français. Il y a des marges de manoeuvre. Celle d'une taxe sur les super profits et la privatisation de l'audiovisuel public, ce sont trois milliards d'euros". Oddo BHF explique que "si ce projet était mené, il serait naturellement très négatif pour les acteurs privés". Il pourrait entraîner une "très forte baisse des revenus et donc des marges des groupes privés actuels...

* Edenred cède 12,4% à euros ce vendredi, portant ses pertes sur la semaine à plus de 10%. Jefferies a abaissé hier son objectif de cours sur le dossier de 40 à 38,6 euros, un plus bas parmi les analystes couvrant le dossier, tout en maintenant son avis 'sous-performer'. "Nous restons prudents à l'égard d'Edenred car nous prévoyons que les vents favorables en matière d'inflation et de taux s'inverseront avec des vents contraires supplémentaires provenant d'une concurrence accrue et d'un changement de modèle économique", explique le broker. Il continue de penser qu'Edenred est en bonne voie pour atteindre ses objectifs pour 2024, soutenu par les récentes acquisitions, mais estime que les revenus seront confrontés à des vents contraires au fil du temps et que les fluctuations du fonds de roulement pourraient avoir un impact sur la rentabilité et les flux de trésorerie à moyen terme.

* Vinci et Eiffage trébuchent respectivement 11,4% et 14,7% alors que les deux géants des concessions sont tributaires des décisions de l'Etat pour l'évolution des tarifs des autoroutes en France mais aussi pour certaines taxes à l'image de celle destinée à financer la transition écologique mise en place en début d'année. Le Rassemblement national pourrait également nationaliser les autoroutes en cas d'arrivée au pouvoir.

* Credit Agricole, la Société Générale et BNP Paribas perdent entre 11 et 15%. Le secteur bancaire a aussi souffert, plombé par l'incertitude régnant à la suite des élections européennes. "La décision surprise de convoquer des élections anticipées ajoute à l'incertitude, d'autant plus que la France pourrait faire face à une procédure européenne pour déficits excessifs plus tard ce mois-ci", explique à 'Bloomberg' Vincent Juvyns, stratège marchés mondiaux chez JPMorgan Asset Management. "Le secteur bancaire risque de souffrir d'une détérioration de l'environnement macroéconomique, marqué par l'incertitude politique et économique et les questions sur la trajectoire budgétaire du pays", affirment les équipes d'AlphaValue. La banque de la rue d'Antin a également été pénalisée par une note de Cheuvreux qui a dégradé le dossier à 'conserver' en visant 74,4 euros.

* Rubis recule de 17,5% après une Assemblée Générale qui s'annonçait mouvementée après l'arrivée d'actionnaires au profil activiste au tour de table. Finalement, les actionnaires, qui représentaient 63% du capital et des droits de vote, ont approuvé l'ensemble des résolutions proposées ou agréées par la Gérance, dont le renouvellement du mandat du président du conseil de surveillance et la nomination de nouveaux membres. Les votes des actionnaires ne permettent pas d'envisager de révolution au sein de Rubis, affirme ainsi Oddo BHF. Les changements de gouvernance sont significatifs (i.e. entrée au Conseil de surveillance de R. Sämann, d'Isabelle Muller, M. Delville, B. Luc et I. Muller), mais le scénario de prise de contrôle du Conseil par des activistes est écarté, du moins jusqu'à la prochaine assemblée générale...

* Engie perd 11,5%, également affecté par l'incertitude politique. Les propositions du Rassemblement national sur le contrôle des prix de l'énergie et plus particulièrement du gaz ont fortement pesé. Sébastien Chenu, le vice-président du Rassemblement national a annoncé sur CNews qu'en cas de victoire aux élections législatives, la première mesure prise serait dédiée au "pouvoir d'achat en stoppant la hausse du prix du gaz".

Société(s) citée(s) :
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